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12/09/18
09:40

L’Eglise en Allemagne dans le collimateur de la justice européenne

La Cour de Justice de l’Union européenne a condamné un hôpital catholique allemand pour le licenciement d'un médecin à la suite de son remariage. Le tribunal estime que l’Eglise a discriminé son employé.

La Cour de Justice de l’Union européenne devait statuer, mardi 11 septembre, sur le cas du médecin-chef de l’hôpital catholique Saint-Vincent de Düsseldorf licencié en 2008 après s’être marié une deuxième fois civilement. Son premier mariage religieux n’était pas annulé aux yeux de l'église. C’est pourquoi l’Eglise considérait qu'il avait violé ses « obligations de fidélité ». Selon les magistrats européens, cela représente une discrimination fondée sur la religion. Ils ont en conséquence condamné l'hôpital. Le deuxième mariage du médecin incriminé ne constitue pas « une exigence professionnelle essentielle ». De plus, un médecin protestant ou sans confession dans la même position n’aurait pas été licencié. Le cas a été renvoyé devant la Cour fédérale du travail en Allemagne pour une décision finale.

Une telle plainte ne serait pas possible en France car la laïcité instaure la séparation entre l’Eglise et l’Etat. En Allemagne, il s’agit plutôt d’une collaboration entre les deux : à l'école, les élèves ont des cours de religion enseignés par des professeurs ou des prêtres. L'Église offre un travail pastoral et l’Etat perçoit un impôt au bénéfice des églises.

L’influence de l’Eglise en Allemagne diminue, mais elle reste actuellement le deuxième plus grand employeur du pays. La Caritas et la Diakonie, les deux associations caritatives de l’Eglise catholique et de l’Eglise protestante, emploient environ un million des 1,3 million d’employés de l’Eglise. Ils gèrent notamment des écoles maternelles, des maisons de retraite et s’occupent des handicapés et des jeunes en difficulté. Les deux associations sont reconnues et très impliquées dans la société allemande.

La séparation stricte en France, à l’exception de l’Alsace-Moselle où les évêques sont payés par l’Etat, remonte à la loi de 1905. « En Allemagne, au début du 19ème siècle, les églises allemandes étaient toutes expropriées de leurs terres et de leurs biens. En contrepartie, l’Etat s’engageait à rémunérer les salariés de celle-ci », explique le professeur de théologie Karlheinz Ruhstorfer de l’université de Fribourg en Allemagne. Selon lui, les partis politiques ne semblent pas prêts à réformer ce système même si le parti libéral-démocrate (FDP) n’est pas partisan des versements. Outre-Rhin, «l’opinion publique de l’église est généralement positive», constate M. Ruhstorfer.

Melina Lang

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