Le bilan du coronavirus 2019-nCoV s'alourdit en Chine et à travers le monde, avec 427 morts et 20 582 personnes contaminées. Les chercheurs essaient de comprendre l'origine de l'épidémie pour tenter de l'arrêter.
Le masque permet aux personnes infectées de diminuer la transmission du virus et permet également aux personnes non infectées de se protéger / CC BY-SA 2.0
Le 2019-nCoV est un nouveau coronavirus qui est apparu à Wuhan, en Chine. Il s’ajoute aux six membres de la famille des coronavirus susceptibles d’infecter l’homme. C’est donc le troisième virus pouvant provoquer des pneumonies telles que le SRAS-CoV ayant comme intermédiaire la civette palmiste ou encore le MERS-CoV transmis par les dromadaires.
Une épidémie d’origine animale
Cette « mystérieuse pneumonie », telle que présentée par les autorités chinoises, semble très probablement être d’origine animale. « Comme tous les coronavirus, la chauve-souris semble être le réservoir animal. Il est possible que la transmission vienne directement d’elle ou d’un autre animal intermédiaire », explique Morgane Solis, responsable de l’unité fonctionnelle STAP Microbiologie moléculaire à l’institut de virologie de Strasbourg.
Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Shanghai estiment aussi que le virus aurait un ancêtre présent chez les chauves-souris, le coronavirus HK9-1 découvert en Chine en 2011. Une autre équipe chinoise a, elle, indiqué que l’épidémie serait une recombinaison entre un coronavirus de chauve-souris et un coronavirus de serpent.
La provenance de cette épidémie est jusqu’à présent débattue chez les scientifiques. Toutefois ils sont sûrs que la transmission se fait par le contact avec les animaux vivants ou via leurs excrétas, et non par voie alimentaire. « Si on empiète sur le territoire des animaux, on risque de se retrouver en contact avec de nouveaux virus », ajoute Morgane Solis. Elle explique qu’avec la multiplication du contact avec ces animaux sauvages, la probabilité de passage inter-espèce augmente.
Un virus fragile
Aucun traitement n’existe jusqu’à ce jour, mais un mois a suffit à la communauté scientifique d’accumuler une importante masse de connaissances sur ce virus, même-si plusieurs questions sur le sujet, restent sans réponse. Il semblerait que le virus puisse persister brièvement dans l’environnement par le biais d’objets contaminés tels que des mouchoirs, mais les délais sont méconnus.
On sait qu’il se transmet plus facilement que la grippe, mais beaucoup moins que la rougeole. La fragilité de ce virus enveloppé, comme le virus de la grippe, fait qu’il résiste beaucoup moins dans l’environnement que les virus nus tel que le virus des gastroentérites. « Il semblerait que les patients puissent être contagieux peu de temps avant de développer les symptômes, comme c’est déjà le cas pour d’autres virus respiratoires », clarifie Morgane Solis.
Un vaccin développé d’ici vingt mois
Plusieurs laboratoires dans le monde, dont l’Institut Pasteur en France, assurent avoir isolé le virus. Le Centre national de référence Virus des infections respiratoires a confirmé, le 24 janvier, les trois premiers cas de patients touchés par le virus de Wuhan sur le territoire français. Leurs échantillons ont permis aux chercheurs de séquencer le génome viral, ce qui rend possible la comparaison de la séquence avec la vingtaine d’autres présentes dans le monde.
Ils ont pu mettre en culture le coronavirus et débutent les tests de vaccins et de traitements possibles. Certains médecins font des tentatives à partir de cocktails de médicaments utilisés dans d’autres pathologies.
Mais même si ces derniers tentent d’élaborer un vaccin à cette épidémie, le processus entre l’expérimentation du traitement et sa généralisation prend beaucoup de temps. Il ne pourra être développé et testé sur l’homme que d’ici vingt mois. « Il faut isoler et suivre les cas identifiés afin de bloquer les chaînes de transmission », conclut Morgane Solis.
Aïcha Debouza