Un sommet réunit à Madrid ces vendredi 7 et samedi 8 février les partis de “Patriotes pour l’Europe”. Webex fait le point sur la position du groupe, entre extrême droite classique et penchant trumpiste.
Né des cendres du groupe Identité et démocratie, le groupe Patriotes pour l’Europe a été fondé à l’initiative de Viktor Orban à la suite des élections européennes de juin 2024. Présidé par Jordan Bardella, le chef du Rassemblement national, il rassemble les partis d’extrême droite souverainiste du continent et compte 86 eurodéputés sur les 720 sièges du Parlement européen.
Le RN est le premier parti du groupe, avec 30 eurodéputés, suivi par le Fidesz hongrois (parti de Viktor Orban), la Ligue italienne, et les partis d’extrême droite tchèque et autrichien. L’objectif de ce nouveau groupe est de former une alternative aux socialistes et à la droite traditionnelle, les deux premières forces au Parlement. Avec l’exemple de quelques débats clés en Europe, Webex décrypte le détail de cette position.
Lutte contre l’immigration
Sans surprise, la lutte contre immigration est un sujet majeur pour le groupe d’extrême droite. Le dernier texte européen majeur voté à ce sujet, le “pacte asile et migration” vise à créer un mécanisme de solidarité entre pays membres en cas d’arrivées massives de migrants. Il a été adopté en mai 2024, avant la création des Patriotes. Le Rassemblement national, première force des Patriotes, avait alors fustigé un “appel d’air [...] alors que la submersion migratoire a déjà des conséquences importantes”.
Sur les questions environnementales, les Patriotes s’opposent au Pacte vert européen, un ensemble de mesures qui visent à rendre l’Europe neutre en carbone d’ici 2050. Fin janvier, le président du groupe Jordan Bardella a appelé à une grande alliance des droites européennes contre le pacte et s’y oppose au nom de la compétitivité.
Rapprochement avec Trump
Les Patriotes se démarquent également par leur rapprochement avec Donald Trump. Le chef du parti espagnol Vox et hôte du sommet de Madrid, Santiago Abascal, a participé à l’investiture du 47e président américain. Le slogan du sommet, “Make Europe Great Again”, est même une référence directe à l’idéologie souverainiste de Donald Trump. Son bras droit Elon Musk sera d’ailleurs présent à Madrid.
La contradiction entre la ligne nationaliste à l’échelle des pays européens et l’entente affichée avec Donald Trump ne manque pas de faire réagir à gauche. “Ce sont des gens qui se disent patriotes, mais qui finalement se vendent aux intérêts de la puissance américaine”, accuse l’eurodéputée socialiste Aurore Lalucq auprès de Franceinfo.
Fragmentation au Parlement
Cette focalisation de l’attention sur les Patriotes, qui est aussi l’objectif du sommet de Madrid, ne doit pas faire oublier que l’extrême droite a subi une fragmentation lors des dernières élections européennes. Passée de deux groupes à trois au Parlement, l’extrême droite européenne se distingue aussi par les dissensions internes.
Le Rassemblement national s’était notamment écarté de l’AfD allemande, après plusieurs scandales. En mai 2024, pendant les campagnes européennes, la tête de liste Jordan Bardella avait déclaré que le parti allemand avait “franchi des lignes [qu’il] considère comme rouges”. La goutte d’eau était une déclaration de Maximilian Krah, tête de liste AfD, selon laquelle un SS “n’est pas automatiquement un criminel”.
En réponse à cette fracture, l’AfD ne fait pas partie du groupe Patriotes. Le parti allemand a créé son propre groupe, Europe des nations souveraines (ESN), encore plus à droite et se présentant “contre l’islamisation de l’Europe”.
Abel Berthomier
Edité par Gustave Pinard