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Pas sûr que les champignons poussent plus vite que les bâtiments au Neuhof. Près de 190 logements sont sortis de terre en 2013. Deux projets sont encore à concrétiser: le prolongement de la Cité Jardin à la rue de la Redoute et la création de 36 logements sociaux au Ballersdorf. Les deux seront livrés à partir de janvier 2014.
Le but de toutes ces constructions est simple, il s'agit de réhabiliter le quartier et de favoriser la mixité sociale. « D'ici 2015 nous passerons d'un taux de 62% de logements sociaux à 50%, précise Julien Mattei, directeur du PRU du Neuhof. L'autre versant du projet est la réhabilitation des logements sociaux de la Zone urbaine sensible (ZUS). Nous n'avons pu travailler que sur un peu plus de la moitié. Mais il reste des efforts à faire. J'espère que sera mis en place un deuxième plan national de rénovation urbaine (PNRU) car l'actuel, dit ANRU, prend fin en 2015.»
Un second plan d'aide pour la rénovation du quartier serait essentiel pour les immeubles les plus vétustes. Et Julien Mattei de mettre en garde: « Si le plan ANRU 2 ne se concrétise pas, ce sera aux pouvoirs locaux de payer la note. La réhabilitation prendrait alors plus de temps.»
Patxi Berhouet
Trente-huit enfants de plus de trois ans vivent à l'Espace 16. Onze sont inscrits en maternelle, seize à l'école élémentaire et sept au collège. Seuls quatre jeunes n'ont pas encore de place mais les demandes d'inscriptions sont en cours. Tous sont dans des établissements alentours, la majorité est à Koenigshoffen.
« Pour la première fois cette année, les enfants ont tous une assurance scolaire et les manuels qu'on utilise pour travailler », salue Julie Motte, enseignante en CP à l'école des Romains. Comme la majorité de ses collègues, la jeune femme accueille des enfants roms dans sa classe. « Depuis qu'il y a l'Espace 16, ça a clairement changé pour nous, explique-t-elle. La petite que j'ai n'a manqué qu'un seul jour de classe depuis la rentrée alors qu'avant, l'assiduité était l'un des principaux problèmes. » Pour pallier ses difficultés en français, l'enseignante a mis en place un système codé avec des pictogrammes. « Quand je donne comme consigne de coller une feuille dans le cahier, je lui montre le dessin avec la colle qui est affiché sur la porte et elle comprend. » Loin d'être stigmatisant, le système sert aussi à d'autres élèves : dans la classe de Mme Motte, 18 élèves sur 23 ne parlent pas français à la maison.
La création de l'Espace 16 facilite aussi la communication avec les parents. « Avant ils avaient peur de l'école, ils n'osaient pas venir. Cette année, à la rentrée, la maman de la petite que j'ai en classe est venue me rencontrer accompagnée d'un éducateur spécialisé. Quand j'ai un mot à lui faire passer, je sais que grâce aux travailleurs sociaux, elle pourra le faire lire et être informée, ça change beaucoup de choses », raconte l'institutrice, qui n'échangeait jusqu'à alors que par le geste avec les parents.
Des actions circonscrites au camp légal
D'autres acteurs interviennent en marge du travail fait par les enseignants. Deux institutrices à la retraite de l'association Agir ABCD donnent chaque mercredi des cours de soutien à sept élèves. « Pour la première fois cette année, des enfants sont entrés en petite section de maternelle. Si ça continue comme ça, ils seront les premiers de l'Espace 16 à avoir une scolarité complète », espère Françoise Rollin, une des intervenantes. Ni éducatrices, ni parents, les deux bénévoles se considèrent comme des « béquilles ». « On leur apporte surtout du vocabulaire. Comment peut-on apprendre une poésie quand on ne comprend pas la moitié des mots ? » La retraitée, habituée aux classes difficiles, ne s'alarme pas. « Les enfants apprennent très vite. Ils ont une très bonne logique, parlent tous plusieurs langues, romani, roumain, français au minimum. De toute façon, quand les parents veulent, les enfants suivent. Et ici, on sent que les parents nous font confiance.»
Seul bémol, ces actions pour favoriser l'intégration des enfants ne sont menées qu'à l'Espace 16. A Saint-Gall par exemple, Médecins du monde estime à une vingtaine le nombre d'enfants scolarisables. Tous officiellement inscrits, leur présence effective à l'école serait beaucoup plus limitée.
Margaux Velikonia
Au moment où des hommes politiques s'interrogent sur la possible intégration des Roms en France, l'Espace 16 mise sur l'intégration des enfants par leur scolarisation. Après deux ans de travail avec les associations et les établissements scolaires de Koenigshoffen, aller à l'école est devenu presque banal pour les 38 enfants du seul camp rom légal de Strasbourg.
Il est 17h30 à l'Espace 16, la nuit tombe. Les côtelettes cuisent déjà sur les barbecues de fortune. Dimitri discute devant chez lui avec ses amis. Ses trois enfants sont dans la caravane. Ils rentrent tout juste de l'école.
Comme partout ailleurs en France, dans le seul camp rom légal de Strasbourg, la scolarisation est obligatoire. C'est même la condition essentielle pour pouvoir y habiter. Pour Dimitri, qui parle et comprend le français, cela ne pose aucun problème. « J'ai été six ans à l'école en Roumanie. Je sais que c'est important », raconte-t-il. Son ainé, 7 ans, est entré au CP en septembre. Les deux autres, âgés de 6 et 5 ans, sont encore en maternelle. Vivre à l'Espace 16 facilite la situation. Avant, la famille habitait dans un camp derrière le terrain de foot de Koenigshoffen et gérait seule la scolarisation des enfants. Aujourd'hui, l'association Horizon amitié, chargée par la mairie de tenir une permanence sur place, les aide. Contrairement à Dimitri, pour d'autres parents, envoyer leurs enfants à l'école est loin d'être une évidence.
Cliquez sur les éléments pour afficher les informations. Les maisons représentent les logements livrés, les points rouges les travaux en cours.
Toujours des maux bleus
Si pour le négoce local ce gain de minutes est une avancée, pour d'autres il s'agit plus d'un compromis. Consultée dans ce dossier, l'association Pour Neudorf se démène depuis plusieurs mois pour que les problèmes de circulation soient définitivement enterrés place du Marché. Pour sa responsable communication, Marie-Antoinette Klein, « le gros souci qui reste à régler c'est celui du stationnement entre midi et deux. Durant cet intermède journalier, la zone bleue devrait être désactivée pour que les gens puissent venir déjeuner tranquillement dans les nombreux restaurants du quartier ».
Aux dires de la mairie, il faudra compter sur la bienveillance des forces de police. Ces dernières ne devraient pas abuser de leur pouvoir et laisser le client coutumier déguster sa choucroute journalière en paix, sans tarifer son repas d'une amende de 17 euros. Quoi qu'il en soit, reste une inquiétude pour l'ensemble des riverains : que le problème ne se reporte dans les rues adjacentes.
A l'heure actuelle, seules la route du Polygone et les rues de Birkenfels et de Maennelstein sont concernées par ce nouveau créneau horaire. Il n'est donc pas rare de voir s'entasser les véhicules dans les rues situées hors de la zone, toujours régies par la gratuité. Pour Françoise Buffet, adjointe au maire de Neudorf, « l'élargissement à 1h30 vient à peine d'entrer en vigueur. Il faut maintenant prendre le pouls de cette mesure et décider si de nouvelles dispositions doivent être ajustées ». Une consolation tout de même pour les Neudorfois : en plus des 1h30 la zone bleue s'est vue étendue cette semaine à la rue Rathsamhausen.
Thomas Arrighi
Ce sera une demi-heure de pause en plus. Jusqu'à présent pour faire un saut chez le médecin ou aller faire ses courses Place du marché, le temps était compté. Muni d'un disque bleu, tout strasbourgeois pouvait y garer son véhicule prudemment et gratuitement avec pour seule consigne de déguerpir dans l'heure suivante. Une durée jugée trop courte par les résidents et commerçants du quartier qui a poussé la Ville à élargir ce temps de stationnement à 1h30 dans la fameuse zone bleue.
Une zone établie autour de la place du marché il y a de ça dix mois. Et pour cause : la présence permanente de voitures-tampons nuisible à l'activité commerciale. « C'était tout le problème de ces espaces gratuits, certains résidents y laissaient leur véhicule du lundi au vendredi et empêchaient les rotations dans le quartier.» Pour Bruno Etienne, président de l'Association des commerçants, détaillants et artisans de Neudorf (Acdan), ces dix mois teintés de bleu ont créé un appel d'air pour les commerces environnants. « La plupart l'affirme, leurs clients viennent plus régulièrement et ce sans l'angoisse de ne pas trouver de places et de perdre un temps précieux. Avec une demi-heure en plus, cela leur donnera encore plus de marge de manoeuvre sans altérer les allés et venus des véhicules dans le quartier ».