Sept exoplanètes semblables à la Terre ont été découvertes, avec une possible trace de vie sur trois d'entre-elles. CUEJ Info répond à vos questions.
Le système est composé de sept planètes gravitant autour de l'étoile Trappist-1, Crédit: Nasa.
Une équipe internationale, emmenée par des chercheurs belges de l’université de Liège, a découvert l’existence de sept exoplanètes de type rocheuses, dont certaines seraient semblables à la Terre. Ces planètes, présentées dans la revue scientifique Nature, se trouvent dans un système solaire situé à 39 années-lumière de nous. Elles ont été baptisées Trappist-1b,c,d,e,f,g,h en raison du nom de leur étoile, Trappist-1, qui est une "naine ultra-froide", de taille bien inférieure à celle du soleil et avec une température de surface beaucoup plus faible.
Qu'est-ce qu'une étoile "ultra-froide" ?
L'étoile est ultra-froide par rapport au soleil. C’est à dire que sa température de surface est d’environ 2200 Kelvins (1986,85°C) ce qui est très inférieure à celle du soleil, qui est de 5500 Kelvins.
Pourquoi cette découverte est-elle si importante ?
Cette découverte a deux principaux intérêts. D’abord, lorsque le successeur d’Hubble, le James Webb Telescope, sera lancé dans l’espace en 2018, les chercheurs pourront étudier l’atmosphère de ces planètes. Ainsi la présence ou non de certaines molécules permettront de savoir, d’ici une dizaine d’années, s’il y a une présence de vie sur ces planètes. Cela pourrait donc apporter la réponse à la sempiternelle question : sommes-nous seuls dans l’Univers ?
De plus, comme l'a confié au Monde Franck Selsis, chercheur au laboratoire d’astrophysique de Bordeaux et co-auteur de l'étude dans Nature, ces systèmes sont "des laboratoires exceptionnels pour étudier des phénomènes qu'on ne rencontre pas dans le Système solaire."
Comment ont été découvertes ses planètes ?
Les planètes ont été découvertes par le télescope Trappist (pour "Transiting PlanetesImals Small Telescope"). Ce télescope, installé au Chili, observe un phénomène spatial appelé "transit". Lorsque une exoplanète passe devant son étoile, la luminosité de celle-ci est amoindrie, le télescope capte cette baisse d’éclat et l’on peut ainsi déduire la présence d’une planète et même son rayon.
Et oui… le nom Trappist, choisi par l'équipe belge, vient bien de la bière du même non. Le nouveau télescope belge s’appelle d’ailleurs Spéculoos !
Le système #TRAPPIST1 décortiqué en bande dessinée, c'est signé @Lepithec et c'est à découvrir par ici ! ➤ ➤ https://t.co/LI7pa9K5LC pic.twitter.com/GhUm9P7c02
— Université de Liège (@UniversiteLiege) 23 février 2017
En quoi leur détection a été longue et difficile ?
Pour observer ces planètes, les chercheurs ont utilisé, en plus de Trappist, des télescopes basés au Maroc, aux Canaries, à Hawaï et en Afrique du Sud. Deux éléments ont compliqué les observations. D’une part la Terre tourne sur elle-même, ainsi l’étoile Trappist-1 disparaît régulièrement du champ des télescopes. D’autre part, parfois deux ou même trois exoplanètes transitent au même moment. Difficile alors d’avoir des informations sur une seule.
Ces problèmes ont donc impliqué des observations très discontinues.
"C’est seulement lorsque, en utilisant le télescope spatial Spitzer de la NASA, les chercheurs ont pu obtenir vingt jours d’observation continue que l’on a obtenu des informations plus précises sur les exoplanètes. En effet, un télescope spatial permet, contrairement à un télescope terrestre, de suivre Trappist-1 en continu", a précisé au Monde Franck Selsis.
Les 7 exoplanètes sont beaucoup plus proches les unes des autres que dans notre système solaire. Crédit : Nasa via Giphy.
Les sept planètes sont-elles toutes habitables ?
Non. Les trois plus proches de Trappist-1 sont sans doute comme Vénus, beaucoup trop chaudes pour être habitées. La plus éloignée doit probablement être un monde gelé. Mais les trois planètes centrales, e,f et g, semblent avoir des conditions plus accueillantes. Elles reçoivent potentiellement une chaleur modérée ce qui les place dans la zone dite "d’habitabilité", là où l’eau se trouve sous forme liquide (lacs, mers par exemple). Malgré tout, il y a des risques que ces trois planètes ne soient pas habitables, "notamment à cause des rayonnements UV, des rayons X et des vents stellaires (ndlr : des flux de gazs ionisés provenant de l'étoile)" comme l’a confié au Monde Franck Selsis.
Combien de temps dure une journée sur ces planètes ?
Pour commencer, on ne peut pas parler de journées sur ces planètes.
Elles sont probablement toutes en rotation synchrone avec Trappist-1. Cela signifie que leur période de rotation est synchronisée avec leur période de révolution autour de l’étoile. Ainsi, elles présentent toujours la même face à l’étoile et n’ont donc pas d’alternance jour-nuit.
A gauche, une planète en rotation synchrone par rapport à l'étoile, à droite, une rotation asynchrone, comme celle de la Terre autour du Soleil. (Observez la face foncée pour vous en rendre compte) Crédit : Stigmatella aurantiaca - CC : BY-SA 3.0
Est-ce que ce sont les exoplanètes les plus proches jamais observées ?
Non. En 2016, une exoplanète, Proxima b, autour de Proxima du Centaure a été trouvée. Proxima du Centaure est l’étoile la plus proche de nous et est située à 4 années-lumière.
Donovan Thiebaud