Le journaliste algérien Khaled Drareni a été condamné à deux ans de prison ferme après avoir couvert les manifestations du Hirak, le mouvement populaire né en 2019.
Cette condamnation fait tache à l’occasion de la journée internationale de la démocratie. Le journaliste algérien Khaled Drareni a été condamné en appel à deux ans de prison ferme, pour "incitation à un attroupement non armé et atteinte à l’intégrité du territoire national". Depuis 2019, le journaliste couvre le mouvement du Hirak, le soulèvement populaire contre l’inamovible pouvoir algérien. Il est condamné en première instance à trois ans de prison ferme le 10 août dernier après avoir été arrêté le 7 mars au cours d'une nouvelle manifestation. D’abord présentateur pour la télévision algérienne francophone, Khaled Drareni se distingue par son audace dans son émission politique "Controverse", lancée en 2012 sur la chaîne privée Dzaïr TV. Deux ans plus tard, l’émission s’arrête suite à un scandale : le journaliste a osé s’étonner de la comparaison entre Abdelaziz Bouteflika, président en campagne pour un quatrième mandat, à un « don de Dieu ».
« Un journalisme indépendant et honnête »
C’est à son micro, pour la chaîne Echourouk News, qu’Emmanuel Macron qualifie en 2017 le colonialisme de "crime contre l’humanité". Le journaliste prend ensuite la tête du média en ligne Casbah Tribune en 2019 et de devenir correspondant pour la chaîne TV5 Monde ainsi que pour l’ONG Reporters sans frontières. Omniprésent sur Facebook et surtout Twitter où il avoisine les 150 000 abonnés, le journaliste est aussi l’une des figures de proue du mouvement algérois. Khaled Drareni est reconnu comme promoteur d’un « journalisme indépendant et honnête » selon le journaliste Moncef Ait Kaci. Sa première condamnation avait suscité l’indignation : une pétition a été mise en ligne puis des manifestations ont eu lieu fin août. Reste à savoir quelle sera la réaction du Hirak face à cette condamnation qui surprend une nouvelle fois par sa brutalité. La condamnation en première instance était la deuxième plus lourde infligée à un journaliste depuis l’émergence d’une presse indépendante en 1989.
Lucas Jacque