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Des fouilles archéologiques, trop peu pour les étudiants

Le DoA approuve plutôt les missions de préservation de sites. Mais celles-ci sont plus onéreuses. « À choisir, nous préférons la production de connaissances via des excavations, confie la spécialiste de la période islamique. On ne peut pas suivre leurs ambitions. » D’autant que les budgets alloués par le ministère français des Affaires étrangères sont faméliques : 20 000 euros par an – « cela ne couvre qu’un mois de fouilles » – dont 4 000 euros nécessaires à l’acquittement du permis obligatoire remis par le DoA. « Préserver, d’accord. Mais comment faire quand chaque site est pillé et vandalisé ? » L’archéologue jordanien Fouad Hourani est scandalisé par la dissonance du discours gouvernemental face à la réalité qu’il observe sur le terrain. Formé à l’université Panthéon-Sorbonne dans les années 1960, il enseigne depuis quinze ans la théorie de l’archéologie du Proche-Orient à l’Université de Jordanie (Amman). Chaque année, une soixantaine d’étudiants suivent ses cours. Depuis toujours il entend parler de légendes sur des « kilos d’or » enfouis dans le sable, de la bouche même de ses élèves.

Quatre millions de touristes affluaient dans le pays avant le Covid-19, soit près de 7 000 personnes par jour. L’année 2023 avait permis d’en attirer à nouveau la moitié ; la guerre à Gaza, à 150 kilomètres de là, a provoqué un nouvel effondrement… Un calme qui n’est pas pour déplaire aux scientifiques. « Pétra, c’était les Champs-Élysées, se souvient Laurent Tholbecq, l’archéologue belge qui chapeaute les fouilles autour du temple nabatéen. Pour nous, c’est plus simple de travailler sans ces milliers de touristes. Mais les gestionnaires du parc paniquent : ils perdent de l’argent. » Au DoA, on évoque une « phase de transition ». L’instance gouvernementale, rattachée au ministère du Tourisme et des Antiquités (qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet), souhaite renforcer une archéologie touristique plutôt que scientifique. La centaine de missions de recherche approuvées avant 2020 est réduite à une soixantaine en 2023. « Un frein à la connaissance archéologique », pointe du doigt Julie Bonnéric, responsable de cette discipline à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) d’Amman.

L'appel au boycott touche aussi bien des marques américaines que françaises, jugées complices d'Israël.  © Laura Beaudoin

Le boycott des produits israéliens et américains a pris de l'ampleur après la reprise des combats entre Israël et le Hamas le 7 octobre 2023. © Laura Beaudoin

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Tahani Chatti souhaite que ses filles puissent choisir leurs domaines d'activités. © Pauline Beignon

Le 17 mai, des centaines de Jordaniens ont manifesté à Amman, en soutien au Hamas, en guerre avec Israël. © Célestin de Séguier

Tous les jours, dans son atelier façon chambre d’ado fan de Star Wars, le dessinateur politique et marionnettiste Omar Adnan Abdallat tente, lui, de combattre ces limites. « Avec les lignes rouges, on ne peut pas être direct. Je suis obligé de passer par des symboles », raconte l’artiste qui utilise parfois un dessin de chat en surpoids pour moquer le roi. « J’ai été plus offensif et plus direct mais, avec le temps, je sens que je suis en danger. Je ne veux pas être étiqueté en ennemi de la société. » Un dernier souffle de résistance par l’humour qui tente de survivre depuis la fin des Printemps arabes. Mais le retour de la guerre ne risque pas de le renforcer. « Ces derniers mois, je ne travaille plus beaucoup sur des projets sarcastiques. J’essaie de rire de certaines décisions américaines mais le but n’est pas d’offenser qui que ce soit », tranche le dessinateur en reposant son stylet.

Julie Lescarmontier

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La man'ouché est originaire du Liban. © Azilis Briend

« Je n’ai plus besoin de demander l’avis de mon mari »

Non seulement elle porte elle-même sa caisse à outils, mais elle est même devenue indépendante financièrement. « Maintenant, avec mon argent, je peux acheter ce que je veux et quand je passe la porte de la maison je n’ai plus besoin de demander l’avis de mon mari. »  Tahani Chatti voit le travail comme un moyen d'émancipation et veut donner l’exemple à ses trois filles. On me disait : « Elles ont suivi toutes les formations de l’association et je veux absolument qu’elles finissent leurs études pour avoir le choix », revendique la plombière.

Au-delà de cet engagement en faveur des femmes, Tahani Chatti participe aussi à améliorer l’accès à l’eau en Jordanie. L’existence de plombières permet d’intervenir plus rapidement puisque selon les normes sociales locales, un homme ne peut pas rentrer dans un foyer sans la présence d’une figure masculine de la famille. Une fois formées, les femmes peuvent aussi réparer elles-mêmes les fuites de leur maison.

« La censure n’est pas une ligne claire. Et moins elle est claire, plus elle est forte, car c’est l’autocensure qui prend le relais », explicite Simon Dubois de l’Ifpo. En vérité, seul le délit d’atteinte à la figure royale est inscrit dans la loi. En juillet dernier, le site satirique Al Hudood, sorte de Gorafi jordanien, a été bloqué par l’État après la publication d’une caricature moquant le mariage du prince Hussein. Pour la religion et le sexe, rien ne l’interdit dans le texte. Une épée de Damoclès morale en clair. Et le patron du Comedy Club ne s’en cache pas : « Ici, la religion n’est même pas un sujet. » Sans regret.

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