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“Le plus important, ce n’est pas moi, c’est le combat féministe.” Sur les grilles de l'Hôtel de Ville de Strasbourg, les portraits de femmes exposés dévoilent bien plus que des visages : elles incarnent la résistance des femmes iraniennes, deux ans après la mort de Mahsa Amini. Derrière chaque trait se cache la main de Shab, 48 ans, une artiste guidée par une révolte aussi personnelle qu’universelle. 

Née en 1976 à Strasbourg, elle a été élevée par deux parents iraniens, dans une maison où elle n’a “jamais manqué de rien”, si ce n’est “d’amour” et surtout, de “réponses”. Comment la petite fille qu’elle était pouvait comprendre pourquoi son “papa n’était pas toujours très tendre” avec elle ? 

À la maison, la culture iranienne est relativement absente : elle ne se rend qu’une fois dans le pays au cours de son enfance, voyage dont elle garde des souvenirs flous. À cette époque, elle ne peut pas comprendre d’où vient la violence ordinaire qui règne dans le foyer familial. Elle n’a pas conscience que ce père qui l’élève “a été élevé dans une génération éduquée avec l’idée que la femme reste la moitié d’un homme”. 

Quand l’autoportrait devient résistance

Alors, Shab grandit dans le silence de ses racines. Très vite, l’art lui sert d’expiatoire. Durant plusieurs décennies, elle se consacre à la danse et l’expression corporelle. Ce n’est qu’en 2021, après avoir largement passé la quarantaine, qu’elle se plonge dans le dessin numérique, sur la suggestion d’un éditeur alsacien. "C’était un univers joyeux au début, des cartes postales pleines de fleurs, des messages d’amour, d’anniversaire. Mais à un moment, ça n’a plus suffi. Mon histoire, mes blessures, tout est revenu en moi."

De cette révolution intérieure naît "Vanda", en août 2022, un autoportrait qui marque un tournant dans sa pratique artistique. “C’est une période où je réalise plein de choses, comme mère et comme femme d’un petit garçon”, confie Shab, pudiquement. “Tous les hommes du côté de mon père ont été des hommes violents avec leurs femmes ou leurs filles, dans le besoin de contrôle”, continue-t-elle. À cette période, elle ne sait pas que le visage de Mahsa Amini va, un mois plus tard, bouleverser le monde.

Selon les autorités libanaises, plus de 31 000 personnes ont, de leur côté, trouvé refuge en Syrie.

Elsa Rancel

Plus de la moitié de ces déplacés se rendent dans cinq districts du Liban où des refuges d’urgence ont été dressés : Beyrouth (capitale), Baabda (au sud de Beyrouth), Sidon, Tyr et Nabatieh (dans le sud du pays).

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