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Au 49 route de Mittelhausbergen s’ouvrait le chemin Burger. Une impasse dénommée d'après un ancien propriétaire de l’épicerie Burger. Les bâtisses sont presques inchangées mais des panneaux publicitaires et l’éclairage public ont fait leur apparition. © Le fonds Georges Lorentz © Lucas Jacque
Zumba et futsal réservés aux femmes
Ankiati, la trentaine, a toujours vécu à Cronenbourg. Elle se rend tous les mardis soir à 18h30 au CSC Victor-Schoelcher, comme une dizaine de femmes, pour danser la zumba. La particularité de ce cours est d'être interdit aux hommes. Cécilia Corosine, la professeure, ne le dispense que depuis cette année, mais aimerait accueillir encore plus de participantes. Musique latino, hip-hop et électro : pendant une heure, les femmes se défoulent sur des rythmes entraînants. Dans une synchronisation encore approximative, elles enchaînent les pas de danse chorégraphiés.
Trois jours plus tard, c’est au pas de course qu’Ankiati traverse le terrain du gymnase Langevin. Avec sa fille Imen, 13 ans, elle rejoint une dizaine de filles et de femmes le vendredi à 19h pour jouer au futsal. L’activité existe depuis une dizaine d’années mais elle n’était pratiquée que par des hommes. Il y a cinq ans l’association a décidé d’ouvrir un créneau aux femmes, après celui des filles de moins de douze ans. Deux animateurs de l’association encadrent le groupe : Hyppolite sur le terrain et Arayik en tant qu’arbitre. À cinq contre cinq, les joueuses s’affrontent une heure durant dans une ambiance chaleureuse et bruyante. Un joyeux désordre où l’essentiel n’est pas la gagne.
Juliette Fumey
Le jour de l'inauguration officielle des abattoirs en 1969, un maître boucher-charcutier sert, sur un plateau, une tête de porc pour dénoncer les difficultés de fonctionnement de certains services. Les pannes récurrentes et la mauvaise conception des installations causent la dépréciation de la valeur de la viande et l'invendabilité des abats. La production chute dans les années 1980.
Au N°26A route d’Oberhausbergen, on pouvait voir dans les années 1920 une maison avec de beaux balcons. La maison, toujours habitée, a gardé ses fenêtres et balcons mais les colombages ont disparu. © Le fonds Georges Lorentz © Lucas Jacque
Du cinéma Le Central à la discothèque Le Baron : l’histoire d’un lieu
“Je me rappelle avoir vu mon premier film en couleur là-bas, c’était Les Dix commandements ! Pour nous, c’était vraiment important d’avoir le cinéma dans le quartier”, se souvient Francine Pucker, 82 ans, qui réside à Cronenbourg depuis son enfance. Un arrêté préfectoral datant du 11 décembre 1936 atteste de l’autorisation d’installer un établissement cinématographique au 37 route de Mittelhausbergen : Le Central. Après une fermeture temporaire pendant la guerre, le lieu rouvre dans les années 50. Mais en juin 1969, une lettre adressée à la police du bâtiment de la Ville inaugure un nouveau chapitre : “Étant donné la crise actuelle du cinéma, qui n’est plus rentable, nous envisageons de transformer cette salle en dancing-cinéma.” La projection de films s’arrête au bout de quelques années au profit du dancefloor : Le Central-club 2001 d’abord, puis La Caverne, Le Silex, Le Calipso et enfin Le Baron. “Au début ça ne marchait pas mais c’était le temps de se faire connaître. Après ça fonctionnait très bien mais c’était harassant. Il fallait contrôler et surveiller, il y avait beaucoup de drogue à l’époque”, se remémore Françoise Martz, 72 ans. Nostalgique, elle a été la gérante du Silex de 1976 à 1979, avant de vendre l’établissement. Depuis 2004, plus aucune musique ne résonne à l’intérieur des murs décrépis. Accrochée à la façade, seule l’enseigne “Baron club VIP” rappelle la frénésie des nuits cronenbourgeoises.
Cette photo de la rue Saint-Florent date d'avant 1914. La rue doit son nom à la proximité de l’église catholique Saint-Florent. Un siècle plus tard, les façades du n°25, 27 et 29 sont restées identiques. © Le fonds Georges Lorentz © Lucas Jacque
Celle-ci a fermé en 2015, après quinze ans d’existence, pour des raisons économiques mais également par “lassitude”. Cette disparition a éteint toutes les “lectures de contes pour les enfants, les rencontres avec des auteurs, les animations culturelles liées à l’activité de la librairie”.
Pour recréer une offre culturelle, Jean-François Savona, 63 ans, instituteur à l’école Camille-Hirtz, s'attelle à concrétiser un projet de librairie associative au 78 route de Mittelhausbergen : Le Fil rouge. L’endroit sera géré par une cinquantaine d'adhérents ayant rejoint l'association Livre ensemble, fondée il y a désormais trois ans. “La librairie associative, c’est un pari qu’on fait. Gilles Million, il était obligé d’en tirer un salaire. Nous, on n’aura pas cette charge-là”, remarque celui qui habite le quartier depuis vingt ans. Après une longue phase de recherche, le local a été acheté avec les fonds propres de l'instituteur et mis à disposition de l’association. Une fois la rénovation et les travaux de mise aux normes effectués, la librairie devrait ouvrir au début de l'année 2020. L’acquisition des livres et du matériel sera réalisée en partie grâce à un financement participatif autour de 8 000 euros. En attendant, l’association a déjà organisé en mai un atelier d'écriture et un spectacle de théâtre réservé à ses adhérents. “Notre ambition dans ce quartier, c’est d’amener les gens à la lecture. Il est important qu’on essaie quelque chose”, souligne Jean-François Savona.
Vers de nouveaux lieux de vie
“Je suis là depuis sept ans et tout ce que je fais, c’est en ville. Cronenbourg, c’est mon dortoir uniquement, glisse Marie Botzung, serveuse de 29 ans. Il manque un bar de jeunes, quelque chose de plus dynamique.” Un changement s’annonce peut-être avec l’implantation de nouveaux lieux de vie. Route de Mittelhausbergen, le Bonnet d’âne, bistrot de quartier qui a ouvert en juin, aspire à devenir un point de rassemblement avec son coin canapé, son baby-foot et sa décoration ouatée. Le dirigeant, Quentin Monnier, se réjouit que certains Cronenbourgeois s’approprient déjà l’endroit : “Des résidents sont venus proposer leurs idées : des passionnés organisent des soirées de jeux de société, d’autres un spectacle de magie et bientôt des joutes verbales.”
Les habitants s’investissent aussi dans le projet de réaménagement du square Saint-Florent. Des réunions publiques ont abouti à la sélection de plusieurs propositions : installation d’un parvis devant l'église, création d’un amphithéâtre végétalisé, maintien de jeux pour enfants jusqu’à 3 ans. Ces idées seront soumises à un architecte paysagiste qui se prononcera sur leur faisabilité.
Léo Bensimon, Lucie Caillieret et Marylou Czaplicki