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Entre 2010 et 2019, le nombre de morts dus à la pollution de l’air en Ile-de-France a diminué. Cependant, des milliers de morts auraient pu être évités chaque année.

Sur les barres de la rampe qui mène à l’entrée du Service de santé universitaire de Strasbourg (SSU), une affiche contraste avec le gris austère du bâtiment situé quartier de l’Esplanade. Un préservatif rose en forme de cœur y trône sur un fond turquoise accompagné d’un « Faites-vous dépister ! » À l’approche de la Saint-Valentin, le SSU a organisé, ce 10 février, une journée consacrée à la santé sexuelle. Au programme, préventions et dépistage gratuit des infections sexuellement transmissibles (IST) au laboratoire ou par TROD avec l’association SOS Hépatites. Pour mieux attirer les étudiants, Lisa, 20 ans, en service civique à la fédération des étudiants d'Alsace (L’Afges), a pimenté le planning par une animation : le jeu « Sexe & Chocolat  ». Le plateau du jeu égaie la salle d’attente d’une ambiance bonne enfant. Imhotep, 24 ans, le co-anime avec Lisa. C’est lui qui accueille les étudiants intrigués dans la salle en leur tendant un gros dé orange. « Vous voulez jouer ? »

« Un rapport sexuel non protégé, c’est comme une boîte de chocolat… On ne sait jamais sur quoi on va tomber ! » 

Le titre évocateur en a alléché certains : Len-yuam, Agathe et Elena, trois étudiants en langues de 18 ans, admettent ainsi être venus pour découvrir ce qui se cachait derrière ce jeu. L’occasion pour eux de faire de cette situation pesante et angoissante, le dépistage, un bon moment entre amis. Ils acceptent la proposition d’Imhotep avec plaisir. Elena lance le dé la première, en visant une des cases au sol, ornée d’une image de chocolat.

Ce 8 février à 23h15, deux intruses pénètrent au numéro 10 de la rue des Halles, un immeuble d’habitation de sept étages à deux pas du centre commercial éponyme à Strasbourg. Des bruits sourds dans la cage d’escalier alertent un voisin qui prévient la police. Positionnées à quelques mètres de l’entrée, en embuscade, les forces de l’ordre patientent. À minuit et demi, deux ombres sortent d’un pas rapide du bâtiment. Quinze minutes plus tard, deux femmes sont interpellées à côté de la gare. Dans leurs poches : deux tournevis, des bijoux et des bouteilles de parfum de luxe. 

Enceinte de trois mois

Deux jours plus tard, le duo comparaît dans la salle 101 du tribunal de Strasbourg. Teint blafard et les yeux enrobés de cernes, elles sont accusées de vols et tentatives de vols. Kristina, la plus jeune, a 19 ans. Ses longs cheveux de jais entourent un visage dévoré par un masque blanc en tissu.  À côté, Danijela, 38 ans, triture sa longue tresse qui tombe dans son dos. Originaires des Balkans, celles qui se disent mères de famille, n’ont ni papier d’identité, ni adresse. Et seraient arrivés en France une semaine plus tôt. « Pour trouver du travail et refaire ma vie », justifie Kristina, qui déclare aussi « être enceinte de trois mois », traduit un jeune interprète serbo-croate. « Alors vous ne trouvez pas de travail, donc vous volez c’est ça ? », rebondit le président du tribunal, lunettes vissées sur le nez.

Deux appartements ont été cambriolés. Une dizaine de portes présente aussi des traces d’effraction dans l’immeuble. « Les portes ont résisté, mais une habitante du premier étage a remarqué un important écart en haut de sa porte », appuie le président du tribunal, qui revient, non sans une pointe de sarcasme, sur les tournevis retrouvés sur les prévenus : « Vous avez l’habitude de vous balader à Strasbourg avec un tournevis dans la poche ? ». Un assesseur esquisse un sourire derrière son masque.  Si les deux femmes admettent d’un hochement de tête les vols des deux logements où ont été dérobés bijoux et parfums, elles nient en bloc les tentatives sur les autres appartements. « Ce n’est pas nous, c’est quelqu’un d’autre », tente de se défendre la plus âgée.

« Ces deux-là ont de l’expérience »

Dans son réquisitoire, le procureur n’émet pourtant pas le moindre doute sur la culpabilité du duo : « Il s’agit de deux tentatives dans le même immeuble, à des étages voisins avec le même mode opératoire. Ce sont des faits de délinquance organisée, elles avaient d’ailleurs la panoplie du parfait cambrioleur. » Et d’asséner, après avoir fait référence « au fléau des raids en zones résidentielles à Strasbourg » : « Ces deux-là ont de l’expérience. » Dix mois de prison avec mandat de dépôt sont requis contre celles qui ne semblent pas bien comprendre ce qui se joue. « Ce ne sont pas des bandits de grand chemin », rétorque l’avocat, maître Muschel, qui invoque l’absence de condamnations antérieures. Sa défense n’aura pas su convaincre le tribunal qui suit les réquisitions du ministère public. Avant de repartir derrière les barreaux pour dix mois, Danijela lâche dans un souffle : « Moi aussi je suis enceinte de deux mois », comme une dernière tentative pour éviter sa peine. En vain. 

Iris Bronner

Édité par Élia Ducoulombier

Aucune sanction n'a été annoncée pour ceux qui continueraient à utiliser ce service. © Fernando Arcos

Le but du jeu est de déposer le maximum d'affichettes sur les cases du plateau en répondant aux questions posées. © Rafaël Andraud 

Le jeu « Sexe Chocolat » est un jeu de questionnements et d'échange autour de la santé sexuelle, qui aborde le sujet des risques et du plaisir. © Rafaël Andraud

Yannis et Baptiste, deux amis en études d'informatique, ont aidé le SSU à distribuer des préservatifs, déguisés eux-même en capote. © Rafaël Andraud

À l’approche de la Saint-Valentin, le Service de santé universitaire de Strasbourg a mis en place, ce jeudi, plusieurs animations attrayantes pour informer les étudiants sur la santé sexuelle et leur permettre de se faire dépister gratuitement des IST.

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