Le président français est pour quarante-huit heures sur le sol vietnamien. Dès ce mardi matin, le chef de l’État annonçait des contrats à la clef. Silence radio en revanche sur les droits de l'homme.
Le G20 de Hangzhou, en Chine, à peine refermé, le président français François Hollande est arrivé lundi soir au Vietnam pour une visite de quarante-huit heures. Son objectif : rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays, fortement déficitaires au détriment de la France. Il est le premier président français depuis 2004 à se rendre dans ce pays communiste où l'économie est l'une des plus dynamiques d'Asie du Sud-Est. En 2015, la croissance a atteint 6,68 % du PIB quand celle de la France atteint péniblement les 1,2%. Et avec un grand marché de plus de 90 millions de consommateurs, le Vietnam attire de plus en plus les investissements étrangers. "Ce que nous voulons à travers cette visite, c'est soutenir encore d'avantage les investissements français au Vietnam, les implantations et les accords commerciaux pour accéder pleinement au marché", a lancé le président français au côté de son homologue vietnamien Tran Dai Quang.
40 Airbus pour 5,8 milliards d’euros
Pour avancer les pions de la France dans son ancienne colonie, François Hollande est accompagné pendant ces deux jours de visite à Hanoï et Ho-Chi-Minh-Ville d'une quarantaine de dirigeants d'entreprises. Parmis eux, Fabrice Brégier (Airbus), qui a signé ce matin, à l'intérieur du palais présidentiel, à Hanoï, un contrat de plus de 6,5 milliards de dollars (5,8 milliards d’euros). Les deux compagnies low-cost vietnamiennes - Vietjet et Jetstar Pacific - vont acheter 30 appareils. La compagnie nationale Vietnam Airlines a signé une lettre d'intention d'achat pour dix autres.
Autre contrat, celui signé par Yves-Thibault de Silguy, vice-président de Vinci. Le groupe français développera le réseau autoroutier du pays, en coopération avec l'agence publique des routes vietnamiennes, Vietnam Expressway Corporation (VEC).
La France n'est pas la seule à profiter du dynamisme économique vietnamien. En mai dernier, le président américain Barack Obama était reparti avec plus de 11 milliards de dollars de contrat. Pas question pour autant de parler de basculement vers l'Occident pour Benoît de Tréglodé, directeur du programme Asie à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (Irsem). "Ce n'est pas guidé par une volonté d'intégrer un camps ou d'en quitter un autre. Il y a une volonté des vietnamiens qui est ancienne et traditionnelle d'équilibrer sa diplomatie pour éviter de dépendre trop fortement de la Chine, son voisin du nord".
Les droits de l'homme oubliés
Le président Français n'a en revanche glissé que quelques mots sur les droits de l'homme, se disant "très attentif à l'Etat de droit". Dans une lettre ouverte à François Hollande, trois ONG, dont la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), avaient fait part "de leur plus grande préoccupation concernant les graves violations des droits de l'homme" au Vietnam où " près de130 dissidents (sont) derrière les barreaux". "C'est une sorte d'ouverture savamment contrôlée où les prérogatives sécuritaires rentrent toujours en jeu, explique Benoît de Tréglodé. On le voit par rapport aux nouveaux dirigeants issus du 12e congrès du Parti communiste vietnamiens et qui viennent en partie de la filière sécuritaire. L'actuel président a notamment dirigé le ministère de la sécurité publique et les services secrets, les premiers à contrôler les dissidents dans le pays et à les emprisonner". L'ouverture du pays reste économique et n'entraîne pas dans sa dynamique les libertés individuelles.
Joris Bolomey