De son élection le 23 juillet à la perte de sa majorité au Parlement la semaine dernière, le Premier ministre britannique Boris Johnson essuie une série d'échecs dans sa tentative de mise en œuvre du Brexit. Retour en cinq dates clés.
Depuis le début du mois, Boris Johnson doit faire face à des défections en cascade./ Photo CC BY 2.0 Chatham House
23 juillet 2019 : Boris Johnson devient le nouveau Premier ministre
Près de deux mois après l’annonce de la démission de Theresa May, incapable de mettre en œuvre l’accord sur le Brexit négocié avec les 27 dirigeants de l'Union européenne, son successeur est élu. Boris Johnson, ancien maire de Londres et chef de la campagne pro-Brexit, est désigné leader du Parti conservateur. Parmi les 159 000 membres des tories, 66 % d’entre eux lui ont accordé leur confiance, contre 34 % pour son adversaire Jeremy Hunt. « Bojo » prend ainsi la relève de Theresa May et doit gérer l’épineux dossier du Brexit, voté à 51,9 % par référendum le 23 juin 2016. Il promet que le Royaume-Uni sortira « coûte que coûte » de l’Union européenne d’ici le 31 octobre, date limite du divorce. Au prix, éventuellement, d’un no deal, une rupture sans accord.
28 août 2019 : le Premier ministre annonce la suspension du Parlement
En raison des conférences annuelles des partis politiques, le Parlement britannique est traditionnellement suspendu pendant plusieurs semaines en septembre. Le chef du gouvernement fait cependant savoir son intention de prolonger cette suspension, effective dès le 10 septembre, jusqu’au 14 octobre, soit deux semaines avant la date du Brexit. Il argue à la télévision britannique que « les députés auront amplement le temps de débattre » d’ici là. Cette décision fait bondir l’opposition, qui dénonce une manœuvre « antidémocratique »
ayant pour but d’empêcher les députés de stopper un Brexit sans accord. « Cette action est un affront particulièrement scandaleux à notre démocratie. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire », réagit, dans un tweet, le chef adjoint du parti d’opposition Labour, Tom Watson.
3 septembre 2019 : le chef du gouvernement perd sa majorité au Parlement
Alors que le Premier ministre est en train de s’exprimer durant la séance de rentrée au Parlement, le conservateur Phillip Lee quitte son siège pour rejoindre les bancs de l’opposition libérale-démocrate. Avec cette défection, le gouvernement perd ainsi la majorité absolue à la Chambre des communes, qui ne tenait qu’à une voix.
Plus tard dans la soirée, « Bojo » subit un autre revers cinglant : les élus adoptent, par 328 voix pour et 301 contre, une motion visant à obtenir un report du Brexit au 31 janvier 2020, en l’absence d’accord avec Bruxelles le 19 octobre. Le texte est soutenu par l’opposition, mais aussi par 21 députés conservateurs hostiles à un Brexit sans accord, qui préfèrent ainsi renoncer à leur étiquette. Parmi ces frondeurs, rapidement exclus du parti par Boris Johnson, figurent notamment Nicholas Soames, le petit-fils de Winston Churchill, et neuf anciens ministres.
4 septembre 2019 : la Chambre des communes vote contre le no deal
À 327 voix contre 299, les députés britanniques se prononcent en faveur de la proposition de loi demandant le report de la sortie de l’Union européenne. Une gifle pour « Bojo », partisan d’un Brexit dur « coûte que coûte », qui déclare d’ailleurs : « Je préfèrerais être mort au fond d’un fossé » plutôt que demander un nouveau report du Brexit. Dans la foulée, les députés disent aussi non à la proposition du chef du gouvernement de tenir de nouvelles élections générales à la date du 15 octobre. C’est donc un double échec pour le dirigeant conservateur, alors que l’échéance du Brexit approche.
9 septembre 2019 : nouveau vote du Parlement pour des élections anticipées
Au terme d’une semaine catastrophique pour Boris Johnson, après la démission de son frère Jo Johnson, secrétaire d'Etat aux Universités, à la Science, la Recherche et l'Innovation, le 5 septembre, et celle de la ministre du Travail et des Retraites Amber Rudd deux jours plus tard, les députés britanniques doivent se prononcer lundi soir sur des élections législatives anticipées. Une nouvelle stratégie souhaitée par le chef du gouvernement, alors qu’il refusait cette éventualité il y a encore une semaine. Pour les mettre en œuvre, le dirigeant a besoin d’une majorité des deux tiers au Parlement. Or l’opposition n’est, dans l’immédiat, pas favorable à ces élections, préférant d’abord s’assurer qu’un no deal est complètement exclu. Dès la fin des débats, durant lesquels Boris Johnson espère convaincre les députés les plus réticents, le Parlement britannique sera suspendu pour cinq semaines.
Laurie Correia