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Une politique du coucou
En s’appuyant sur des figures installées plutôt que sur des « marcheurs » de la première heure issus de la société civile mais inconnus localement, le parti peut apposer son étiquette plus largement. À l’instar de Jean-Lucien Netzer, maire de Bischwiller estampillé MoDem, qui brigue un nouveau mandat. « J’ai demandé le soutien de LREM simplement parce que mon ami, le député Vincent Thiebaut (LREM), me l’a proposé, explique le quinquagénaire, ancien syndiqué CFDT. Je ne suis pas En Marche. J’ai accepté, parce que j’accepte le soutien de tout le monde. »
Une « politique du coucou », dénonce une partie de l’opposition. « Incapable de composer des listes crédibles sur le territoire national, LREM préfère souvent soutenir cyniquement des maires qui mènent pourtant des politiques diamétralement opposées, pour pouvoir présenter des victoires qui ne seront pas les siennes », déclarait ainsi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure en décembre dernier. Tel l’oiseau qui occupe le nid d’autres espèces en y pondant ses propres oeufs pour profiter du gîte et du couvert, le parti au gouvernement courtise des candidats issus des différents partis, pour qu’ils enfilent le maillot du « marcheur ».
Parallèlement, dans toute la France, LREM a offert son soutien à 303 aspirants à la mairie appartenant à d’autres formations, qu’elle estime être « Macron-compatibles ». C’est le cas à Mulhouse, à Cernay, à Illkirch et à Bischwiller, où les candidats ne font pas partie du mouvement mais peuvent se targuer d’un appui des macronistes. Un élargissement de l’attribution de la « marque LREM » aux personnalités issues des partis traditionnels, formidable étiquette malléable pour En Marche : sans être investis LREM, ces candidats sont à la fois « dedans et dehors ». Et si le parti au gouvernement se rend compte qu’il a misé sur le mauvais cheval, l’étiquette sera minimisée.
Une stratégie qui met à mal le renouvellement politique promis par LREM. Pourtant, aux législatives de 2017, 95% des candidats du nouveau parti qui étaient investis n’étaient pas des députés sortants, permettant un réel changement des profils à l’Assemblée. Mais si le dégagisme avait fait ses preuves à la présidentielle et aux législatives, les municipales sont une autre paire de manches pour le parti, à la fois trop vieux pour se prétendre anti-système et trop jeune pour se trouver implanté dans les communes.
La recomposition politique insufflée par les « marcheurs » a-t-elle atteint ses limites ? En 2016, Emmanuel Macron, alors candidat, avait érigé le « renouvellement » des profils comme priorité de son mandat à venir.
Quatre ans plus tard et à l’approche des municipales, la perspective pour La République en marche (LREM) de conquérir des villes face à « l’ancien monde » semble pourtant s’éloigner, alors que le parti affrontera sa première élection locale.
Dans les villes françaises qui comptent plus de 9 000 habitants, LREM a accordé 289 investitures officielles à des « marcheurs ».
En Alsace, ils sont seulement trois : Alain Fontanel (ex PS) à Strasbourg, Stéphanie Villemin (ex LR) à Colmar et Hélène Hollederer à Schiltigheim.
Soutenir des « non marcheurs »
En Alsace, les sept candidats aux municipales investis ou soutenus par La République en marche sont issus de formations politiques diverses. Une étiquette adaptable, signe d’une stratégie pragmatique du parti, loin de ses ambitions originelles de renouvellement politique.
Quatre mois après son investiture, la Commission Von der Leyen a dévoilé, mardi 10 mars, à Bruxelles, une stratégie industrielle très attendue. Malgré l’allègement de la plénière en raison de coronavirus, elle a tenu à présenter ses principales mesures par le biais de trois commissaires : Thierry Breton en charge du marché intérieur, Vladis Dombrovskis, des affaires économiques, et Margrethe Vestager, de la concurrence.
Premier axe de la stratégie : mieux armer l’Union européenne contre ses concurrents en facilitant l'émergence de champions européens dans le respect des principes de la libre-concurrence. “Par le biais de règles de concurrence claires il serait important d’avoir des leaders”, a annoncé Thierry Breton. Et Margrethe Vestager d’abonder : “Nous allons créer des champions très forts en donnant à chacun une force égale”.
La Commission s’était pourtant opposée en 2019 à la fusion entre Alstom et Siemens craignant une situation de monopole mettant en péril la concurrence libre et non faussée au sein du marché unique. Cette affaire a mis en exergue les tensions inhérentes à la construction européenne. Historiquement, celles-ci opposent “les tenants d’une politique industrielle volontariste, visant à développer des champions européens, et d’autres plus soucieux de préserver les règles de la concurrence”, note Julie Pellegrin, économiste au Center for industrial studies.
Les PME au centre de la stratégie industrielle
La deuxième priorité de cette nouvelle stratégie industrielle consiste en un meilleur soutien aux petits acteurs économiques, les PME. Pour cela, la Commission opte pour une approche écosystémique prenant en compte l’ensemble des acteurs d’un marché : les grands groupes, bien sûr, mais aussi les sous-traitants, les services et la recherche. Une nouvelle démarche que le député français Christian Ehler (PPE, droite) " accueille très favorablement ". Mais pour certains, les annonces suscitent des regrets. " La stratégie industrielle ne fixe pas d’objectifs contraignants en matière de développement durable et de décarbonisation ", déplore ainsi l'eurodéputée allemande Henrike Hahn (Les Verts). Pour la Commission, il reste désormais à convaincre les eurodéputés du bien-fondé de sa nouvelle politique industrielle, dès qu'une nouvelle session plénière du Parlement européen aura été reprogrammée.
Romain Cazé et Myriam Mannhart
La session plénière de mars du Parlement européen aura marqué les esprits. Non pas par ses débats, mais par son caractère exceptionnel. Déplacée à Bruxelles puis réduite de quatre à un jour, elle aura été fortement perturbée par l’épidémie de coronavirus. Exit la loi climatique, les accords de Minsk sur la guerre en Ukraine ou le semestre européen, la plénière a été réduite au strict minimum. Pas de vote et seulement trois débats : réponses européennes au coronavirus, budget de l’Union et crise migratoire. Depuis, tous les travaux parlementaires sont suspendus. Jusqu’à quand ?
Les eurodéputés ont débattu, mardi 10 mars, du projet de budget de l'Union européenne pour la période 2021-2027. Ils ont réaffirmé leurs profonds désaccords avec les propositions de la Commission et des États membres. Les négociations, engagées en 2018, patinent.
Le temps presse
Mais si les négociations engagées en 2018 n’aboutissent pas, cela pourrait devenir problématique. Pour Maroš Šefčovič, vice-président de la Commission européenne, « il faut avoir le sens de l’urgence, il faut voter un budget rapidement ». Le prochain sommet des chefs d’Etat et de gouvernement aura lieu le 26 mars. Ils devront s’accorder sur un budget qui leur convienne à tous. Ils devront ensuite passer par la validation obligatoire du Parlement européen. Le temps presse : certains programmes comme Horizon Europe ou Erasmus+ pourraient être directement menacés si aucun budget n’est adopté avant le 31 décembre 2020. Emmanuel Macron a néanmoins déjà annoncé vouloir prendre « tout son temps » pour trouver un consensus. Quoi qu'il en soit, les discussions pourraient bien être freinées par la crise du coronavirus : l’essentiel des réunions européennes prévues les prochaines semaines ont déjà été annulées.
Killian Moreau, Eva Moysan, Justine Maurel, Juliette Mylle
Dans le domaine de la recherche, le président du Conseil européen recommande une enveloppe 87 milliards d’euros, notamment pour le programme Horizon Europe qui finance des projets scientifiques dans les pays membres. Mais cette hausse, de 17 milliards d’euros par rapport au budget actuel, ne satisfait pas le Parlement européen. Les élus réclament une enveloppe de 120 milliards d’euros. « On a besoin de financements publics et indépendants et non de financements provenant d’entreprises privées. Elles auront toujours un intérêt lucratif dans la recherche », martèle Rasmus Andresen, eurodéputé allemand chargé des questions budgétaires pour le groupe des Verts.
La Fédération départementale des syndicats d’exploitations agricoles (FDSEA) du Bas-Rhin suit avec attention les débats européens. « De nombreuses exploitations vivent intégralement des aides de la PAC et ont déjà des revenus très bas », alerte son président Yohann Lecoustey. Il s’inquiète de l’annonce de Charles Michel. Un avis partagé par Paul Fritsch, président de la Coordination Rurale 67. Ce dernier espère cependant couvrir la perte de certaines aides de la PAC par celles finançant la transition écologique. « Les exploitants agricoles jouent un rôle essentiel dans le stockage de l’eau et du carbone, rôle qui pourrait être plus largement subventionné », propose-t-il.