Près de deux semaines après sa disparition, l’avion d’Emiliano Sala et un corps ont été retrouvés dimanche 3 février, en une journée de recherches menées par un chasseur d’épaves et financées grâce à des fonds privés.
Il n’aura fallu qu’une journée après la reprise des recherches pour localiser l’épave du Piper Malibu, disparu des radars le 21 janvier lors de sa traversée de la Manche.
Les recherches officielles avait été arrêtées le 24 janvier, deux jours seulement après la disparition du footballeur argentin et de son pilote David Ibbotson. Une décision que les autoritées justifient par le faible espoir de retrouver l’équipage en vie.
Les proches d’Emiliano Sala avaient alors lancé une cagnotte en ligne. Recueillant plus de 370 000 euros, celle-ci a permis de financer des recherches privées, menées par le chercheur d’épaves David Mearns avec sa société Blue Water Recoveries.
Crédit photo: Vincent Clavier/CC
Chasseurs d’épaves professionnels
Mais qui est David Mearns ? Avec la découverte du Piper Malibu, cet anglo-américain de 61 ans, océanographe et chasseur d’épaves, n’en est pas à sa première découverte. David Mearns revendique même 90% de succès lors de ses recherches, selon le Huffingtonpost.
Après des études de biologie et de géologie marines, David Mearns s’est lancé à la recherche d'épaves englouties. Parmi ses trouvailles célèbres, le croiseur Sydney, vaisseau Australien submergé par un navire allemand durant la Seconde Guerre mondiale, ou encore l’Esmeralda, vaisseau amiral de la deuxième expédition de Vasco de Gama coulé en 1503.
De belles vitrines qui ont permis à ce chasseur d’épaves professionnel d’asseoir sa notoriété dans un secteur plutôt méconnu.
Des missions privées
Au bord de la Manche justement, à Montfarville (Normandie), la société Ceres est également spécialisée dans les recherches sous-marines et le renflouement d’épaves.
L’entreprise, crée en 1994, est le plus souvent sollicitée par les compagnies d’assurances des appareils perdus. Il peut s'agir «de bateaux, de conteneurs mais aussi d'avions ou d'hélicoptères», raconte Bertrand Sciboz, son directeur, interrogé par BFMTV.
Ce chasseur d’épaves français, qui a été plongeur sous-marin professionnel et scaphandrier avant de se lancer dans la recherche d’engins submergés, a d’ailleurs déjà retrouvé avec ses équipes par moins de cinq avions dans les fonds marins.
Ceres avait également proposé ses services pour la recherche de l’avion d’Emiliano Sala. Mais mission privée signifie financement privé. Selon Bertrand Sciboz, le choix du prestataire se justifiait par une raison budgétaire : «Nous avions proposé une méthodologie avec deux bateaux et un robot sous-marin», explique-t-il à BFMTV. Cela aurait mobilisé un peu moins de quinze personnes, pour un coût de 200 000 euros.
Étais-ce trop cher ? Le montant de cagnotte s’élève pourtant à plus de 370 000 euros. Quoiqu’il en soit, le choix de la famille du footballeur s’est porté vers le médiatique David Mearns.
Comment retrouvent-ils un appareil perdu dans les fonds marins ?
David Mearns et ses équipes ont retrouvé l’avion d'Emiliano Sala à 20 km au nord de l'île de Guernesey. Pour cette mission, un bâtiment hydrographique a été dépêché sur place. Ce navire permet de balayer les fonds marins avec ses différents types de sonars ou son magnétomètre, et peut ainsi «dire s’il y a une perturbation du champ électromagnétique pouvant être générée par un moteur assez gros ou une masse métallique importante», précise Michel Lhour, directeur du Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines au Parisien.
Une fois l‘épave identifiée, les enquêteurs de l'AAIB (Bureau d'enquête britannique sur les accidents aériens) ont pris le relais. «Ils ont plongé avec leur véhicule télécommandé, un submersible muni de caméras et de lumières et ils ont confirmé que c'était bien l'avion. Ils ont vu le numéro d'immatriculation», a expliqué David Mearns ce lundi matin à la BBC.
Du côté de Ceres, Bertrand Sciboz et son équipe utilisent d'abord un sonar à balayage latéral qui donne «une vue aérienne du fond marin» avec laquelle ils peuvent repérer des objets pouvant appartenir à l'épave recherchée.
«Il s'agit de l'un de nos outils principaux», explique le patron du Ceres à BFMTV. Il précise aussi que si les chercheurs pensent apercevoir un élément intéressant, ils utiliseront, eux aussi, un «véhicule sous-marin téléguidé».
Si l’avion d’Emiliano Sala est désormais localisé, il n’en reste pas moins dans les fonds marins. La famille du footballeur voudrait maintenant «désespérément que l’avion soit récupéré», a précisé David Mearns à la BBC. Une mission que la famille aimerait cette fois voir imputer au gouvernement.
Camille Battinger