Comment nous avons procédé
Graphique vote RN en Alsace de 1994 à 2019 : Les scores sont en pourcentages des inscrits sur les listes électorales car cela permet de prendre en compte l’abstention et, ainsi, d’évaluer la réelle mobilisation des électeurs RN.
Progression du vote FN/RN entre 1999 et 2019 : Nous avons choisi d’étudier les résultats du RN aux élections européennes de 1999 et 2019 par commune, afin d’observer l’évolution des scores du parti en Alsace en 20 ans. Durant cette période, certaines communes ont fusionné. Dans un souci d’harmonisation, nous avons donc travaillé sur la base des communes après fusion. Pour chaque commune, nous avons calculé le pourcentage de votes RN sur la totalité des votes exprimés (et non des inscrits, notre carte ne prend donc pas en compte l’abstention), puis calculé l’évolution en points de pourcentages. Sur ces données, nous avons utilisé la méthode des quantiles, afin de pouvoir les classer par couleurs, plus ou moins prononcées. Cela nous a permis de faire apparaître visuellement les communes où le RN a le plus progressé.
Graphiques : comparaison revenu / PCS / diplômes : Nous avons sélectionné deux échantillons de 44 communes alsaciennes. Celles où le RN enregistre le meilleur score aux élections européennes et, inversement, celles où le parti a recueilli le moins de votes. Ces 88 communes représentent ainsi un dixième de l’ensemble des 880 qui composent le territoire.
L’Alsace est donc légèrement au-dessus de la moyenne nationale depuis 25 ans lors des élections européennes. Cet écart est bien plus marqué lors des élections présidentielles même s’il se réduit depuis 2012 en parallèle de l’explosion générale du vote RN et de l’arrivée de Marine Le Pen.
La présence de plusieurs institutions européennes dans la ville de Strasbourg, et la proximité de l’Alsace avec son voisin allemand, n’empêchent pas d’en faire une place forte du parti profondément eurosceptique. Un rapide retour en arrière permet d’établir une correspondance entre le vote d’extrême-droite et le rejet d’une Europe forte. A titre d’exemple, lors du référendum de 2005 sur l’adoption d’une Constitution européenne, certains cantons alsaciens ont enregistré un taux de « Oui » particulièrement faible. C’est le cas de Saales (42,5%) et de Schirmeck (43,4%), deux communes où le RN arrivait largement en tête lors des européennes de 2019, avec respectivement 33,3% et 33,4%.
En 1999, un vote dispersé sur le territoire
« Lors des premières élections européennes en présence du Front national, en 1984, le vote était majoritairement urbain, avance Bernard Schwengler. Progressivement, il est devenu rural. » Quinze ans plus tard, lors des élections de 1999, les communes où le parti comptabilise de bons scores sont réparties plus uniformément sur l’ensemble du territoire. Même si certaines zones concentrent, en pourcentages, plus de votes en faveur de l’extrême droite.
Pour Richard Kleinschmager, politologue et président de l’Université populaire de Strasbourg, les vallées industrielles du Sud comme Masevaux et Getwiller, les alentours de Mulhouse, ou encore l’Alsace Bossue, sont, depuis longtemps, des fiefs du RN. Ce sont aussi des territoires ruraux, l’industrie alsacienne ayant la particularité d’être historiquement implantée dans les campagnes. « La figure de l’ouvrier-paysan, à cheval sur les deux mondes, est une singularité de la région », analyse-t-il. L’exode rural a donc été moins important sur ce territoire qu’ailleurs en France, et aujourd’hui encore, les catégories populaires y sont plus nombreuses que dans les agglomérations.
Ainsi, la perception du nombre d’immigrés est différente du nombre réel. Ce ressenti influence directement le vote RN, souvent motivé par la peur ou l’hostilité envers les immigrés. Un aspect appuyé par Bernard Schwengler : « Quand je travaillais sur ma thèse, les électeurs FN me disaient qu’ils ne côtoyaient pas forcément d’immigrés là où ils habitaient, mais plutôt quand ils allaient à Strasbourg. »
Victor Boutonnat, Emma Conquet, Laurie Correia, Aïcha Debouza, Mickaël Duché, Thémïs Laporte, Robin Magnier, Julia Toussaint
En 1999, un vote dispersé sur le territoire
« Lors des premières élections européennes en présence du Front national, en 1984, le vote était majoritairement urbain, avance Bernard Schwengler. Progressivement, il est devenu rural. » Quinze ans plus tard, lors des élections de 1999, les communes où le parti comptabilise de bons scores sont réparties plus uniformément sur l’ensemble du territoire. Même si certaines zones concentrent, en pourcentage, plus de votes en faveur de l’extrême droite.
Pour Richard Kleinschmager, politologue et président de l’Université populaire de Strasbourg, les vallées industrielles du Sud comme Masevaux et Getwiller, les alentours de Mulhouse, ou encore l’Alsace Bossue, sont, depuis longtemps, des fiefs du RN. Ce sont aussi des territoires ruraux, l’industrie alsacienne ayant la particularité d’être historiquement implantée dans les campagnes. « La figure de l’ouvrier-paysan, à cheval sur les deux mondes, est une singularité de la région », analyse-t-il. L’exode rural a donc été moins important sur ce territoire qu’ailleurs en France, et aujourd’hui encore, les catégories populaires y sont plus nombreuses que dans les agglomérations.
Le 26 mai 2019, lors des élections européennes, le Rassemblement national (RN) est sorti vainqueur avec « Prenez le pouvoir, une liste soutenue par Marine Le Pen » et menée par Jordan Bardella. Il obtient ainsi 23,3 % des suffrages exprimés, un score légèrement inférieur à celui de 2014. En Alsace, le score du parti d’extrême-droite, anciennement Front national (FN), y dépasse systématiquement la moyenne nationale.
Le Rassemblement national est arrivé en tête lors des élections européennes de mai 2019, en France comme en Alsace. Un résultat qui s’explique par un ancrage fort dans cette région, dû à des facteurs historiques, sociaux, économiques et territoriaux.