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Les affiches d'Alain Fontanel (LREM) sont régulièrement couvertes de slogans contre la politique nationale menée par Emmanuel Macron. Photo Robin Magnier 

« L’étiquette est dure à porter »

Pourtant, beaucoup de candidats se détachent désormais de cette affiliation. À Strasbourg, le local de campagne d’Alain Fontanel, cible régulière des Gilets jaunes, se voit couvert d’autocollants aux slogans anti-Macron après chaque manifestation. « Les gens font un amalgame entre campagne municipale et nationale », regrette Laetitia Hornecker, la numéro 2 du candidat. De fait, Strasbourg est une ville stratégique pour le parti d’Emmanuel Macron qui peine à s’imposer dans toutes les autres grandes villes françaises. « L’étiquette est dure à porter », admet un membre du groupe En Marche au conseil municipal qui souhaite rester anonyme.

Qu’ils soient investis ou soutenus, tous évoquent des pressions. « Quand des Gilets jaunes débarquent aux réunions, ce n’est pas simple », explique Stéphanie Villemin (Colmar). « Les candidats m’attaquent là-dessus, disent que j’ai été parachutée », enchérit Hélène Hollederer (Schiltigheim). Christophe Meyer a été identifié « comme le gars en Marche du coin » à Cernay. « Je me retrouvais soudain responsable de la réforme des retraites !, s’exclame-t-il. Si demain je suis élu, certains vont dire que la ville est tombé aux mains de LREM. C’est faux ! » Sur son affiche ou dans son programme, insiste-t-il, aucune allusion au parti du gouvernement, à qui il « ne doit rien ». Comme les autres candidats alsaciens soutenus, il refuse qu’on lui colle uniquement l'étiquette en Marche.

Marine Godelier

Mode de scrutin : c'est la taille (de la commune) qui compte

Vidéo : Aïcha Debouzza 

Des candidats soutenus par plusieurs partis

Un soutien élastique qui peut créer des situations incongrues. À Illkirch, le principal adversaire au maire sortant, Thibaud Philipps, est adhérent Les Républicains (LR). Pourtant, il bénéficie d’une triple étiquette pour les élections à venir : LREM et le MoDem lui ont offert leur appui.

Côté Haut-Rhin, la liste pour Mulhouse de Lara Million se trouve elle aussi « multi-supportée » par le « nouveau » et « l’ancien monde ». LREM d’abord, mais aussi le MoDem, le PS, Agir, le parti animaliste et le mouvement écologiste indépendant. « C’est une liste de rassemblement », affirme l’ancienne de LR. Un argument martelé par tous les candidats portés par LREM en Alsace. Qui dans les faits, illustre bien la « realpolitik » conduite par les partis, bousculés par les transformations de l’échiquier politique.

 

Les dimanches 15 et 22 mars, les Alsaciens seront appelés aux urnes pour élire quelque 14 000 conseillers municipaux dans près de 900 communes. Selon la taille de votre municipalité, le mode de scrutin ne sera pas le même.

 

Une politique du coucou

En s’appuyant sur des figures installées plutôt que sur des « marcheurs » de la première heure issus de la société civile mais inconnus localement, le parti peut apposer son étiquette plus largement. À l’instar de Jean-Lucien Netzer, maire de Bischwiller estampillé MoDem, qui brigue un nouveau mandat. « J’ai demandé le soutien de LREM simplement parce que mon ami, le député Vincent Thiebaut (LREM), me l’a proposé, explique le quinquagénaire, ancien syndiqué CFDT. Je ne suis pas En Marche. J’ai accepté, parce que j’accepte le soutien de tout le monde. » 

Une « politique du coucou », dénonce une partie de l’opposition. « Incapable de composer des listes crédibles sur le territoire national, LREM préfère souvent soutenir cyniquement des maires qui mènent pourtant des politiques diamétralement opposées, pour pouvoir présenter des victoires qui ne seront pas les siennes », déclarait ainsi le premier secrétaire du PS, Olivier Faure en décembre dernier. Tel l’oiseau qui occupe le nid d’autres espèces en y pondant ses propres oeufs pour profiter du gîte et du couvert, le parti au gouvernement courtise des candidats issus des différents partis, pour qu’ils enfilent le maillot du « marcheur ».

Parallèlement, dans toute la France, LREM a offert son soutien à 303 aspirants à la mairie appartenant à d’autres formations, qu’elle estime être « Macron-compatibles ». C’est le cas à Mulhouse, à Cernay, à Illkirch et à Bischwiller, où les candidats ne font pas partie du mouvement mais peuvent se targuer d’un appui des macronistes. Un élargissement de l’attribution de la « marque LREM » aux personnalités issues des partis traditionnels, formidable étiquette malléable pour En Marche : sans être investis LREM, ces candidats sont à la fois « dedans et dehors ». Et si le parti au gouvernement se rend compte qu’il a misé sur le mauvais cheval, l’étiquette sera minimisée.

Une stratégie qui met à mal le renouvellement politique promis par LREM. Pourtant, aux législatives de 2017, 95% des candidats du nouveau parti qui étaient investis n’étaient pas des députés sortants, permettant un réel changement des profils à l’Assemblée. Mais si le dégagisme avait fait ses preuves à la présidentielle et aux législatives, les municipales sont une autre paire de manches pour le parti, à la fois trop vieux pour se prétendre anti-système et trop jeune pour se trouver implanté dans les communes.

La recomposition politique insufflée par les « marcheurs » a-t-elle atteint ses limites ? En 2016, Emmanuel Macron, alors candidat, avait érigé le « renouvellement » des profils comme priorité de son mandat à venir.

Quatre ans plus tard et à l’approche des municipales, la perspective pour La République en marche (LREM) de conquérir des villes face à « l’ancien monde » semble pourtant s’éloigner, alors que le parti affrontera sa première élection locale.

Dans les villes françaises qui comptent plus de 9 000 habitants, LREM a accordé 289 investitures officielles à des « marcheurs ».

En Alsace, ils sont seulement trois : Alain Fontanel (ex PS) à Strasbourg, Stéphanie Villemin (ex LR) à Colmar et Hélène Hollederer à Schiltigheim. 

Soutenir des « non marcheurs »

En Alsace, les sept candidats aux municipales investis ou soutenus par La République en marche sont issus de formations politiques diverses. Une étiquette adaptable, signe d’une stratégie pragmatique du parti, loin de ses ambitions originelles de renouvellement politique.

Quatre mois après son investiture, la Commission Von der Leyen a dévoilé, mardi 10 mars, à Bruxelles, une stratégie industrielle très attendue. Malgré l’allègement de la plénière en raison de coronavirus, elle a tenu à présenter ses principales mesures par le biais de trois commissaires : Thierry Breton en charge du marché intérieur, Vladis Dombrovskis, des affaires économiques, et Margrethe Vestager, de la concurrence.

Premier axe de la stratégie : mieux armer l’Union européenne contre ses concurrents en facilitant l'émergence de champions européens dans le respect des principes de la libre-concurrence. “Par le biais de règles de concurrence claires il serait important d’avoir des leaders”, a annoncé Thierry Breton. Et Margrethe Vestager d’abonder : “Nous allons créer des champions très forts en donnant à chacun une force égale”

La Commission s’était pourtant opposée en 2019 à la fusion entre Alstom et Siemens craignant une situation de monopole mettant en péril la concurrence libre et non faussée au sein du marché unique. Cette affaire a mis en exergue les tensions inhérentes à la construction européenne. Historiquement, celles-ci opposent “les tenants d’une politique industrielle volontariste, visant à développer des champions européens, et d’autres plus soucieux de préserver les règles de la concurrence”, note Julie Pellegrin, économiste au Center for industrial studies.

Les PME au centre de la stratégie industrielle 

La deuxième priorité de cette nouvelle stratégie industrielle consiste en un meilleur soutien aux petits acteurs économiques, les PME. Pour cela, la Commission opte pour une approche écosystémique prenant en compte l’ensemble des acteurs d’un marché : les grands groupes, bien sûr, mais aussi les sous-traitants, les services et la recherche. Une nouvelle démarche que le député français Christian Ehler (PPE, droite) " accueille très favorablement ". Mais pour certains, les annonces suscitent des regrets. " La stratégie industrielle ne fixe pas d’objectifs contraignants en matière de développement durable et de décarbonisation ", déplore ainsi l'eurodéputée allemande Henrike Hahn (Les Verts). Pour la Commission, il reste désormais à convaincre les eurodéputés du bien-fondé de sa nouvelle politique industrielle, dès qu'une nouvelle session plénière du Parlement européen aura été reprogrammée. 

 

Romain Cazé et Myriam Mannhart

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