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En1981, le groupe Boussac est mis en liquidation judiciaire. Symbole  du textile vosgien autrefois florissant, le groupe emploie encore 5000 salariés à cette époque. Mais entre la mort de son fondateur Marcel Boussac, et les rachats successifs, le tout sur fond de crise industrielle, le groupe était à l’agonie depuis plusieurs années. Trois ans auparavant, à l’Assemblée nationale, le groupe Boussac et l’économie vosgienne faisaient déjà l’objet d’une question au gouvernement. Le nouveau député de la première circonscription des Vosges, un certain Philippe Séguin, s’inquiétait de l’avenir de son département d’élection. « Un plan Vosges est en cours de préparation, lui répond André Giraud, ministre de l’industrie, iI s’agira d’abord de faciliter la modernisation des industries vosgiennes ».
Au delà du groupe Boussac, c’est déjà toute l’industrie vosgienne traditionnelle qui s’enfonce dans le déclin. Avec leurs grosses unités de production, les sociétés du secteur textile ou métallurgique, arc-boutés sur un modèle fordiste teinté de paternalisme, peinent à se moderniser et à diversifier leur production. Les 657 millions de francs (100 millions d’euros) du plan Vosges ne suffiront pas à sauver Boussac, et l’industrie textile continuera de s’enfoncer dans la crise. Elle perdra 10 000 emplois entre 1989 et 2005, date à laquelle la fin des quotas d’importation lui donnera un coup presque fatal.


La filière bois ne compense pas
D’autres entreprises (plasturgie, construction mécanique) prennent le relais, permettant au département de rester l’un des territoires les plus industrialisés de France. Avant d’être à leur tour balayées par la crise des années 2000 et des stratégies parfois risquées. « Certains des fabricants de plastique qui se sont installés travaillaient exclusivement avec l’industrie automobile. Ils étaient trop dépendants d’un seul donneur d’ordre. Et si ce donneur d’ordre s’en va, ce qui est arrivé, la situation devient impossible. C’est ce qui s’est passé avec la Cimest, ou TRW », explique Cyrille Thiery, de la CCI. La filière bois, elle, n’a pas tenu toutes ses promesses, mal défendue sans doute à l’échelle nationale (la balance commerciale française du secteur est déficitaire de plus de 6 milliards d’euros). Le département est pourtant l’un des plus boisés de France. Mais faute de cohérence nationale, la filière tarde à décoller.
François Chevré, Vincent Di Grande et David Métreau
 

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Embauches et pertes d’emplois dans le département depuis 2008.

L’industrie vosgienne a connu au moins 55 plans de suppression d’emplois entre 2008 et aujourd’hui. En tout, 3309 salariés ont perdu leur travail. Nestlé-Waters, à Vittel, a détruit 600 postes. Novacare à Laval-sur-Vologne et Faurecia à Nompetalize ont respectivement réduit la voilure de 189 et 150 emplois. Les 1063 embauches, notamment par KDG Energy à Saint-Dié-des-Vosges (150) et Pavatex (100), ne suffisent pas à préserver les Vosges d’une hausse massive du chômage. Sur cette période, l’industrie a perdu 2157 postes.

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« On enregistre les plus grosses pertes dans les industries textiles, le meuble, l’imprimerie, la chimie, la sidérurgie, le papier, la fabrication de machines », décrit Laurent Davezies, spécialiste en économie et développement des territoires, dans son dernier livre, La Crise qui vient, la nouvelle fracture territoriale. Il est frappant de voir à quel point cette analyse de la situation de l’industrie française traditionnelle, la plus touchée selon lui, colle au paysage vosgien.
Avec le tarissement des finances publiques, Davezies prévoit un accroissement des inégalités et une fragilisation des territoires les plus vulnérables. La seule issue ? « Le redressement productif  ». Dans les Vosges, la diversification de l’économie s’ajoute à ce premier défi pour mettre fin à une crise qui ne semble pas vouloir s’arrêter.

Le département des Vosges est marqué par un phénomène de « rurbanisation » ou retour des citadins dans des zones qualifiées de rurales. En dix ans, Épinal a enregistré une perte de 4212 habitants, 1524 pour Saint-Dié-desVosges, 645 pour Vittel, 505 pour Mirecourt, etc. Cette population se retrouve dans les campagnes, mal desservies en transports publics ou administrations.
© Cuej Infographies / Source : Observatoires des territoires

Embauches et pertes d’emplois dans le département depuis 2008

L’industrie vosgienne a connu au moins 55 plans de suppression d’emplois entre 2008 et aujourd’hui. En tout, 3309 salariés ont perdu leur travail. Nestlé-Waters, à Vittel, a détruit 600 postes. Novacare à Laval-sur-Vologne et Faurecia à Nompetalize ont respectivement réduit la voilure de 189 et 150 emplois. Les 1063 embauches, notamment par KDG Energy à Saint-Dié-des-Vosges (150) et Pavatex (100), ne suffisent pas à préserver les Vosges d’une hausse massive du chômage. Sur cette période, l’industrie a perdu 2157 postes.

Essor et déclin de l'industrie vosgienne

L’histoire économique des Vosges est fortement liée à celle de son industrie.
Le territoire dispose d’atouts naturels, le bois et l’eau, qui ont favorisé l’implantation précoce d’industries traditionnelles : meuble et verre dès la fin du XVIIe siècle, textile dès 1830, sidérurgie et papier à partir des années 1850. L’agriculture a toujours été moins importante que dans les autres départements ruraux, à cause des montagnes qui ont donné le nom au département, les Vosges, et qui occupent le tiers est du territoire. Après des années de période faste, connaissant une apogée dans les années 1960, le territoire est en difficulté. Depuis le premier choc pétrolier de 1973, l’industrie vosgienne a été marquée par une série de crises successives ayant entrainé des pertes d’emplois et des fermetures d’usines emblématiques : le site Boussac à Thaon-les-Vosges, la filature de Laveline-devant-Bruyères, le site Malora à Fraize, etc.

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