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Laura Fallarino est luthière depuis presque trois ans. La jeune femme a choisi d’installer son atelier à La Drêche, au cœur du parc Gruber de Koenigshoffen.

Sa passion pour les instruments à cordes remonte à l’enfance. Laura Fallarino, 31 ans,  joue de la guitare depuis l’âge de 6 ans. Un déclic, après une sortie à filature de Mulhouse où elle découvre les instruments acoustiques de l’orchestre.

Fabriquer « la guitare parfaite »

A l’époque, Laura pratique avec une guitare achetée par ses parents. Mais elle aimerait un modèle plus performant, qu’ils ne peuvent malheureusement pas lui offrir. « C’était un vieux rêve de pouvoir réussir à fabriquer la guitare parfaite, celle que je rêverais d’avoir », raconte la jeune femme. Qu’à cela ne tienne. Après de premières années d’études en théâtre et en musicologie à Besançon, où elle ne voit pas d’avenir professionnel, Laura décide de se lancer dans l’aventure de la création d'instruments.

Une formation en Angleterre

Mais des écoles de lutherie, il y en a très peu en France. Et les places sont chères. « Jean-Noël Rohe, un luthier de Strasbourg, m’a conseillé le Newark College, près de Nottingham (en Angleterre), explique Laura. C’est une école réputée ». L’établissement forme ses élèves à la conception de violons et autres instruments à cordes. Laura se spécialise  alors dans la fabrication … de guitares, bien sûr ! Après deux années basées essentiellement sur de la pratique, la jeune femme rentre en Alsace, en 2013.

Des guitares dans la cave de la maison familiale

Pendant un an et demi, Laura enchaîne les boulots alimentaires. Mais elle s’aménage un atelier dans la cave de la maison de ses parents, dans le Haut-Rhin, où elle répare des guitares pour ses amis et commence à fabriquer ses propres instruments. Seulement, la jeune femme a la bougeotte. Elle part voyager en France pendant un an, sans jamais mettre ses ambitions professionnelles de côté. « Pendant ma période de woofing dans un centre équestre en Lorraine, j’ai proposé des ateliers de musique et de lutherie sauvage » - comprendre: fabriquer des instruments à partir d’éléments ramassés dans la nature.

Mais à l’aube de la trentaine, la luthière aspire à plus de stabilité. Il y a un peu plus d’un an, elle ouvre son atelier dans les locaux du collectif de la Drêche, dans le parc Gruber, où elle cohabite désormais avec 15 autres artistes. « La lutherie est un métier assez solitaire. J’avais besoin de lier ça avec une histoire plus collective, avoir des échanges avec d’autres personnes », précise-t-elle. « Je ne peux pas encore vivre de mon métier. Ça prend du temps, il faut se faire un bon réseau. Mais c’est mon objectif ».

En attendant, Laura fabrique actuellement sa 13e guitare. Elle envisage aussi de lancer des ateliers et des stages de lutherie pour transmettre sa passion dès la rentrée prochaine.

En chiffres :
Prix d’une guitare : de 2000  à 2500 euros
Délai de fabrication : de trois à quatre mois
Nombre de guitares fabriquées par Laura : 13

L’association Joie et Santé Koenigshoffen propose toute une gamme de cours pour apprendre des instruments, du piano au ukulélé en passant par l’accordéon. Pour ce dernier, l’association organise un atelier intergénérationnel tous les samedis matin sous la responsabilité d’un professeur diplômé.

Ce samedi matin 13 octobre, dans une petite salle du centre socioculturel Camille-Claus à Koenigshoffen, Antoine, 32 ans, et Camille, 66 ans, ouvrent de grands coffres noirs. Dedans : des accordéons.  Le professeur Alain Ehles, la cinquantaine, cheveux gris clair, entre dans la salle, accompagné de Flavio, 13 ans. Ils se saluent et attendent encore deux personnes pour que le groupe soit complet. Quand tout le monde a pris sa place et a préparé son instrument, la séance d'accordéon intergénérationnelle commence.

La main gauche pour les sons de basse, l’autre pour la mélodie, plus difficile. Pour s'adapter à une composition pour orchestre, ils se partagent les cinq partitions de la pièce Wassermusik de Georg Friedrich Haendel du 18ème siècle. Camille et Flavio jouent ensemble la deuxième, les autres se partagent le reste. C’est parti.

 

Louay Kerdouss et Nicolas Grellier 

Hervé Goepp lui a trouvé son « salut » artistique dans le corps humain, après avoir longtemps exploré d’autres pistes pour ses tableaux.

Elle opte pour la lithographie, ancienne technique d’impression, comme méthode, et fait des animaux le principal sujet de ses productions. L’Argentine Florencia Escalante fait découvrir ses gravures au public alsacien depuis des années.

L’association Fibres d’artistes a organisé, le 13 et 14 octobre au Pigeon club, le 19e Forum des arts d’Illkirch. L’occasion pour une cinquantaine d’artistes locaux d’exposer leurs œuvres, et surtout d’aller à la rencontre du public illkirchois. Au menu : peinture, sculpture, photographie et lithographie. Le tout allant du figuratif à l’abstrait.

Ariane Wencker expose ses sculptures atypiques riches en couleurs, tout en prônant un certain engagement écologique. Béatrice Pottecher elle, raconte ses voyages aux quatre coins du monde à travers ses tableaux.

La professeure, Habiba Aalla, est arrivée elle-même en France à l’âge de trois ans avec sa famille marocaine. Portant un hijab floral, elle a un visage très expressif. Elle parle arabe, berbère et un peu d’espagnol, mais sa salle de classe est une zone dédiée au français, sauf quand un élève est « vraiment perdu ». Malgré la vitesse de son débit, tout le monde a l’air de suivre. Elle enseigne ici depuis 2007. Si elle appréhendait un peu au début à cause des conflits potentiels avec tant de nationalités, ses craintes se sont avérées infondées. Comme l’explique Hanan, « l’objectif d’apprendre le français nous unit ».

En ce début de cours, la prof est en train d’expliquer le glanage de pommes de terre (lorsqu’on ramasse celles qui restent au sol après la récolte). Ici, on découvre la langue française, certes, mais aussi des éléments de la culture qui nous entoure. « Au début, ils apprennent les bases : comment se présenter, dire l’heure. Mais on parle également des principes de la République, des symboles de la France, les plats, la choucroute, la tarte flambée, les principaux auteurs. »

Une auberge espagnole

A 10h30, Habiba enchaîne le deuxième cours de la journée. Celui-ci s'adresse aux débutants, et cette fois, il n’y a pas une chaise de libre.  Sur 21 inscrits représentant 18 nationalités, 16 élèves sont présents, dont 15 femmes. Ils viennent de pays divers, du Yémen au Vietnam, de l’Albanie à l’Afghanistan, en passant par l’Ukraine et l’Arabie saoudite.

Pour eux, Habiba Aalla passe beaucoup plus de temps devant le tableau. Elle parle des verbes réfléchis, expliquant la différence entre « laver » et « se laver ». Une exclamation de joie collective s'élève lorsque, enfin, tout le monde a compris. Ici, pas besoin de menacer de colle les élèves pour qu'ils participent. Quand la professeure pose une question, les élèves se montrent volontaires, même s’ils ne sont pas certains de la réponse. Assise près de l'enseignante, une participante arménienne, pressée de répondre, élève sa voix avec impatience. Ensemble, tous répètent les conjugaisons avec enthousiasme.

Un manque de moyens

Le centre propose neuf cours différents, dont un, réservé aux inscrits de Pôle emploi. Deux salariés et quatre bénévoles se chargent de l'enseignement. Mais l’offre reste insuffisante: pour intégrer le groupe des débutants, la liste d’attente s'étend à près d'un an. Les gens viennent volontairement, ou sont envoyés par un assistant social. « On a beaucoup de réfugiés qui n’ont pas de papiers, et qui sont en attente de régularisation », dit Habiba Aalla. « L’Etat dit qu’il faut [les] accueillir, mais on les met où pour les cours de français ? » Certains proposent même de s'assoir par terre pendant le cours, « mais on ne peut pas travailler dans de telles conditions », pointe l'enseignante.

Pour assurer les cours, le centre bénéficie d’un financement tripartite, en provenance de l’Etat, de la Ville de Strasbourg, et du Fonds social européen. Après les 5,50€ de frais de fournitures en début d’année, la formation ne coûte rien aux élèves. Mais, selon l’enseignante, le budget manque pour assurer des cours à tous ceux qui en ont besoin. Et pour elle, il s’agit bien d’un besoin. « D’abord, c’est pour la survie. Après, c’est une obligation, pour trouver un travail. Et puis, ça devient un plaisir, d’apprendre la langue de Molière. »

Le manque de moyens n’est pas le seul défi non plus. Les cours débutants accueillent des personnes qui ne sont même pas allées à l’école dans leur pays, ou qui ont connu la guerre. « J’avais une élève qui venait d’une zone de conflit. Elle avait des cicatrices sur le visage, ça se voyait qu’elle avait été torturée. Elle avait peur des gens, elle ne parlait pas, j’avais l’impression qu’elle n’enregistrait rien. Puis, il y a deux ans, elle m’attrape dans la rue, elle me dit bonjour, qu’elle a trouvé un travail. Quand j’ai vu ce sourire, j’étais agréablement surprise. Même dans ces cas-là, on peut y arriver. »

Martin Greenacre

Le centre socioculturel de la Montagne Verte propose chaque semaine des cours de français langue étrangère aux habitants du quartier. Pour les élèves, venus des quatre coins du monde, c’est une nécessité. Mais il n’y a pas de place pour tous.

Une couche de brouillard couvre encore les champs de la Montagne Verte, illuminés par les premiers rayons du soleil. Il est 9h et pour le moment seuls Marina et Vladimir Sanier, un couple d’une cinquantaine d’années venu de Russie, sont à l'heure pour le cours de français langue étrangère, alors qu’ils sont 18 à être inscrits. « Encore des grèves », plaisante le couple, mélangeant russe et français. L’assimilation passe aussi par l'humour, et il ne faut pas s’étonner : les Sanier sont en France depuis 2004, date où ils ont quitté leur pays natal. Vladimir, qui est journaliste, n'était plus en sécurité. Aujourd’hui, ils ont la nationalité française, et veulent apprendre la langue pour faciliter leur vie de tous les jours et pour comprendre les courriers officiels.

Avec une dizaine d’autres élèves réguliers, ils se réunissent chaque lundi matin dans une petite salle à l’étage du centre socioculturel de la Montagne Verte. Le premier cours, ce jour d'octobre, s'adresse à ceux qui ont le niveau A2 et qui progressent vers le niveau B1. Cela veut dire que le groupe est capable de discuter avec la professeure. Aujourd’hui, il s’agit d’un exercice sur le conditionnel, mais anecdotes et expériences personnelles ponctuent les échanges.

« L’objectif d’apprendre le français nous unit »

Finalement, deux autres élèves arrivent. Tout le monde vient d’un autre coin du monde avec ses propres motivations pour apprendre le français. Mais tous sont installés en Alsace depuis pas mal de temps. Hanan Garouit, 28 ans, est venue du Maroc en 2009 et habite actuellement à la Montagne Verte. Assistante maternelle à la maison, et mère de deux enfants français qui parlent la langue, elle fait partie du groupe depuis deux mois. « J’aimerais bien faire un CAP petite enfance, mais j’ai du mal avec le français. Ça fait plusieurs ans que j’essaie, mais ça bloque. »

Continuer son éducation est aussi l’objectif de Portia Amo, une Ghanéenne de 32 ans, venue en France en 2010 pour rejoindre son mari. Elle a déjà obtenu à distance un diplôme en comptabilité d’une école londonienne alors qu’elle était toujours au Ghana, et elle voudrait poursuivre une formation similaire en France.

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