Photo : Flickr/Laurent Guedon/CC
Pierre Moscovici l'a fait. L'ancien ministre français sera, sous réserve d'approbation du Parlement, le prochain commissaire aux affaires économiques et monétaires. Un succès personnel qui ne profitera peut-être pas à la France. Revue de presse.
Pourquoi cette nomination n'était pas gagnée d'avance ?
Le gouvernement français s'est rapidement félicité du choix de Jean-Claude Juncker, « conforme à la demande et aux souhaits de la France ». Il faut dire que cette décision n'était pas acquise. Longtemps, il a semblé que Pierre Moscovici n'obtiendrait que le poste de commissaire à la concurrence. L'Allemagne en particulier s'opposait à un tel choix, celui d'un représentant d'un pays jugé laxiste en matière budgétaire. Mais Berlin s'est finalement résigné.
Pourquoi l'Allemagne a cédé ?
La Croix y voit une affirmation d'indépendance de Jean-Claude Juncker, vis-à-vis de l'Allemagne. Mais, si Berlin a finalement cédé, c'est avant tout parce qu'elle a obtenu ce qu'elle voulait. Le Polonais Donald Tusk a été nommé à la présidence du Conseil européen. L’Espagnol Luis de Guindos remplacera comme président de l'Eurogroupe le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem à la fin de son mandat.
Et Pierre Moscovici sera bien encadré. Partisan convaincu de l'austérité, le Letton Valdis Dombrovskis s'occupera des politiques de l'euro et du dialogue social. Surtout, l'ex-Premier ministre finlandais Jyrki Katainen, défenseur de l'orthodoxie budgétaire, devient vice-président de la Commission, chargé de l'emploi, de la croissance, de l'investissement et de la concurrence. Pour les Echos, la nomination de ce dernier a servi de monnaie d'échange pour que Berlin accepte de laisser l'Economie à Pierre Moscovici.
Est-ce que la nomination va profiter à la France ?
Avant sa nomination, Pierre Moscovici avait déjà tracé les contours de l'Europe tel qu'il la désirait. Il avait ainsi évoqué une UE «moins libérale » et une « politique économique globale et inventive ». Mais, sitôt le choix de Jean-Claude Juncker acté, l'ancien ministre français a affirmé devant des journalistes à Bruxelles que les règles étaient sa « boussole » : « quand on vient à la Commission, on n'oublie pas sa nationalité, ses convictions, a-t-il ajouté. Je suis social-démocrate et fier de l'être mais on devient commissaire européen, défenseur de l'intérêt général européen ».
Le Monde veut croire que l'ancien ministre des Finances sera « à même de porter un message moins revêche sur le rythme et l'ampleur de la réduction des déficits budgétaires des pays membres ». Mais la vérité sera peut-être plus proche des paroles de Jean-Claude Juncker : « avec cette nomination, peut-être nos amis français comprendront mieux le fond, la justification et la nécessité des politiques de consolidation et de croissance que nous devons mettre en place. »
Alexis Boyer
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