Dans son dernier rapport publié mercredi, l'Unicef alerte sur la condition des enfants migrants ou réfugiés dans le monde.
"Ce monde n'est pas fait pour un enfant." La formule est forte et délibérément choisie par l'Unicef pour faire réagir. L'agence de l'ONU consacrée à l'amélioration des conditions des enfants s'alarme dans son dernier rapport (ci-dessous) publié le 7 septembre. Près de 50 millions d'enfants sont déracinés dans le monde. Réfugiés au-delà des frontières ou déplacés à l'intérieur de leur pays, les enfants sont "les premiers touchés par la guerre, les conflits, les changements politiques ou la pauvreté", selon l'Unicef.
L'ampleur mondiale du phénomène inquiète particulièrement l'organisation. Près d'un enfant sur trois qui vit hors de son pays de naissance est réfugié. A titre de comparaison, la proportion d'adultes réfugiés est d'un sur vingt. L'évolution récente de ces déplacements de population, dus aux conflits au Moyen-Orient, est significative : il y a deux fois plus d'enfants réfugiés en 2015 qu'en 2005.
La majorité des pays qui accueillent les réfugiés se trouvent en Asie ou en Afrique. La Turquie, état frontalier du conflit syro-irakien, est de très loin l'hôte qui ouvre le plus ses portes aux enfants réfugiés. Sur chaque continent, les migrations varient selon la situation du pays d'origine. En Afrique, la moitié des réfugiés sont des enfants. En Amérique, 6,3 millions d'enfants ont migré de leur pays pour vivre aux Etats-Unis, au Mexique ou au Canada, pour fuir la violence et le poids de leur communauté. Mais l'Asie demeure le continent qui accueille le plus d'enfants migrants, en raison de sa démographie : près de 12 millions de jeunes vivent dans cette partie du globe, ils représentent 39 % du total.
Quant à l'Europe, l'actualité dramatique de la mort du petit Aylan sur une plage grecque en septembre 2015 a ouvert les yeux à tout un continent. Préoccupés par la masse de migrants qui arrivait en continu à ses frontières, les Européens ont été vivement ému par la situation alarmante des plus jeunes. En 2015, plus de deux fois plus d’enfants ont demandé l’asile dans un pays de l’Union européenne et dans la zone de libre circulation qu’en 2014", résume l'Unicef.
Le corps d'Aylan, un jeune migrant syrien retrouvé sur une plage grecque il y a un an, avait provoqué un vive émoi dans le monde entier - Crédit photo: AFP/Getty Images
Des solutions pour leur protection
L'ONG propose plusieurs actions pour améliorer la protection des enfants réfugiés et endiguer les difficultés qu'ils rencontrent dans leur nouveau pays hôte. Onicef incite les gouvernements à développer "un statut de migrant pour enfant" et de mettre fin "à leur détention quand ils demandent leur statut de réfugié", sans les séparer de leur famille. L'accès à la protection sociale et à l'éducation doivent être élargis.
Dans l'immédiat, la priorité des gouvernements doit être une résolution pacifique des conflits, puisque les enfants qui vivent dans ces lieux de guerre demeurent "les plus vulnérables de la planète".
Rapport de l'Unicef sur les enfants déracinés (septembre 2016) by Aymeric Robert on Scribd
Fanny Guiné