Les JO de Pyeongchang étaient censés être exemplaires dans le respect de l’environnement. Mais, comme à Turin (2006), Vancouver (2010) et Sotchi (2014), le discours officiel masque d’importants rejets de CO2.
Le site des Jeux olympiques de Pyeongchang, où des arbres multicentenaires ont dû être abattus pour la piste de ski alpin. Crédits photo : Korean Culture and Information Service
Les organisateurs des JO de Pyeongchang ont fait de l’aspect écologique des Jeux un argument de communication. De nombreuses mesures étaient destinées à protéger l’environnement : neutralité carbone, bâtiments à haute norme environnementale, mesure quotidienne de la qualité de l’air et reboisement. Le Comité international olympique assure que le développement durable est un critère d’attribution des villes hôtes.
Cependant, les effets néfastes des Jeux sur l’environnement est souvent dénoncé par ses détracteurs. La construction des infrastructures et le déplacement des sportifs et des spectateurs occasionnent d’importants rejets de CO2. À Pyongchang, 1,6 million de tonnes d’équivalent CO2 ont été rejetés dans l’atmosphère (source : Pyeongchang 2018) et 50 000 arbres issus d’une forêt multi centenaire ont dû être abattus pour la piste de ski alpin.
Le Comité anti-olympique, créé en 2010 en protestation à la candidature d’Annecy pour les Jeux d’hiver 2018, alertait déjà sur ces risques. « Quel que soit l'enneigement, le C.I.O. impose la neige artificielle, dénonce le collectif. La consommation croissante d'eau des canons à neige engendre des conflits d'usage pour l'eau potable. Turin 2006 a consommé en quinze jours autant d’eau que 600 000 habitants en un an. » Les paysages d’alpage et de forêts qui composent les montagnes sont très dégradés par les Jeux, arguent-ils.
Le désastre de Sotchi
Les JO de Sotchi avaient battu des records de dégradation de l’environnement. La cité balnéaire, au climat méditerranéen, avait dû lutter contre la nature pour créer une fausse atmosphère d’hiver. Les organisateurs avaient installé 500 canons à neige et stocké 14 collines de neige, mélange de restes de l’année précédente et de produits artificiels. Un aéroport, 400 kilomètres de routes, 77 ponts et douze tunnels ont été construits pour l’événement. Des montagnes de déchets ont vu le jour, polluant cours d’eau, nappes phréatiques et atmosphère. Greenpeace et d’autres associations russes avaient pourtant fait abandonner un projet de construction dans le parc national de Sotchi, dans le Grushevy Ridge.
La cérémonie d'ouverture des JO d'hiver de Sotchi, organisés dans une cité balnéaire... au climat méditerranéen. Crédits photo : Kremlin.ru
Des efforts (insuffisants ?) pour des infrastructures pérennes
Pour les JO de Turin (2006), les organisateurs ont eu l’idée de placer la plupart des infrastructures en centre-ville, ce qui agrandit les chances de les réutiliser. Selon un rapport du CIO, 70 % des émissions de gaz à effet de serre ont pu être neutralisées. Cependant, ce rapport ne tient pas compte du transport des visiteurs qui se sont rendus à Turin. De plus, l’association italienne de défense de l’environnement Legambiente est plus critique sur la réutilisation des 65 infrastructures olympiques : stades à démolir ou à réadapter, gares ferroviaires en friches, parkings géants inutiles et parfois inadaptés, pistes de bobsleigh et tremplins peu ou pas utilisés.
La Fondation canadienne David Suzuki, qui lutte pour la préservation de l’environnement, a décerné une médaille médaille de bronze aux JO de Vancouver (2010). Des efforts ont été constatés dans la construction de bâtiments, l’utilisation d’énergies non polluantes, l’adoption de moyens de transports en commun. Des toits végétalisés avec système de récupération d’eau de pluie avaient été installés. Néanmoins, les émissions de gaz à effet de serre ont été huit fois supérieures à la normale pendant la période des Jeux du fait des déplacements (en avion, bus, voiture) des spectateurs, sportifs et journalistes.
Les organisateurs des JO d’hiver de Tokyo (2020) se sont engagés à organiser des Jeux « durables », s’inspirant d’un concept japonais, le « Mottainai, un genre d’état d’esprit anti-gaspillage ». Le CIO ne s’est pas privé d’en faire la promotion.
Thomas Porcheron