L'Union chrétienne-démocrate est arrivée en tête de l'élection au parlement local de Berlin avec autour de 28% des suffrages, contre environ 18% pour les sociaux-démocrates du SPD.
Franziska Giffey, maire actuelle de Berlin, sociale-démocrate. CC/Olaf Kosinsky
Depuis dimanche 12 février, le sénat de Berlin se trouve dans une impasse. Les habitants de Berlin, ville-état, ont coché deux cases sur leur bulletin de vote. Une pour leur représentants au sénat de Berlin et une pour un parti politique, qui va désigner le maire de la ville. Après cette élection, le parti social-démocrate risque pour la première fois depuis 22 ans, de perdre la mairie. Il pourrait être remplacé par la CDU, le parti conservateur qui a remporté près de 30 % des voix – une augmentation de presque 10 points par rapport à l’élection précédente en 2021.
Élection non-valide en 2021
Déclarée non valide par la cour constitutionnelle il y a trois mois, cette élection a dû être rejouée dimanche. Bulletins de vote invalides voire pas de bulletins du tout, de longues files d’attente devant les bureaux de vote… les déboires pendant les élections de 2021 étaient multiples. Leurs raisons aussi. Outre les élections municipales, la capitale allemande avait dans le même temps organisé les élections fédérales et deux autres votes. A cela s'ajoutaient les restrictions sanitaires dans les bureaux de vote et des problèmes avec le vote par correspondance. Ce jour-là, le SPD, parti social-démocrate, avait remporté l’élection. Dimanche, elle se retrouve 10 % derrière son opposant conservateur.
Pourquoi ce demi-tour maintenant ?
Un résultat que Franziska Giffey, sociale-démocrate, explique par la situation difficile dans laquelle elle a repris la mairie de Berlin.
« Un an, c'est court quand on gère trois crises en même temps et qu'on refait des élections », expliquait-elle le soir des élections. Elle fait référence à la pandémie, à la guerre en Ukraine, et à la crise énergétique. Les autres grands enjeux de la capitale sont la justice sociale, la construction de logements abordables et le transport.
Mais , seulement 24 % des personnes à Berlin estiment que le gouvernement de Franziska Giffey a relevé ces défis de manière satisfaisante, dévoile une sondage infratest, institut de recherche allemande. À ce mécontentement s’ajoute, une colère contre « une ville non-fonctionnelle », un argument avancé entre-autre par la CDU pendant la campagne électorale.
Une campagne durant lequel le parti a connu du succès. Pourtant, si la CDU arrive en première position, elle n’obtient que 30 % des voix et doit ainsi convaincre un autre parti de former une majorité. Si les sociaux-démocrates et les Verts se déclarent ouverts à la discussion, ils préféreraient s’unir avec le parti gauche, afin d’obtenir une majorité et maintenir Franziska Giffey au poste de maire.
Situation paradoxale
Le même sondage montre une situation paradoxale dans la capitale d’Allemagne : alors que 36 % des Berlinois sont favorables à un maire conservateur, la plupart ne souhaite pas de coalition entre CDU et SPD ni entre CDU et les Verts. Même s’ils sont mécontents avec leur gouvernement actuel, personne d’autre ne trouve grâce à leurs yeux.
Et maintenant ?
Dans cette situation opaque, tout les acteurs essaient de tirer la couverture à eux. Les conservateurs insistent sur le fait qu’ils ont bien reçu le mandat et veulent créer un gouvernement le plus rapidement possible en négociant avec les sociaux-démocrates et les Verts. Les sociaux-démocrates insistent sur le fait de leur côté qu’avec les Verts et le parti de gauche ils ont aussi une majorité et donc un mandat pour gouverner la capitale. Le bras de fer entre les forces qui réclament le poste de maire de Berlin ne s’annonce pas simple.
Luise Mösle
Infographies par Loris Rinaldi
Édité par Audrey Senecal