Le Parlement grec doit approuver dimanche le nouveau plan de rigueur. En jeu : une aide de 130 millards d'euros promise par l'Europe et l'effacement d'une partie de la dette grecque.
L'Eurogroupe, présidé par Jean-Claude Juncker (à gauche), en réunion avec l'ex-Premier ministre Georges Papandréou, le 3 juin 2011. (Photo : Πρωθυπουργός της Ελλάδας)
Une ministre socialiste et les quatre membres du gouvernement du parti d'extrême droite viennent de présenter ce vendredi leur démission. Un autre socialiste, le secrétaire d'Etat au Travail Iannis Koutsoukos, avait déjà annoncé jeudi qu'il quittait le gouvernement de coalition dirigé par Lucas Papademos. Tous s'opposent aux nouvelles mesures d'austérité demandées par les créanciers du pays.
Pourtant, l'Eurogroupe exige que ce nouveau plan de rigueur – issu d'un accord trouvé jeudi entre la Grèce et ses créanciers publics, surnommés la "Troïka" (l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international) – soit approuvé par le Parlement grec dans la nuit de dimanche à lundi. Réunis jeudi soir, les ministres de la zone euro ont également demandé au gouvernement grec de trouver 325 milliards d'euros d'économies budgétaires supplémentaires. Et aux partis de la coalition au pouvoir d'apporter des garanties écrites quant à leur soutien au plan de rigueur.
"En dépit des progrès importants réalisés ces derniers jours, nous n'avons pas eu tous les éléments nécessaires sur la table pour prendre des décisions", a déclaré le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, à l'issue de la réunion qui s'est tenue à Bruxelles. Reconnaissant des "échanges vifs", il a estimé que l'Europe ne peut " pas vivre dans un système où des promesses sont faites et répétées, mais où les mesures pour les mettre en oeuvre sont trop faibles".
Résumé de la conférence de presse, en anglais, de Jean-Claude Juncker, président de l'Eurogroupe, et Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques, à la sortie de la réunion de l'Eurogroupe, jeudi 9 février. (Vidéo : Benjamin Bouly-Rames/AFP)
La démission des ministres issus du parti d'extrême droite Laos n'est pas surprenante. Un peu plus tôt dans la journée de vendredi, le leader du parti, Georges Karatzaferis, avait annoncé qu'il ne voterai pas un plan qui « humilie le pays (…) et n'est pas sur la bonne voie ». Makis Voridis, ministre des Transports, Astérios Rodoulis et Adonis Géorgiadis, respectivement secrétaires d'Etat à l'Agriculture et à la Marine marchande, ont choisi d'adopter la ligne du parti.
Cette défection du parti d'extrême-droite ne compromet pas le vote du plan de rigueur par le Parlement grec dans la nuit de dimanche à lundi. La coalition gouvernementale dispose de 252 sièges, dont 16 seulement pour le Laos, sur les 300 de l'ensemble des députés.
En revanche, la défection de la socialiste Mariliza Xenoyannakopoulou, adjointe aux Affaires européennes, est plus problématique. C'est la seconde membre du Pasok à quitter le gouvernement. Or, une division des socialistes sur le plan de rigueur pourrait sérieusement remettre en cause son vote dimanche.
Aide vitale
Le plan d'aide de 130 milliards d'euros représente pourtant une aide vitale pour la Grèce, et de plus en plus urgente. Le pays risque de se retrouver en défaut de paiement le 20 mars, date à laquelle le gouvernement grec devra avoir remboursé 14,5 milliards d'obligations arrivées à expiration. "Le temps commence à manquer" pour parvenir à un accord global, mais "nous sommes encore dans les temps", a assuré Olli Rehn. Le commissaire européen aux Affaires économiques s'est aussi voulu rassurant en rappelant que le projet d'accord avec les créanciers privés pour effacer 100 milliards d'euros de dette est « pratiquement finalisé".
Les deux grandes centrales syndicales grecques et le syndicat communiste Pame ont lancé un appel à la grève générale pour protester contre ces nouvelles mesures d'austérité. Une forte mobilisation est attendue ces vendredi et samedi. Déjà, près de 8.000 manifestants étaient réunis dans les rues d'Athènes jeudi soir.
8 000 sympathisants de gauche étaient jeudi soir dans les rues d'Athènes. (Vidéo:Amélie Poinssot/AFP)
Marion Garreau