Le président russe était mardi en Hongrie pour négocier un contrat gazier. Mais cette visite devrait aussi permettre de resserrer les liens entre les deux pays, alors que le conflit ukrainien s'enlise.
Viktor Orban (à g.) et Vladimir Poutine (à d.) lors d'une précédente rencontre à Moscou en janvier 2014. Photo : Kremlin.ru via Wikimedia Commons
Lundi soir, il était au téléphone avec Angela Merkel et Petro Porochenko, les dirigeants allemand et ukrainien. Mardi, Vladimir Poutine s'est rendu au sein même de l'Union européenne, en Hongrie. Alors que le cessez-le-feu mis en place dimanche peine à être respecté et que Bruxelles appelle au retrait des armes lourdes, le président russe joue la carte de la bonne entente avec Budapest.
Ce pays, frontalier avec l'Ukraine, est considéré comme l'allié européen le plus proche de Moscou dans le contexte tendu de la crise actuelle. En faisant ce déplacement, Poutine envoie donc un message aux dirigeants occidentaux : il bénéficie au moins d'un allié au sein de l'UE. Viktor Orban, conservateur Premier ministre hongrois et souvent rappelé à l'ordre par les institutions européennes, dit « admirer le président russe et son modèle de démocratie non libérale ». Mais les deux pays sont surtout très liés, notamment sur le plan énergétique.
La Hongrie est endettée à hauteur de 10 milliards d'euros, suite à un contrat passé l'an dernier pour la construction de deux réacteurs nucléaires russes près de Budapest. Par ailleurs, le pays est dépendant des hydrocarbures russes qui représentent 80 % de son pétrole et 70 % de son gaz. Officiellement, Vladimir Poutine vient d'ailleurs pour discuter d'un nouveau contrat gazier. La Hongrie était aussi l'un des pays clés du projet de gazoduc South Stream. Ce pipeline devait livrer du gaz à l'Europe en contournant l'Ukraine, mais il a finalement été abandonné suite aux pressions de l'UE début décembre 2014.
Sur la question ukrainienne, si Viktor Orban n'est pas tout à fait d'accord avec les sanctions européennes envers la Russie, il ne se pose pas non plus en défenseur de Moscou et suit Bruxelles. Vladimir Poutine venait d'ailleurs pour convaincre la Hongrie d'adopter une position différente au sein de l'Union.
Mardi, Kiev accusait toujours le Kremlin et les rebelles pro-russes de menacer le processus de paix.
Marie Foult