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Ville ou Eurométropole : flou artistique pour les électeurs
La Communauté urbaine de Strasbourg est devenue Eurométropole en 2015, un changement dicté par la loi Maptam (Modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles) de 2014. Complété par la loi Notre (Nouvelle organisation territoriale de la République) de 2015, le 3e acte de la décentralisation a doté les intercommunalités de nouvelles compétences, rognant sur celles des communes et des départements. Aux mairies, la culture, la politique de la jeunesse, la gestion des écoles, l’état civil ; à la métropole, l’action économique et l’enseignement supérieur, l’habitat et l’urbanisme, les transports ou encore la voirie.
Mais la répartition des compétences entre les communes et l’Eurométropole reste encore peu connu des électeurs. Il faut dire qu’elle est parfois floue, comme sur l’urbanisme ou le tourisme. Pas plus tard que début février, les conseils municipal et eurométropolitain se sont écharpés sur ce dernier. Un rapport piloté par le vice-président de l’EMS, Yves Bur, a pointé des dysfonctionnements au sein de l’Office du tourisme de Strasbourg, présidé par Jean-Jacques Gsell, conseiller municipal. Le rapport recommande le transfert de la gestion du tourisme à l’Eurométropole, comme inscrit dans la loi Maptam, ce qui ne plaît guère à la ville.
Le flou est aussi entretenu par les candidats à l’élection municipale, qui n’hésitent pas à promettre des mesures qui relèvent tour à tour de la Ville et de l’Eurométropole. Tous ont présenté leur programme en matière de transports en commun ou d’’urbanisation : deux compétences qui relèvent pourtant de l’EMS. Dans le même temps, les maires des plus petites communes se voient souvent reprocher leur impuissance face à l’ogre intercommunal, lorsqu’il faut régler des problèmes de voirie ou densifier le nombre de stations de transport en commun.
Pia Imbs, maire d’Holtzheim, déjà candidate à la présidence
La gouvernance de l’Eurométropole et l’élection de son président seront forcément au cœur des discussions et des tractations dans l’entre-deux-tours des élections. Car, quoi qu’il arrive, c’est l’élection municipale strasbourgeoise qui donnera le ton de la composition politique de l’hémicycle. En 2014, Robert Herrmann avait dû composer avec les maires des petites communes emmenés par Yves Bur pour former une large coalition et assurer aux socialistes strasbourgeois de garder la main sur l’exécutif eurométropolitain.
En seconde couronne, des voix s’élèvent contre la proéminence strasbourgeoise à l’EMS. Pia Imbs, maire de Holtzheim, s’était fendue d’une tribune dans les Dernières nouvelles d’Alsace, en septembre 2019, critiquant la gouvernance de l’intercommunalité. Comme d’autres élus, l’édile aimerait que la conférence des 33 maires de l’Eurométropole, dans laquelle une voix égale une ville, ait un rôle de décision plus important qu’aujourd’hui.
Pia Imbs, sera-t-elle candidate à la présidence de l’Eurométropole pour changer les choses ? « La réponse est oui, annonce-t-elle. J’ai déjà réuni autour de moi des têtes de listes d’autres communes. » Encore faudra-t-il s’entendre avec la liste strasbourgeoise élue le 22 mars, car, a priori, aucun des favoris n’a prévu d’abandonner la présidence de l’Eurométropole à un élu non-strasbourgeois.
Hugo Bossard
Un scrutin, deux élections
Ce n’est pas une mais deux élections qui ont lieu les dimanches 15 et 22 mars. Lorsque les électeurs glisseront leur bulletin dans l’urne, au milieu des flacons de solution hydroalcoolique, leur voix n’ira pas seulement à la liste qu’ils ont choisie pour le conseil municipal. Comme ils pourront le voir sur les bulletins de vote, les citoyens désigneront en même temps les 100 élus qui siègeront à l’Eurométropole de Strasbourg (EMS).
Les 100 sièges de conseillers eurométropolitains sont répartis entre les 33 communes qui composent l’EMS, en fonction de leur poids démographique. Une règle qui attribue 50 sièges à Strasbourg, entre deux et sept sièges aux six autres villes de plus de 6000 habitants, et un seul siège pour les 26 plus petites communes — occupé dans l’écrasante majorité des cas par le maire élu.
Cette année, les onze listes strasbourgeoises ont fait le même choix : les candidats au conseil communautaire sont systématiquement les 50 premiers noms inscrits sur la liste pour le conseil municipal. Simple comme bonjour.
Les deux candidats ont un autre point d’accord : ils veulent leur offrir la possibilité de sortir le soir. André Krieger propose une discothèque éphémère avec les DJs de Wissembourg qui animent déjà différentes soirées dans la région.
De plus, les deux candidats veulent créer un conseil municipal des jeunes. « Pour parler de leurs vrais besoins », confirme Sandra Fischer-Junck. « Je veux que les adolescents aient un bon souvenir du temps passé à Wissembourg, pour qu’ils reviennent ici après avoir fait des études », résume la candidate.
Pour retenir les jeunes majeurs, les trois candidats s’accordent sur un point : il faut développer l’enseignement supérieur. Pour l’instant, la plupart des majeurs partent s’installer à Strasbourg pour y faire leurs études. Un choix qui résulte d’un manque de possibilités à Wissembourg, où il n’existe actuellement que quatre formations de BTS : en chaudronnerie industrielle, en maintenance des systèmes, en métallurgie et en relation client.
Christian Gliech souhaite discuter avec la direction du lycée pour trouver une solution. André Krieger insiste pour s’occuper d’abord du travail. Il veut trouver et attirer des entreprises, pour après créer des filières et offrir la possibilité à la population jeune d’être embauchée dans la commune. Pour cela il veut aussi créer des liens avec les entreprises. « Si on ne propose pas d’emploi, on n’arrivera pas à les attirer », dit-il. Sandra Fischer-Juck espère également attirer des entreprises et favoriser leur installation.
Une idée qui trouverait écho dans les nouvelles générations. Thomas et Alexis, 17 ans, s’apprêtent à retourner au lycée pour l’après-midi et aimeraient pouvoir étudier à Wissembourg. Si c’était possible, ils l’assurent : « On resterait ici. »
Mariella Hutt