Dans tout le pays, des manifestations ont eu lieu aujourd'hui. Chaque onze du mois et pour la sixième fois, des défenseurs des droits protestent contre la législation sur le viol, jugée obsolète.
La loi pénale japonaise sur les agressions sexuelles est vieille de 110 ans et n'a été révisée pour la première fois qu'en 2017./ Photo Unsplash Yohav Aziz
C’est la sixième fois que les Japonais descendent dans la rue pour exiger une protection des victimes de viol. A l’origine de la mobilisation, la relaxe d’un homme qui avait abusé sexuellement de sa fille entre ses 13 et 19 ans. La justice a bien établi que le père avait fait usage de violence et que la victime n’était pas consentante. Mais dans la loi nippone, il revient à l’accusation de prouver qu’il y a eu usage d’une force écrasante et de menaces ne permettant aucune résistance. Une disposition inacceptable pour les manifestants : ils ont lancé une pétition en ligne, qui a recueilli plus de 47 000 signatures.
Les articles du code pénal sur les agressions sexuelles sont vieux de 110 ans. Le 16 juin 2017, pour la première fois, certains ont été retoqués, avec notamment un prolongement de la peine de prison pour les violeurs, de trois à cinq ans. Mais l’exigence pour la victime de prouver qu’elle ne pouvait pas résister est restée.
Les protestations publiques des femmes japonaises se multiplient, comme en témoigne cette vidéo publiée par l'AFP sur Twitter :
« Les défenseurs des droits des femmes sortent dans les rues de Tokyo. La colère monte au Japon contre des lois "obsolètes" sur le viol : un homme a été relaxé, bien qu'il ait agressé sexuellement sa fille pendant des années. »
Il y quelques mois, la journaliste Shiori Ito avait publiquement parlé de son propre viol dans son livre « La boîte noire », un sujet inédit alors que #Metoo ne trouve que peu d’écho au Japon. Le pays se classe 110e sur 149 pays dans le dernier rapport du Forum économique mondial sur les inégalités entre les sexes, mais des voix se font entendre.
Caroline Celle et Marine Godelier