En Allemagne, les organisations contre la radicalisation des jeunes reçoivent de plus en plus de demandes pour intervenir dans les écoles et expliquer le "vrai islam".
L'Allemagne renforce ses structures de prévention pour les jeunes attirés par l'organisation de l'Etat Islamique.
Photo: Capture d'écran d'une vidéo de propagande
La prévention de l'islamisation des jeunes se renforce en Allemagne. Des associations s'engagent à expliquer l'islam et la religion aux jeunes, et des assistants sociaux soutiennent des parents qui craignent de voir leurs enfants rejoindre l'organisation de l’État Islamique (EI).
Ufuq.de, basée à Berlin, est l'une de ses associations. Elle aide à prévenir la radicalisation des jeunes en proposant un discours alternatif à la propagande de groupes islamophobes comme Pegida, qui dénonce une islamisation présumée en Allemagne. "Nous avons plusieurs types d'intervention, par exemple, des ateliers dans des écoles et des maisons de jeunes où nos animateurs montrent des films qui expliquent ce qu'est la charia", détaille Sindyan Qasem, membre de l'association. "Beaucoup de jeunes se croient religieux car c'est ainsi que leurs familles ou la société les désignent, mais ils ne s'y connaissent pas du tout." Ufuq.de refuse d'aborder les questions politiques de sa propre initiative. "On ne parle pas de l’État islamique ou de Boko Haram à moins que des gens ne s'y intéressent ou soient fascinés", précise-t-il.
L'association propose de réfléchir ensemble à l'intégration des musulmans dans la société allemande. "Nous avons déjà des antennes à Berlin, Hambourg, Francfort, Brême et Essen, mais on en veut créer d'autres car c'est un sujet qui va avoir encore plus d'importance dans les années à venir", explique Sindyan Qasem.
Depuis l'été 2014 et la présence constante de l'EI dans les médias, Sindyan Qasem a noté une augmentation des demandes d'intervention. "Beaucoup d'écoles ou des maisons de jeunes nous sollicitent pour venir les rencontrer. On a aussi des demandes de formations continues pour des profs", Sindyan Qasem ajoute : "L'année dernière, nous avons parlé avec 5 000 à 6 000 jeunes." Depuis quelques semaines, l'association Vaja ne répond plus aux demandes d'interviews de la presse, qui ont fortement augmenté après les attaques terroristes à Paris. "On n'arrive plus à faire notre boulot", déplore la directrice de Vaja à Brême.
Plusieurs organisations, comme Hayat à Berlin, Vaja à Brême et l'Ifak à Bochum, accompagnent des parents qui craignent de voir leur enfant partir faire le djihad. Le projet "Wegweiser" de l'Ifak existe depuis août 2014, quand le ministère de l'Intérieur de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie a pris conscience qu'il fallait agir contre le danger de radicalisation. "Nous avons des collègues qui parlent arabe et turc. Ainsi, ils peuvent vite gagner la confiance des jeunes", explique Friederike Müller, directrice de l'Ifak. Ce sont les écoles ou l'entourage des jeunes qui préviennent l'assistance sociale. Dans la plupart des cas, les entretiens entre professeurs, assistants sociaux et jeunes sont un succès. "On discute sur des solutions simples comme trouver un stage ou résoudre des problèmes familiaux", raconte Friederike Müller.
Des actions qui s'inscrivent dans une dynamique internationale. Les Etats-Unis accueillent cette semaine 60 pays à Washington pour un sommet destiné à "contrer la violence extrémiste". Annoncée par Washington en janvier, peu après les attentats de Paris, mais préparée de longue date, la réunion accueillera jeudi de nombreux ministres et responsables étrangers, notamment européens.
Anika Maldacker