La procédure de destitution a échoué, mercredi 5 février, à déboulonner le président américain. Pas vraiment surprenant vu des Etats-Unis.
Le suspense n’était pas vraiment à son comble. Mercredi 5 février, Donald Trump a, sans surprise, été acquitté par les élus des Etats-Unis sur les chefs d’abus de pouvoir et d’obstruction au Congrès. Un échec pour les démocrates, qui avaient entamé la procédure d’impeachment après la découverte d’échanges téléphoniques entre le 45e POTUS (President of the United States) et son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, visant à incriminer l’ex vice-président Joe Biden.
Le juge de la Cour suprême, en charge du dossier, a prononcé l’acquittement en direct sur la chaîne parlementaire C-SPAN : « Il est ainsi ordonné et jugé que ledit Donald John Trump soit, et est par la présente acquitté des charges desdits articles. »
Les médias conservateurs applaudissent, ceux démocrates font grise mine
La victoire fut facile selon les médias conservateurs - « accablante » pour Fox News- qui ne cessent de rappeler que le locataire de la Maison Blanche « a toujours nié les faits » et « maintient son innocence », comme le fait le New York Post.
Railleur, le président américain a réagi à l’échec de la procédure de destitution mercredi soir sur Twitter. « Trump 4eva », « Trump pour toujours ». Comprendre qu’il entend rester à la Maison Blanche ad vitam æternam.
Du côté des démocrates, la défaite est aigre. Leur cheffe Nancy Pelosi a réagi sur Instagram, regrettant « [la normalisation] de l’illégalité et [le rejet] de l’équilibre des pouvoirs de notre Constitution ».
Le vote a été partisan : aucun sénateur de l’opposition n’a choisi d’acquitter Donald Trump, même ceux dont les États menacent de virer au rouge, donc de voter pour le parti démocrate aux prochaines élections. La surprise de ce procès est venue de l’autre côté de l’hémicycle. Mitt Romney, sénateur de l’Utah et candidat à la présidentielle de 2012, a été « le seul Républicain à franchir les lignes partisanes », « donnant aux démocrates le cadeau d’une condamnation bipartisane », rappelle Time.
Politico décrit de son côté « un rebondissement de dernière minute » qui a « pris au dépourvu la Maison Blanche et ses alliés ». Mitt Romney l’a annoncé plus tôt dans la journée, des sanglots dans la voix, s’en référant à Dieu, condamnant « un effroyable abus de la confiance du public ».
Un changement de bord historique
Un éditorialiste du Daily Beast salue « cette bonne décision » et le « courage » dont le sénateur américain a fait preuve. Mais ce changement de bord est surtout historique comme le dit Chris Hayes, journaliste à MSNBC. « Romney va devenir le premier sénateur américain de l’histoire à voter pour la destitution d’un président de son propre parti. »
La réponse des partisans du chef de l’État sur Instagram n’a pas tardé. Son fils Donald Trump Jr traite le sénateur de « fillette » et le considère « amer de ne jamais pouvoir être POTUS » et « trop faible pour battre les démocrates, c’est pourquoi il les rejoint ». Il appelle à son expulsion du parti républicain.
Une procédure qui reste une mauvaise pub pour Donald Trump
Pour un éditorialiste du Wall Street Journal, le conflit entre Donald Trump et les démocrates relève presque de la fiction. Pour lui, l’opposition « a créé un méchant, digne de Star Wars » afin de masquer les divisions internes.
Malgré son issue, le procès reste « historique » pour le New York Times, qui précise tout de même que « les deux parties sont d’accord. Le verdict final sur Donald Trump sera rendu par les électeurs quand ils voteront dans neuf mois à peine ».
Cela reste donc un très mauvais coup de pub pour le président des États-Unis, comme l’explique le Washington Post : « Trump aura pour toujours une astérisque à côté de son nom, en tant que troisième président à avoir fait l’objet d’une procédure d’impeachment. […] Pour la première fois de l’histoire moderne, nous verrons un président chercher sa réélection avec le fardeau de cette astérisque. »
Le procès se jouera donc en partie dans les urnes, ce qui réjouit Fox News : « Cela laisse le verdict final aux dizaines de millions d’Américains, plutôt qu’à 100 sénateurs. » Surtout que la cote de popularité du président américain est particulièrement haute chez les Républicains, avec 94 % d’approbation chez ses partisans. Un record depuis son élection en 2016.
Judith Barbe