Pour gouverner, Angela Merkel a besoin du soutien des sociaux-démocrates. La formation d'une nouvelle coalition est sujette à transactions avec le SPD de Martin Schulz. Après quelques jours de discussions, ils ont trouvé de nombreux points d'accord.
A Berlin, les sociaux-démocrates (SPD) et les chrétiens-démocrates (CDU et CSU), parti de la chancelière Angela Merkel, négocient depuis le 26 janvier en vue de former une grande coalition. Ils ont fixé le 4 février comme date butoir. Mais ils sont tombés d’accord sur plusieurs thèmes centraux. Le point sur les sujets les plus débattus.
Regroupement familial possible pour une certaine catégorie de réfugiés
La question du regroupement familial pour les « réfugiés à protection subsidiaire » a été un grand obstacle dans les tractations, mais finalement surmonté. Cette catégorie de migrants n’est pas persécutée politiquement, mais menacée de violence dans leur pays d’origine, comme la Syrie par exemple. Ces réfugiés profitent donc d’un droit de séjour d’un an qui peut être renouvelé. Fin décembre 2017, il y avait en Allemagne 191.000 réfugiés ayant ce statut. L’accord trouvé : jusqu’à fin juillet 2018, le regroupement reste suspendu, à partir d’août cette interdiction sera levée. Mais le regroupement sera strictement limité : 1000 personnes seront autorisées par mois de faire venir leur famille. Les détails doivent encore être négociés. Le 1er février, le Bundestag (parlement allemand) a approuvé ce règlement.
Concernant les réfugiés en général, l’afflux sera limité entre 180.000 et 222.000 personnes par an. Ils devront attendre le traitement de leurs demandes d’asile dans des « établissements centraux ». Quotas, limitation de déplacements, … L’Allemagne se dirige vers une politique migratoire plus restrictive.
Davantage d’investissements dans les services des soins
Autre sujet important pour ce pays frappé de vieillissement : la situation des services de santé. Selon des études citées par les médias allemands, l’Allemagne manquera en 2030 de plusieurs centaines de milliers d’infirmiers, notamment dans le secteur des soins aux personnes âgées. Par conséquent, les négociations prévoient la création immédiate de 8000 nouveaux postes dans l’aide aux personnes âgées. Leur rémunération sera augmentée.
Seul point de discorde : la question du système d’assurance maladie. Le SPD demande la mise en place d’une assurance citoyenne solidaire afin de « lutter contre une médecine à deux vitesses », comme le critiquait le chef de parti Martin Schulz. La CDU veut à tout prix maintenir la séparation entre les assurances privées, plus coûteuses et offrant plus de garanties, et les assurances publiques.
Education à plein temps
En matière d’éducation, le SPD et la CDU/CSU veulent développer les « écoles à plein temps » avec deux milliards d’euros. Souvent, les écoles primaires terminent les cours à midi, un problème pour beaucoup de parents qui travaillent. Les parents auront désormais le droit de demander une place pour leur enfant dans une « école à plein temps ». La numérisation sera également renforcée.
L’axe franco-allemand renforcé
Sans révéler les détails, les négociations ont débouché sur des avancées en matière européenne : l’Allemagne soutiendra Paris dans ses projets de réforme de l’Union. Le pays sera prêt à contribuer davantage au budget de l’UE, mais réclame en revanche un meilleur partage des responsabilités dans la politique migratoire au sein de l’Union européenne.
Clara Surges