La nouvelle application de décompte des votes serait à l’origine du fiasco des primaires dans l'Etat américain de l’Iowa.
Shadow Inc. a été créée afin de développer des outils numériques pour faire campagne. Photo Emma Conquet / Cuej
Lundi 3 février, le petit État de l’Iowa a ouvert le bal des primaires démocrates, afin de désigner le candidat à la présidentielle américaine en novembre. Mais la soirée ne s’est pas déroulée comme prévu. Alors que la compilation des résultats n’aurait dû prendre que quelques minutes, grâce à une application mobile créée pour l’occasion, les responsables locaux du parti démocrate ont remarqué une incohérence dans le décompte des votes. Décontenancés, ils n’ont pas été en mesure de donner le nom du vainqueur, reportant l’annonce des résultats au lendemain.
Pointée du doigt, l’application – sans nom et restée secrète – choisie par les démocrates pour comptabiliser les votes du caucus serait en partie responsable de ce fiasco. Elle a été développée par la petite start up Shadow Inc., comme le rapporte le quotidien américain New York Times, afin de faciliter le processus des primaires, sans avoir à passer des appels téléphoniques.
Des bugs techniques
Problème : au moment d’envoyer les résultats vers le siège du parti à Des Moines, la capitale de l’Iowa, les responsables des 1700 bureaux de votes ont rencontré des difficultés de connexion, des problèmes dans les délais d’envoi… Le parti avait certes prévu un numéro de téléphone pour communiquer les chiffres, en cas de souci avec l’application. Mais certains bureaux, notamment les plus mal couverts par le réseau mobile, ont tenté de passer des appels téléphoniques pendant des heures. En vain.
« [Il s’agit] seulement d'un problème de rapport, a déclaré Mandy McClure, porte-parole du parti démocrate. L’application n’est pas tombée en panne et il n’y a pas eu de piratage ou d’intrusion. » Les responsables démocrates ont rapidement tenté de rassurer les électeurs, précisant que les données avaient été collectées mais qu’un « problème de code » ne leur permettait pas de les analyser.
Une application qui ne fait pas l’unanimité
Mais le mal était fait, et la débâcle a rapidement fait réagir les supporters et opposants des douze candidats en lice. Le dispositif aurait été créé et développé ces deux derniers mois, et jamais testé dans des conditions réelles. Donc certainement peu préparé à des élections de cette ampleur.
D’après le New York Times, cette application ne faisait pas non plus l’unanimité parmi les démocrates eux-mêmes. Les soutiens du candidat Bernie Sanders n’ont pas tardé à parler de « manipulation », après avoir découvert que des responsables de la campagne d’Hillary Clinton en 2016 seraient à la tête de Shadow Inc. Cette année-là, l’ancienne secrétaire d’État avait battu son rival malheureux à la primaire démocrate, et les militants du sénateur du Vermont avaient immédiatement reproché au parti d’avoir favorisé la candidate. Longtemps donnée gagnante dans les sondages, et majoritaire en nombre de voix, Hillary Clinton avait finalement été battue par le républicain Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 8 novembre 2016.
Laurie Correia