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Lucie Ringwald, 45 ans, était interrogée dans le News d'Ill n°90, en 2007. © Laura Remoué

« Apolitique. » Sur le parking du Auchan, en attendant le départ du convoi, l’adjectif est dans toutes les bouches. « On est un mouvement apolitique. » Comme les Gilets Jaunes à leurs débuts, les personnes rassemblées ce vendredi refusent de se placer sur le spectre politique. Ils sont contre le pass sanitaire, pour la liberté, et c’est tout. « Je ne me suis jamais senti aussi libre que maintenant, je n’ai jamais fait autant de rencontres, de tous les bords politiques, de toutes catégories de gens. »

Robin est chargé de coordonner l’événement. « Apolitique », mais en privé, les avis politiques divergent. Entre deux obligations, l’organisateur glisse : « Personnellement, je suis plutôt un soutien de Florian Philippot [dissident du RN et leader des Patriotes, proche du mouvement anti-pass]. Il est décrié, parce qu’on se rappelle toujours de ses antécédents, on dit qu’il est d’extrême droite... Mais c’est biaisé. La gauche, la droite, c’est pas ça qui m’intéresse, c’est les projets qui sont derrière. »

Un mouvement apolitique avec des participants qui votent

Quelques mètres plus loin, Thierry, en tenue intégrale de moto, l’assure : « On se connaît tous ! Des manifs, entre bikers … Quand on se rencontre, on ne parle pas de politique. Qu’on soit de gauche ou de droite, peu importe. » Ses voisins hochent la tête. Tous les samedis, à Strasbourg, il est en manif avec son tambour. S’il ne parle pas politique, il n’a pourtant pas loupé un seul vote : « J’ai toujours été socialiste. En 1981, j’ai sorti le champagne quand Mitterrand a gagné. Mais ceux du PS d’aujourd’hui, ils me dégoûtent. Une chose est sûre : je voterai pour quelqu’un qui est contre le pass sanitaire. J’ai jamais voté FN, alors je ne vais pas m’y mettre aujourd’hui. Du coup, je vais voter à gauche. Roussel, je pense. » Avec un sourire, il ajoute : « Ici, il n’y a pas de facho, que des gens cools. »

Au-dessus de la tête des participants, flotte un drapeau alsacien. Au bout du mât, Pascal regarde les journalistes d’un air méfiant. Lui a décidé d’abandonner la politique : « Aux prochaines élections, au premier tour, je vais voter pour une petite liste juste pour les aider à rembourser leurs frais de campagne. Poutou, je pense. Au second, je m’abstiens catégoriquement. » Sur l’orientation politique du convoi, il lance : « C’est un mouvement apolitique ici, y a pas de leader. Il n’y a ni d’extrême gauche ni d’extrême droite ici avec nous… Pas de gros mec baraque ou tatoué. Ou alors c’est dans leur tête, bon, ça je ne peux pas le savoir. »

À quand la récupération politique ?

Dans la foule, un jeune homme se tient souvent seul, observe. « Je suis venu voir le départ par curiosité, je viens prendre la température », raconte-t-il. Il ne s’épanche pas sur ses idées politiques : « J’ai un peu milité à droite à gauche, aidé des copains, notamment pour Rivarol [hebdomadaire d’extrême droite, condamné à de multiples reprises pour incitation à la haine, négationnisme…], un peu toute cette sphère. Je suis plutôt copain avec ces gars-là, je tracte pour eux. » Il se définit lui-même comme un « intrus » dans ce rassemblement. Mais un « intrus » présent.

Pour l’instant, ça cause trajet, pass sanitaire ou prix de l’essence. Être d’accord sur ça, ça suffit apparemment. Les discours ne portent que sur la liberté retrouvée et l’espoir. Pour combien de temps ? La récupération politique pointe le bout de son nez. Le candidat Jean-Luc Mélenchon, sur France 2 ce jeudi, a tendu la main au mouvement naissant : « Voilà des gens qui se mettent en mouvement en parlant de pouvoir d'achat, je ne peux pas être contre ça (…) Ils disent qu'ils sont contre le pass vaccinal, moi aussi, je ne vais pas leur dire qu'ils ont tort. » La présidentielle arrive à grands pas. Quel chemin politique va prendre le convoi de la liberté ? 

Emma Bougerol

Édité par Emma Barraux

Une émission spéciale pour comprendre la place du mouvement MeToo et des questions de genre dans la campagne présidentielle française 2022.

La présidence d'Emmanuel Macron arrive à son terme après cinq ans à la tête du pays. Cinq ans, c'est aussi l'âge de la vague MeToo qui a éclatée outre-Atlantique, après la révélation de l'affaire Weinstein en 2017. Renommée "Balance ton porc" en France, ce mouvement né sur les réseaux sociaux rassemble les témoignages des femmes victimes de viols et d'agressions sexuelles. En ligne ou dans la rue, célébrités ou anonymes, elles sont des centaines de milliers à parler, à écrire, à twitter, à manifester, pour raconter leur histoire et faire entendre leur voix.

L'ampleur du mouvement est historique, à tel point qu'il est même question d'une quatrième vague du féminisme. Une vague intersectionnelle, née de la croisée des luttes, où les droits des femmes se mêlent aux combats anti-racistes et LGBT, aux mouvements pour la justice sociale ou encore le climat.

A chaque vague de ce raz-de-marée, un pan de la société est touché : le cinéma, le sport, l'éducation, les médias. Aujourd'hui, la dernière vague déferle sur le monde politique. Près de 300 femmes élues, collaboratrices, fonctionnaires, ou encore militantes, ont signé une tribune où elles appellent les partis à prendre enfin en compte le mouvement MeToo. Un cri du coeur qui résonne à l'approche de la première élection présidentielle depuis cette libération de la parole. Avec cinq candidates, ce scrutin est un record.

C'est la première fois qu'il y aura autant de femmes sur les bulletins des bureaux de vote mais quelle place est réservée aux femmes sur les tracts des partis politiques ? Sur une question brûlante qui cristallise les tensions, les candidats de gauche se montrent-ils trop frileux ? Répondent-ils aux attentes des électeurs les plus militants ? Alors qu'à droite, deux femmes briguent l'investiture, existe-t-il un féminisme de droite, ou au contraire, de l'anti-féminisme ? Cinq ans après sa naissance, où est la vague MeToo dans cette campagne électorale ? L'a-t-elle seulement traversée ?

Julie Brault, Léonie Cornet, Pierre Frasiak, Chloé Lagadou, Valentin Machard, Dimitri Morgado, Maryline Ottmann, Sophie Pouzeratte, Emma Steven, Pierre Thévenet.

Un podcast encadré par Iris Deroeux.

Une cinquantaine de véhicules s'élancent au son des klaxons, direction Paris. © Emma Bougerol

Cressida Dick démissionne en tant que cheffe de police de Londres après une série de scandales. © Jay Allen

La rencontre France-Angleterre s'est déroulée en 2010, au Stade de France, lors du Tournoi des Six Nations. © Éric Henry

Les agences matrimoniales ont encore leurs adeptes à l'heure des applications de rencontre. © Candace McDaniel

Michel, l'un des convoyeurs au départ de Strasbourg. © Emma Bougerol

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