Depuis son accession au trône, le roi est souvent présenté comme un fervent défenseur de l’environnement. Pour autant, rien n’assure que ses convictions se transforment en actions.
Charles III, présenté comme un fervent défenseur de l'environnement, sera désormais tenu au devoir de neutralité qui lui incombe en tant que souverain. Photo libre de droit
« Le coût de l’inaction est bien plus élevé que le coût de la prévention. » C’est ainsi que le roi Charles (encore prince de Galles à l’époque) avait exhorté les États à agir lors de la cérémonie d’ouverture de la COP 26 à Glasgow (Écosse), le 1er novembre 2021.
Depuis les années 1970, Charles prend position pour la planète. Connu pour ses engagements, son jardin de la Highgrove House, où il impose en 1985 une agriculture biologique et bannit tout pesticide, mais aussi son Aston Martin modifiée pour fonctionner en partie au bioéthanol, il a, dès son accession au pouvoir, été qualifié de « roi écolo » par la presse. Pourtant, sa nouvelle fonction lui impose plus de discrétion sur ses opinions.
Un devoir de neutralité
Jugé trop partial pour un futur monarque, Charles est désormais soumis à un devoir de neutralité. En 2018, il avait déjà annoncé avoir pris la décision de ne plus prendre la parole publiquement lorsqu’il monterait sur le trône. Lors de son premier discours en tant que monarque, le samedi 10 septembre dernier, Charles a affirmé vouloir « poursuivre le travail de sa mère », décédée deux jours auparavant, et donc garder pour lui ses convictions personnelles.
Lors de ses entretiens hebdomadaires avec Liz Truss, la nouvelle Première ministre du Royaume Uni, Charles III devrait être confronté à des positions bien éloignées de ses convictions, puisque la nouvelle locataire de Downing street ne fait pas de la lutte contre le changement climatique une priorité. Celle qui est surnommée « l’amie du pétrole » (par les médias français) souhaite notamment revenir sur l'objectif du Royaume-Uni d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
Une couronne pas franchement écolo
La couronne britannique n’est pas non plus connue pour son exemplarité en matière d’environnement. L’an passé, le quotidien The Guardian a révélé que la famille royale, et notamment la reine Elizabeth, a secrètement fait pression sur les ministres écossais pour obtenir une exemption à la loi sur le climat, afin d’éviter que des « pipelines verts » (pour chauffer les bâtiments à l’aide d’énergie renouvelable) ne passent au travers des terres de la famille royale.
Outre Atlantique, les prises de positions de Charles et plus récemment de William, prince de Galles, sur la question de la surpopulation dans un discours proclamé en 2010 au Sheldonian Theater de l’Université d’Oxford, ont été rapportées par le Washington Post. Le prince Charles avait alors nommé la croissance démographique dans les pays émergents, et notamment celle du Nigeria, comme l’une des causes de l’accélération du changement climatique. Des déclarations jugées discriminatoires.
Le bilan carbone de quarante Français
Charles publie chaque année son bilan carbone annuel. D’après le dernier, publié en mars 2022, le souverain a émis 445 tonnes de CO2 en un an. C’est près de quarante fois le bilan carbone moyen d’un Français ou d’un citoyen britannique, selon les estimations de l’Ademe et d’Oxfam Scotland.
Il lui est notamment reproché son utilisation abusive du transport aérien, en jet ou en hélicoptère. En 2021, Charles avait déjà créé la polémique en se rendant à Glasgow, lors de la COP26, en jet privé, pour un trajet de moins d’une heure. Depuis le décès de sa mère Elizabeth II le 8 septembre dernier, le roi Charles III a au moins emprunté sept fois un jet privé, pour des trajets parfois encore plus courts.
Baptiste Candas
Édité par Louise Llavori