Un mariage homosexuel a été célébré samedi 11 février, à Villejuif, en région parisienne. A moins de trois mois de la présidentielle, il alimente le débat entre partisans et opposants. L'occasion de faire le point sur ce sujet clivant.
La maire communiste de Villejuif, Claudine Cordillot, procède aujourd'hui à l'« union symbolique » de deux hommes pacsés depuis dix ans pour « faire avancer l'égalité des droits », précise-t-elle sur son blog. A l'issue de la cérémonie, les deux «mariés», Alexis et Fabrice, recevront un livret de famille afin d'affirmer leur «droit à la parentalité». Pour la maire, «c'est une manière d'être en phase directe avec la majorité des Français qui sont favorables au mariage homosexuel et à l'homoparentalité».
Le seul vrai mariage homosexuel célébré en France, par le maire écologiste de Bègles (Gironde), Noël Mamère, en 2004, a été annulé par les tribunaux français.
Pour éviter l'annulation, certains maires marient « symboliquement » les couples homosexuels. C'est le cas aujourd'hui à Villejuif. Concrètement, l'acte n'est pas enregistré dans le registre d'état civil. Ainsi en novembre dernier, le maire communiste de Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales, avait déjà célébré l'union de deux hommes pour placer ce thème au cœur de la campagne présidentielle.
Le Pacs, né en 1999, est un contrat ouvert aux couples homosexuels et hétérosexuels pour organiser leur vie commune. Principale différence avec le mariage : les pacsés ne disposent d'aucun droit concernant la filiation, c'est-à-dire que les enfants de l'un ne peuvent être adoptés par l'autre. En outre, l'adoption conjointe n'est pas autorisée.
Quant au « contrat d'union civil » promis en 2007 par Nicolas Sarkozy, il n'a jamais vu le jour. Ce terme flou désignait un « Pacs amélioré ». En conséquence, Gaylib, le cercle de réflexion gay dans l'UMP, refuse d'engager son mouvement derrière le président.
Nicolas Sarkozy n'est « pas favorable » au mariage homosexuel. Dans un entretien paru samedi dans Le Figaro Magazine, le président sortant, juge que la société a besoin de « repères » et qu'il ne faut pas « brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage".
Marine Le pen s'y oppose également. Dans son programme, elle veut « Défendre la structure familiale » qui doit « (…) se fonder exclusivement sur l’union d’un homme et d’une femme (...) ».
François Hollande dans son programme voudrait ouvrir « le droit au mariage et à l'adoption aux couples homosexuels ». Une position partagée par Europe-Ecologie qui ajoute vouloir aligner les « droits liés au Pacs sur ceux liés au mariage ».
Le Front de Gauche va plus loin. Favorable à la légalisation du mariage homo, il veut aussi permettre aux femmes lesbiennes d'accéder « à la procréation médicalement assistée »
Il semble que l'opinion française évolue plus vite que celle de ses dirigeants. En 1996, moins d'un français sur deux se disait favorable au mariage homo. Selon un sondage BVA paru en 2012, les deux-tiers des français sont pour sa légalisation et 56 % sont favorables à l'adoption par des couples homosexuels.
Eléa Francois