Une bouteille à la mer, le second long métrage de Thierry Binisti, est sorti ce mercredi 8 février dans les salles. Esthétique, le film ne tient pourtant pas toutes ses promesses.
Tal Lévine (Agathe Bonitzer), une lycéenne française de 17 ans installée à Jérusalem avec sa famille, est chamboulée après un attentat-suicide dans un café du coin de sa rue.
En plein questionnement sur le pourquoi de la haine entre Israéliens et Palestiniens, Tale rédige, pour lutter contre sa peur et sa colère, une lettre à destination d'un Gazaoui, lui demande de parler de lui et de la vie dans la bande de Gaza, et ce qui peut amener un homme à se faire sauter pour donner la mort. Elle glisse la lettre dans une bouteille de whisky et charge son frère de la jeter dans la mer de Gaza, où il est en mission militaire.
Lorsqu'une bande de jeunes Gazaouis retrouve la bouteille, ils sont plusieurs à répondre à l'adresse mail laissée par l'adolescente. Malgré le ton agressif et moqueur des messages, elle répond au seul d'entre eux lui ayant écrit en anglais. C'est le point de départ d'une correspondance de plus en plus chaleureuse entre Tal et Naïm (Mahmud Shalaby), jusqu'à ce que la réalité de la guerre s'en mêle.
Le second long-métrage de Thierry Binisti, déjà auteur de l'Outremangeur avec Eric Cantona, est une adaptation à l'écran du roman Une bouteille dans la mer de Gaza de la française Valérie Zénatti, qui a obtenu plusieurs distinctions de livre de jeunesse. Sans surprise, c'est en premier lieu aux jeunes adolescents que s'adresse le film.
Le résultat est beau, la mise en scène offre une place importante à la poésie. Le film doit beaucoup à ses acteurs, avec une mention particulière à Mahmoud Shalaby dans le rôle d'un jeune Palestinien tiraillé entre les émotions.
La guerre au second plan
Dommage que la narration soit franchement niaise. Si l'on a bien affaire à une fable moderne, il est malgré cela regrettable que le contexte politique n'ait aucune valeur. On se retrouve finalement face à une histoire d'amour impossible à la Roméo et Juliette, qui aurait pu se passer dans n'importe quel territoire en conflit, tant les problématiques israélo-palestiniennes ont été laissées de côté. A peine les questions de morale liées à la guerre sont-elles évoquées, qu'elle se referment aussitôt.
En arrière-fond, le film propose une perception intéressante mais très romancée de la France, de sa langue et de sa culture vues par un jeune Palestinien. Dans l'ensemble, Une bouteille à la mer est un film charmant, mais dont la très faible exploitation du scénario, pourtant prometteur, laisse un amer goût d'inachevé.
Cedric Dolanc