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12/09/18
15:00

Pourquoi l'extrême droite est toujours très active dans l'Est de l'Allemagne

Alors que deux afghans sont soupçonnés d’avoir pris part  à la mort d’un jeune allemand dans la nuit de samedi à dimanche, l’extrême droite est redescendue dans la rue pour manifester contre la politique migratoire d’Angela Merkel. Une situation qui, quelques jours après les événements de Chemnitz,  inquiète beaucoup. Beate Küpper, docteur en sociologie à l’université Niederrhein, revient sur l’histoire de l’extrême droite et analyse son évolution.
 

L’Allemagne a-t-elle déjà été confrontée à une telle résurgence de l’extrême droite depuis la seconde guerre mondiale ?

Le pays a connu une flambée d’actions xénophobes et racistes dans les années 1990. Notamment à Hoyerswerda, dans la Saxe, où, en septembre 1991, plusieurs douzaines de néonazis ont agressé des travailleurs immigrés à coups de jets de pierres et des cocktails molotov contre leur lieu de résidence. La plupart des victimes étaient alors originaires du Vietnam. D’autres phénomènes identiques se sont produits en novembre 1992 à Mölln (quand deux néonazis ont provoqué un incendie criminel contre une maison habitée par des immigrés turcs, dans laquelle ont péri une femme et deux fillettes, ndlr). Et en mai 1993 à Solingen, dans l’ouest du pays (une famille turque de 5 personnes ont été tuées par des skinheads qui avaient incendié leur logement, ndlr).

Comment la situation a évolué dans les années 2000 ? 

Si les agressions racistes ont tout d’abord diminué, la situation s’est à nouveau aggravée depuis l’essor de Pegida et de l’AfD, en 2014, et l’arrivée massive de migrants. Déjà, en 2016, Amnesty international s’alarmait du nombre d'agression commis contre des centres d'accueil pour les demandeurs d’asile, 16 fois plus élevé en 2015 (1031) qu’en 2014, notamment dans l’Est de l’Allemagne. Un rapport de l’office fédéral de police criminelle (BKA) ainsi qu’une enquête de la fondation Friedrich Ebert (proche du parti socialiste allemand) parue en 2016 ont aussi documenté la progression de l’extrême droite en Allemagne de l’est. Bien sûr, ce rebond existe aussi en Allemagne de l’ouest, mais de manière plus isolée, moins agressive.

Pourquoi l’extrême droite prospère-t-elle davantage à l’est ?

Il y a plusieurs raisons. La première: l’est du pays  n’a jamais connu de processus de démocratisation après la seconde guerre mondiale et, par conséquent, l’extrême droite n’a pas disparu. La deuxième raison est d’ordre économique et sociale. À l’est, les salaires sont moins élevés qu’à l’ouest, ce qui entraîne un sentiment d’inégalité chez les citoyens est-allemands, qui se sentent relégués au rang de citoyens de « seconde » zone. Quand ils voient que les réfugiés perçoivent des aides financières, ce sentiment d’inégalité augmente. Enfin, la troisième raison, c’est le manque de structures en général où la démocratie peut s’exercer. Il y a moins d’associations, de clubs de sports pour les jeunes.Il faudrait développer davantage l’éducation politique. Mais il faut des moyens financiers, et des structures, et une réelle volonté politique. Surtout dans la région de la Saxe où le gouvernement du Land ne s’est pas encore réellement engagé pour la démocratie et contre le racisme, alors qu’il s’élève systématiquement contre l’extrême gauche. Pourtant c’est bien la première qui pose problème actuellement, pas la seconde. 

Selon une étude de la fondation Friedrich Ebert, deux allemands sur trois pensent que l’extrême droite pourrait encore progresser. Pensez-vous que cette crainte n’est pas prise au sérieux ? 

Oui, absolument. Et c’est problématique. Le gouvernement refuse d’admettre que les gens ont peur. Je pense qu’il faudrait condamner plus durement les militants et sympathisants d’extrême droite dès lors qu’ils profèrent des propos haineux. Il faut que les gens comprennent que dans ce genre de situation, la limite est déjà franchie.

Stefanie Ludwig

 

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