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Sous la barre des 10% en Alsace, Les Républicains s’effondrent comme partout en France aux élections européennes de 2019. Dans une terre traditionnellement acquise à la droite, le Rassemblement national et La République en marche continuent à gagner du terrain.

 

Maxime Arnoult, Loana Berbedj, Hugo Bossard, Pauline Boutin, Caroline Celle, Jérôme Flury, Benjamin Martinez, Nicolas Massol

 

Comment nous avons procédé

Graphique du Grand-Est : Nous nous sommes intéressés aux résultats des élections européennes de 2019 par département grâce aux données disponibles sur le site data.gouv.fr.

Cartes de l'évolution de LR : Nous avons utilisé les résultats aux européennes de 2014 et 2019 afin de déterminer la perte des votes LR et les partis arrivés en tête par commune d’Alsace.

Jauge sur l'historique de la droite : les données depuis 1999 ont été récupérées sur le site du ministère de l’intérieur et sur data.gouv.fr.

Etude de cas, Mulhouse : Nous avons fait le choix de proposer une étude de cas sur Mulhouse, deuxième agglomération d’Alsace en terme de nombres d’habitants. Dans cette zone densément peuplée, sur l'ensemble des communes, historiquement de droite, les LR ont connu une chute importante de leurs suffrages. Parmi elles, nous en avons choisi deux pour comprendre les différences sociologiques des électeurs entre celles qui ont le plus perdu de votes LR, au Nord, et celles qui en ont le moins perdu, au Sud. 

 

A Mulhouse LREM et Debout la France se frottent les mains 

Le basculement d’une partie de l’électorat de la droite classique vers LREM aux européennes est particulièrement visible dans l’agglomération mulhousienne. Le parti d’Emmanuel Macron fait ses meilleurs scores dans les communes où l’UMP arrive en tête en 2014. La liste Renaissance, soutenue par le MoDem et Agir, a certes bénéficié d’un report des votes centristes : alors qu’en 2014, l’alliance UDI-MoDem totalise 13,18% des voix à Brunstatt-Didenheim, en 2019, l’UDI seule (liste Les Européens) y dégringole à 3,08%. Mais LREM a aussi récolté les suffrages des déçus de la droite. Florian Colom, délégué LR de la cinquième circonscription du Haut-Rhin, en convient : « À Mulhouse, comme partout en France, une partie des électeurs LR ont suivi une logique nationale, en votant plutôt pour LREM ». Un exode plus suivi dans le sud de la ville et les communes limitrophes. À Brunstatt-Didenheim, Riedisheim et dans le quartier du Rebberg, autour du parc zoologique, LREM fait le plein de voix. Pourtant, « c’est dans ces quartiers résidentiels, composés de catégories sociales supérieures, que la droite réalise traditionnellement ses meilleurs scores », reconnaît une élue LR de la ville. 

Une forte progression de Debout la France

Mais la bérézina de LR n’a pas profité qu’à la liste de Nathalie Loiseau. Debout la France (DLF) réalise son troisième meilleur score national dans le Haut-Rhin, avec une moyenne de 5,42% - mieux que les 4,03% des européennes de 2014. Le parti de Nicolas Dupont-Aignan gagne des voix dans presque toutes les communes de l’agglomération. À Rixheim, 269 électeurs ont voté pour cette liste, soit un gain de 117 suffrages par rapport à 2014. « C’est surtout dans les petites communes que nous progressons, autour de Colmar, et dans le Sundgau », se réjouit Pascal Tschaen, secrétaire départemental de Debout la France pour le Haut-Rhin. Selon lui, l’électorat gaulliste, déboussolé par « le manque de clarté idéologique de LR », s’est tourné vers son parti. Par ailleurs, Debout la France défend mordicus l’indépendance de l’Alsace par rapport au Grand Est : « Une position que Jean Rottner (LR) a abandonnée en devenant président de la région », remarque Pascal Tschaen. L’occasion, pour DLF, d’empocher des suffrages d’électeurs LR, déçus par la frilosité du parti de droite sur la question. 

Le Nord et le Sud de l'agglomération fracturés

Séparées de douze kilomètres seulement, les communes de Wittenheim et Brunstatt-Didenheim ont exprimé des sensibilités politiques bien différentes pendant les européennes. Les Républicains ont chuté dans ces deux communes comme dans l’ensemble de l’agglomération. Mais Wittenheim fait partie des villes où la chute a été la plus brutale : le parti est passé de 611 à 223 voix entre les Européennes de 2014 et 2019, perdant ainsi 388 voix. Tandis que Brunstatt-Didenheim est l’une des communes les moins "infidèles" aux LR, passant de 666 à 316 voix, soit 350 voix de perdues. 

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