Jeudi après-midi, les créanciers privés auraient accepté un accord avec la Grèce, tandis que la BCE hésite encore sur l'ampleur de son soutien.
Le Premier ministre grec Lucas Papademos, en pourparlers avec les dirigeants de la coalition gouvernementale grecque, le 19 janvier 2012 (Photo : Πρωθυπουργός της Ελλάδας / CC BY-SA 2.0)
La Grèce est-elle sur le point de voir le bout du tunnel ? C'est du moins ce que le ministre des Finances grec, Evangélos Vénizélos, a laissé entendre, à son arrivée à une réunion de l'Eurogroupe jeudi après-midi. " Nous avons un accord avec les créanciers privés sur les principaux paramètres ".
Pour parvenir à atteindre les objectifs du sommet d'octobre 2011 (une dette équivalente à 120% du PIB d'ici 2020, au lieu de 160% aujourd'hui), les créanciers privés ont en effet été mis sous pression. Depuis quelques mois, ils sont poussés à accepter une décote de 70% de la valeur de leurs titres grecs.
Tous ces efforts visent à rassurer les agences de notation et le FMI. A leurs yeux, la première décote de la dette grecque (50%) n'était pas suffisante pour qu'ils acceptent de déclencher le second plan de sauvetage orchestré par la Troïka (FMI, BCE, UE), prévu pour le 13 février.
La BCE lâche du lest
Quelques heures plus tôt, le président de la BCE, Mario Draghi, a été moins bavard lors de la conférence de presse qu'il a donné à la suite du conseil des gouverneurs à Francfort. Il a tout de même rappelé qu'il voulait " éviter à tout prix une faillite grecque ". Actuellement, la dette du pays s'élève à 350 milliards d'euros.
Au milieu de sa conférence de presse, Mario Draghi a aussi surpris son petit monde en confirmant un accord final sur le plan d'austérité mis en place par le gouvernement grec. Cet accord au sein de la coalition gouvernementale était une condition indispensable au déblocage de prêts de 130 milliards d'euros promis au pays fin octobre par la zone euro.
Des élements restent à clarifier
Même si le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn a annoncé un accord de principe entre Athènes et ses créanciers publics, l'implication de la BCE sur les négociations grecques reste floue. Sous anonymat, un membre de la BCE a affirmé que la Banque centrale pourrait renoncer aux plus-values sur ses avoirs grecs.
En effet, l'institution a acquis ces avoirs à un taux très faible au printemps 2010. Aujourd'hui, elle serait prête à les revendre à prix coûtant, passant l'éponge sur 5 à 12 milliards d'euros, à savoir l'écart entre la valeur d'achat (35 à 48 milliards d'euros) et la valeur nominale (40 à 55 milliards d'euros).
A l'orée de la réunion des ministres des finances (Eurogroupe) ce jeudi soir, ces derniers restent prudents. L'Allemand Wolfgang Schaüble a prévenu que " la zone euro n'est pas encore prête à débloquer une nouvelle aide financière cruciale en faveur de la Grèce". La décision finale est reportée à la semaine prochaine.
Benjamin Edgard et Laure Siegel
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