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« Un vivier de logements dans la banlieue »
L’association Col’Schick reproche pourtant à la maire d’avoir modifié le Plan local d’urbanisme (PLU), pour rendre certaines zones urbanisables.
Avec la modification du PLU, les zones industrielles Alsia et Air Product ont été reconverties en zones à vocation mixte (commerces et habitat). Route de Bischwiller, l’usine gris métallique d’Alsia vit ses derniers jours. Elle va bientôt déménager et 6 000 m² de terrain deviennent constructibles, ce qui rend la zone plus chère et plus attractive. « L’entreprise a tout intérêt à les vendre au meilleur prix, cela lui permet de sauvegarder ses emplois », justifie Pierre Maciejewski, en charge des questions d’urbanisme à la Ville.
Mais certaines associations schilikoises redoutent de voir tomber le terrain aux mains d’un constructeur privé. « La mairie a manqué de courage politique en permettant le vote de la modification du PLU, ajoute Frédéric Staut, membre de la France insoumise à Schiltigheim. On aurait pu éviter cette reconversion, notre ville est la deuxième commune de l’Eurométropole, elle a du poids. »
Sur la route de Bischwiller, un peu avant l’énorme bâtiment de verre et de béton de la mairie sixties de Schiltigheim, Aouatef Ouanes tient une boutique de couture. Elle accueille favorablement la construction massive de logements : « Cela fait 25 ans que je suis ici et les commerces s’en vont les uns après les autres, soupire-t-elle. On n’a plus de tapissier, de magasins de vêtements… Si ça peut rendre la ville plus attractive, alors je prends ! »
Pour Frédéric Straut, c’est plutôt Strasbourg que l’Eurométropole compte rendre attractive : « La logique de cette métropolisation, c’est de dynamiser le centre en créant un vivier de logements dans la banlieue. Il n’y a pas de politique d’urbanisation cohérente à Schiltigheim, l’Eurométropole veut en faire une cité-dortoir. »
Des promoteurs qui courent après l'argent
Les blocs de béton jaillissent un peu partout et contrastent étrangement avec les maisons en pierre du XIXe siècle alignées dans les rues alentours. Près d’Alsia, les immeubles Quartz gris et blanc bâtis par Nexity ont remplacé en 2017 les locaux de France Télécom. Ils ont le même format, un balcon, des fenêtres rectangulaires et un petit carré de jardin au rez-de-chaussée. Le promoteur construit aussi 30 logements et une médiathèque un peu plus loin sur la route, à la place du supermarché Simply. Près de la brasserie Heineken, fleuron de la ville, plusieurs bâtiments sortent de terre : Bouygues immobilier prévoit pour 2021 une résidence pour personnes âgées avec 250 logements autour.
Selon Raphael Rodrigues, ces constructions sont une aubaine financière pour les bailleurs : « Depuis la loi Pinel, si vous investissez dans du logement neuf, vous bénéficiez d’énormes économies d’impôts. Donc on construit des logements à la va-vite, pour défiscaliser. » « On crée des zones irrespirables, sans école ou infrastructures adaptées, sur des sites pollués, déplore Louisa Kraus, la présidente de Col’Schick. Cette saturation crée aussi des problèmes de stationnement et de circulation. »
Entre 2015 et 2020, la commune a dépassé le nombre de 3 200 logements prévus par l’Eurométropole.
Caroline Celle
Pour Richard Bauer, électeur strasbourgeois de 43 ans, « le contact humain est primordial. Les partis nous montrent qu’ils sont mobilisés et engagés. » Une absence peut rapidement jouer en leur défaveur. Le candidat à la mairie d’Illkirch-Graffenstaden, Thibaud Philipps, se souvient d’un jour où il ne s’était pas déplacé : « Les gens étaient étonnés de ne pas nous voir ! La présence sur les marchés est symbolique, ça montre qu’on est là. »
Le public n’est pourtant pas toujours réceptif. Pour certains électeurs, tracter sur les marchés n’a plus de sens. « Si je veux me renseigner, je vais regarder les programmes sur Internet ou sur les réseaux sociaux », estime Simon Hueber, 27 ans. Coralie, professeure des écoles de 28 ans, se dit même « dérangée » par le tractage : « Je viens au marché pour faire mes courses, pas pour parler politique ! »
Ces boîtiers ont la côte auprès des habitants. Ils sont devenus les symboles d’une commune qui cherche elle-même ses solutions. « On est mis de côté alors qu’on paye notre abonnement comme tout le monde », fustige Arthur, 78 ans, habitant dans la commune depuis toujours. « C’est le système D pour dépanner », commente le maire.
L’absence de réseau cache un autre problème pour la commune. « Certaines familles rechignent à s’installer dans le village », observe une habitante alors que la moyenne d’âge de la commune est de 63 ans.
L’antenne ne fait pas l’unanimité pour autant. Certains habitants émettent des réserves. C’est d’ailleurs la crainte du premier magistrat de la commune. « Deux habitants ont déjà exprimé leur opposition au nouveau projet. Beaucoup veulent l’installation de l’antenne, mais pas dans leur jardin ». Alain Furstenberger ne va pas se laisser faire : « J’irai jusqu’au bout », dit-il avec détermination. Ajoutant avec un brin d’ironie : « Si l’antenne ne vient pas cette fois, je bannis les ondes pour faire du village un refuge pour les hypersensibles ».
Pauline Boutin
« Des projets, on en a vu. Aujourd’hui, on attend de voir », avoue avec réserve Anne-Marie, 78 ans, habitante depuis plus de cinq décennies. Dans les faits, la plupart des habitants font confiance au maire. « On est conscient qu’en un mandat, c’est difficile », analyse la septuagénaire.
Boîtier ADSL et système D
Les enjeux sont importants pour cette petite région des Vosges. Le village compte deux restaurants et un hôtel. À l’hôtel-restaurant L’Aigle d’or, la gérante, Muriel Mark, observe une baisse des clients, « principalement en semaine où l’on accueille les commerciaux de la région ». En revanche, « parmi les touristes qui viennent découvrir le village, beaucoup aiment pouvoir déconnecter ». Pourtant, depuis un an et demi, elle a installé un boitier doté d’une borne ADSL. Mais la couverture se limite au restaurant. « On a également mis les téléphones fixes de l’hôtel à disposition pour pallier le manque », précise la restauratrice.
Début des travaux en juillet
Le maire se souvient du jour où François Hollande a annoncé à la fin de son mandat « ne plus vouloir de zones blanches » en visite à Tulles le 16 janvier 2016. « Le lendemain, j’avais sept habitants dans mon bureau pour me demander des avancées ! » Depuis l’annonce du « new deal » par le gouvernement d’Edouard Philippe et la promesse d'investissement 3 milliards d’euros par les opérateurs, le sujet est remis une nouvelle fois au cœur du village en 2017. Un projet de chantier est lancé et approuvé par les habitants à 80 % en avril 2019. Seul hic : l’antenne postée trop en hauteur n’aurait couvert que quelques habitations.
La zone à faibles émissions divise
Réuni le 23 septembre dernier, le conseil municipal avait entériné le projet d’une ZFE, zone à faibles émissions, sur tout le périmètre de la ville de Strasbourg. Le calendrier prévoit l’interdiction progressive des véhicules les plus polluants sur la base des vignettes Crit’Air avec, en ligne de mire, le bannissement des moteurs diesel en 2025.
En clair, dès le 1er janvier 2021 les véhicules sans vignette Crit’Air ne pourront plus circuler dans Strasbourg, puis ceux répertoriés Crit’Air 5 en 2022, les Crit’Air 4 en 2023, les Crit’Air 3 en 2024 et enfin les Crit’Air 2 en 2025. Si le projet de ZFE sert de cadre légal, c’est au maire que reviendra le pouvoir de prendre des arrêtés municipaux pour imposer ces interdictions de circuler. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la mesure ne fait pas l’unanimité chez les candidats.
Seule Jeanne Barseghian s’engage à tenir cet échéancier. Alain Fontanel et Catherine Trautmann, d’accord sur le principe, émettent cependant quelques conditions. La socialiste juge nécessaire la mise en place de mesures d’accompagnement, notamment financières. Un point sur lequel le marcheur la rejoint. Ce dernier espère former une convention citoyenne pour apporter des solutions.
Jean-Philippe Vetter et Hombeline du Parc veulent, quant à eux, repousser de cinq ans le calendrier de la ZFE. Pour la candidate du Rassemblement national, pas de doute, c’est « encore les classes populaires qui en feraient les frais », martèle-t-elle. Dans un article des Dernières nouvelles d'Alsace paru le 18 septembre 2019, Christel Kohler, actuelle adjointe chargée des questions environnementales, explique que les véhicules Crit'Air 5 ou sans vignette concerneraient 7 900 véhicules (mis en service avant 1997), mais dont l’immense majorité sont possédés par des foyers à faibles revenus.
Si tous les candidats ne sont pas sur la même longueur d’ondes, il va leur falloir arbitrer entre urgence climatique et fin de mois.
Robin Magnier
Sahide Kadri, habitant du quartier du Neuhof, ne veut pas faire de promesses à ce futur électeur. « Si on est élu, on ne changera pas le monde mais on pourra t’aiguiller, t’aider » , glisse-t-il. Younès n’a « jamais pensé » à participer à un scrutin mais, ce dimanche 15 mars, il se rendra dans son bureau de vote, affirme le jeune homme. « Ils nous ressemblent, ils savent ce qu’on vit, alors je vais voter pour eux ».
« Je vais voter pour la première fois »
Sahide, « Lili » et Ali se sont engagés pour la première fois en politique pour ces élections municipales. « J’ai rejoint Egalité active parce qu’il n’y avait aucun homme politique sur cette liste », témoigne Sahide Kadri. Ali Martin Lamri, lui, a voulu créer sa propre liste contre « l’exclusion démocratique », mais, faute de soutien, il a rejoint Patrick Arbogast. Déçus par les précédents élus, ces novices sont déterminés et tractent jusque tard dans la soirée.
Mais leurs discours ne font pas l’unanimité. « Il a vécu comme vous Patrick, il est de Hautepierre et il n’y a que des gens du quartier sur notre liste », lance Sahide Kadri à quatre amis adossés au mur d’un hall.
Pas convaincu, l’un d’entre eux lui répond : « Non, il n’a pas vécu comme nous, il n’est jamais venu nous voir. Je n’irai pas voter pour Patrick Arbogast. »
Sahide Kadri, habitant du quartier du Neuhof, ne veut pas faire de promesses à ce futur électeur. « Si on est élu, on ne changera pas le monde mais on pourra t’aiguiller, t’aider » , glisse-t-il. Younès n’a « jamais pensé » à participer à un scrutin mais, ce dimanche 15 mars, il se rendra dans son bureau de vote, affirme le jeune homme. « Ils nous ressemblent, ils savent ce qu’on vit, alors je vais voter pour eux ».
Un premier engagement politique
Sahide, « Lili » et Ali se sont engagés pour la première fois en politique pour ces élections municipales. « J’ai rejoint Egalité active parce qu’il n’y avait aucun homme politique sur cette liste », témoigne Sahide Kadri. Ali Martin Lamri, lui, a voulu créer sa propre liste contre « l’exclusion démocratique », mais, faute de soutien, il a rejoint Patrick Arbogast. Déçus par les précédents élus, ces novices sont déterminés et tractent jusque tard dans la soirée.
Mais leurs discours ne font pas l’unanimité. « Il a vécu comme vous Patrick, il est de Hautepierre et il n’y a que des gens du quartier sur notre liste », lance Sahide Kadri à quatre amis adossés au mur d’un hall. Pas convaincu, l’un d’entre eux lui répond : « Non, il n’a pas vécu comme nous, il n’est jamais venu nous voir. Je n’irai pas aller voter pour Patrick Arbogast. »
« Lili », elle, est coiffeuse. Elle a vu grandir ces jeunes. Certains sont pris dans un trafic de drogue mais elle entend les valoriser. « Rien que le fait de venir les voir et s’intéresser à eux, leur montrer qu’ils ont un pouvoir, c’est important », explique-t-elle. Dans la pénombre de la cage d’escalier, elle prend le temps d’indiquer le bureau de vote à Rémy*, tout juste majeur. « Moi je vais voter pour la première fois pour eux, parce qu’ils vont faire quelque chose pour nous », livre-t-il.
Peu importe le résultat, les colistiers considèrent qu’ils ont « déjà gagné ». Le mouvement citoyen créé par Patrick Arbogast compte bien poursuivre ses actions et se présenter aux élections départementales l’année prochaine.
* Le prénom a été modifié
Maxime Arnoult