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© Louisa Chausse-Dumont et Sylia Lefevre

Loin d’être séduit par ces animations, la cinquantaine de riverains représentée par le comité des habitants des Villas se soucie de sa tranquillité. "La fanzone doit être utilisée dix fois. À la onzième, on fait quoi ?", interroge Romaric David. "Rien n’empêche, en fonction des projets, qu’il puisse y avoir plus ou moins d’événements", admet l’élu référent du quartier.

Longtemps pointées du doigt par les résidents, les nuisances sonores devraient donc persister. De son côté, l’Eurométropole assure que le bruit "restera à quelques décibels près identiques au niveau actuel".

Cependant, une enquête publique menée à la demande de la région Grand Est, du département du Bas-Rhin et de la commune de Strasbourg publiée en 2022 soutient que ce volet "aurait mérité d’être approfondi en marge de la fanzone extérieure". Le rapport déplore que "l’étude [de l’EMS] s’est focalisée sur le bruit venant du stade pendant les matchs". En cas de gêne, "les habitants des Villas peuvent solliciter le club, l’EMS ou la mairie", certifie Abdelkarim Ramdane.

Point noir : les habitants dénoncent des rapports verticaux dans lesquels leurs revendications sont rarement prises en compte. Alors qu’elle est encore en "work in progress", la fanzone cristallise les tensions.

François Bertrand et Aryel Camus

 

Quatre enfants répètent Les aventures de Joseph le rêveur ! sur l'estrade de l’église protestante de la Meinau. La croix qui surplombe la salle a disparu derrière une toile figurant des collines verdoyantes et des maisons colorées. Dans le rôle principal, une petite fille prétend ignorer ses camarades qui la pointent du doigt. Elle tient une corbeille remplie de fruits imaginaires. "Regardez ce panier plein de fraises ! Ça se fait pas, j'en veux aussi !", s'exclament les petits comédiens. Ce soir, ils joueront devant leurs parents et les curieux du quartier. La pression monte. C’est la fin de trois jours de stage animés par la pasteure Ulrike Richard-Molard.

En plus d’être un endroit plus tranquille pour discuter, il donne un meilleur point de vue pour observer les exercices des joueurs. "Non, je vais rester ici pour l’instant", répond le supporter. "Ici", c’est un carré de terre accolé aux terrains engazonnés, où se massent parfois des centaines de personnes. "On tourne autour de 400 supporters en été. Quand il fait froid, seulement 3 à 10 sont présents", explique l’agent. Jean-Michel et ses camarades aperçoivent les joueurs, à distance.

Loin du ballon…

"C’est moins convivial, se désole Christian. C'est notre grand regret, en tout cas le mien." Avant le mois d’août, les joueurs sortaient de la tribune Sud du stade et passaient sur le pont Krimmeri. Cela permettait aux supporters, maintenus derrière les barrières, de discuter avec eux le temps de leur trajet jusqu’aux terrains. Avec l’entrée en service de nouveaux vestiaires, situés désormais directement sur le centre d'entraînement, ce moment privilégié n’a plus lieu. "Sur cette saison, je n’ai aucun plaisir à venir. De loin, on ne les reconnaît même plus", ajoute Christian, l’air renfrogné. C’est pour cette raison qu’il a décidé de se limiter à une séance hebdomadaire contre cinq auparavant. "Aujourd’hui, on est là plus pour prendre des nouvelles entre nous."

[ Plein écran ]

Les travaux de la tribune Sud seront achevés en 2025. © F.B.

Incertitudes autour du projet

Pour la fanzone, rien n’est joué. Sur le papier, elle abritera un "sport’s bar", une billetterie, une boutique, un espace muséal, un kiosque à musique et un écran géant. Dans les faits, l’existence de ces infrastructures dépend du bon vouloir du RCSA.

"Le contenu de la fanzone, c’est le Racing qui le gère, même si la Ville et l’Eurométropole sont propriétaires", résume Abdelkarim Ramdane.

Concernant son utilisation hors match, "le Racing disposera du droit à cinq exploitations, l’Eurométropole et la Ville de Strasbourg auront droit aux cinq autres", affirme Benjamin Guthleben, directeur marketing et communication du club strasbourgeois.

Au programme ? Là aussi, c’est assez flou : des événements sportifs et musicaux, des brocantes…  

Ce quotidien paisible est déjà menacé par le stationnement sauvage, un phénomène - inévitable les jours de match - qui pourrait encore s’accentuer, malgré la campagne de verbalisation menée dans le secteur depuis le début de l’année. "On avait 18 000 places autour du stade, il y en aura moins", confirme Frédéric Thommen, directeur de l’architecture et du patrimoine à l’Eurométropole de Strasbourg.

Les collectivités misent sur l’augmentation de la fréquence des tramways, une meilleure accessibilité piétonne et cyclable au stade et la redynamisation de la gare Krimmeri-Meinau pour diminuer la part de spectateurs venant en voiture, qui s’élève à 71 %. "On fait ce pari parce qu’on est sûr de le gagner", garantit Frédéric Thommen.

Depuis 2017, la pasteure d’origine allemande Ulrike Richard-Molard est à la tête de l’église protestante de la Meinau. Derrière l’image froide qu’elle renvoie se cache une ecclésiastique extrêmement active, prête à défendre les causes qui lui tiennent à cœur. 

Camille Fraioli et Clara Gross

La partie nord des Villas en 2026, après la restructuration du stade et l'apparition de la fanzone. © François Bertrand et Aryel Camus

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