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07/09/17
17:23

Ouragans et dérèglement climatique : que disent les scientifiques ?

C'est l'un des ouragans les plus puissants de l'histoire. De la taille de la France, Irma a déferlé sur les Caraïbes. Classé catégorie 5, la plus élevée, le phénomène est encore plus puissant qu'Harvey, qui a frappé il y a à peine dix jours le Texas. Est-ce un hasard ? Pas sûr. Décryptage. 

Ivan

Pourquoi les ouragans se forment-ils ?

Plusieurs facteurs doivent se combiner pour former un ouragan (appelé cyclone ou typhon selon la zone géographique). "Il y a trois carburants : une eau supérieure à 26°C sur 60 mètres de profondeur, une quantité suffisante d'humidité dans l'atmosphère et une perturbation atmosphérique créant des vents tourbillonnants", explique Pierre Camberlin, chercheur au Centre de recherche de climatologie, rattaché à l'université de Bourgogne. Pour Irma, on constate que la température de surface de l'océan Atlantique nord tropical est très élevée, de 1 à 2°C de plus que les normales.

Les ouragans se multiplient ces dernières années. Est-ce confirmé scientifiquement ?

Selon des chercheurs américains, auteurs d'une étude publiée en 2005 dans la revue Science, le nombre et la durée des ouragans sur la planète sont stables depuis 35 ans. Un avis que le climatologue Jean Jouzel, ancien membre du GIEC (groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat), ne partage qu'à moitié. "Cela dépend de quelles régions du globe on parle. Mais en Atlantique nord par exemple, il est clair que leur nombre a augmenté", dit-t-il à Cuej Info. Le 5èmerapport du GIEC sur le changement climatique (publié à partir de 2013) a conclu que la fréquence et l'intensité des plus forts cyclones tropicaux (catégories 4 et 5) de l'Atlantique nord ont progressé depuis les années 1970.

Existe-t-il un lien direct entre formation des ouragans et dérèglement climatique ?

 

 

 

Le changement climatique ne provoquerait pas une augmentation du nombre d'ouragans. À l'avenir, leur fréquence aurait même tendance à baisser. "Cela s'expliquerait en partie car l'eau ne se réchauffe pas de manière homogène dans les océans. Mais nous essayons toujours de mieux comprendre les ressorts de cette potentielle diminution", confie Fabrice Chauvin, spécialiste des cyclones tropicaux au Centre national de recherches météorologiques. En revanche, l'intensité des cyclones pourrait être amplifiée par le dérèglement climatique. La température dans les zones tropicales où naissent les cyclones s'est élevée de 0,5°C entre 1970 et 2004. Il y a par conséquent plus de vapeur d'eau dans l'air. "Plus la température de l'eau et le taux d'humidité augmentent, plus les cyclones prennent de la puissance", rappelle Jean Jouzel. "Ces deux éléments sont plus intenses à cause de l'effet de serre. On estime qu'il y a 7 % d'humidité en plus dans l'atmosphère par degré de réchauffement". Dans le 5ème rapport du GIEC, les scientifiques estiment que les plus gros cyclones seront probablement plus puissants dans le futur. Le rapport souligne également qu'il est probable que la vitesse maximale des vents et les niveaux de précipitations s'intensifient.

Le changement climatique modifie-t-il les trajectoires des ouragans ?

Les cyclones risquent effectivement de se déplacer. "Dans le futur, les ouragans pourraient frapper des endroits qui n'étaient pas touchés auparavant", détaille Fabrice Chauvin. "Un cyclone comme Irma pourrait par exemple déferler sur l'Etat de Caroline". Ce phénomène pourrait être lié à l'extension des zones chaudes et humides de part et d'autre de l'Equateur.

Les catastrophes naturelles risquent-elles de se multiplier à l'avenir avec le dérèglement climatique ?

Pluies torrentielles, sécheresses récurrentes, feux de forêt, submersions côtières... Au-delà des ouragans, les évènements climatiques extrêmes risquent de s'accentuer. "Nous voyons une multiplication des preuves que le changement climatique rend les canicules plus extrêmes dans de nombreuses régions du globe", souligne Stephanie Herring, une scientifique de l'Agence américaine des océans et de l'atmosphère, dans des propos relayés par BFMTV. Les implications sur le long terme dépendront à la fois de la gestion des risques et des capacités d'adaptation qui divergent fortement selon les pays. La crainte des États insulaires est particulièrement vive. Aux phénomènes météorologiques s'ajoutent notamment les conséquences de l'acidification des océans et de la montée des eaux.

Marine Ernoult

 

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