Mercredi 28 février, 156 parlementaires ont signé une tribune dans le journal Le Monde, appelant à légiférer sur l'euthanasie au cours de cette année. L'occasion de faire le point sur la fin de vie, en France et dans le monde.
Issus d'horizons différents, les 156 députés signataires de la tribune rappellent que 89 % des Français sont favorables à l'euthanasie.
La question de la fin de vie est une question récente en France : la première législation a été introduite en 1999. Elle autorisait le patient à refuser des soins. Depuis, au gré des affaires, notamment le cas Vincent Humbert puis, récemment, l'affaire Lambert qui n'est toujours pas terminée, la loi a évolué.
Presque vingt ans d'évolution
Le 22 avril 2005, la loi dite « Leonetti », du nom du député qui l'a portée, introduit de nouveaux changements. Les médecins peuvent dès lors décider d'administrer des traitements pour soulager la souffrance d'un patient atteint d'une maladie incurable en phase terminale, et ce même si cela peut abréger sa vie. De même, la loi reconnaît désormais que « l'obsession déraisonnable » (souvent appelée « acharnement thérapeutique ») peut être arrêtée par le médecin.
En 2016, la France adopte une nouvelle loi, dite « Leonetti-Cayes », qui permet au patient de désigner une personne de confiance ou d'écrire son souhait concernant la fin de sa vie (« directives anticipées »). Celles-ci s'imposent au médecin s'il doit trancher sur la fin de vie alors que le malade est inconscient. Par ailleurs, les soignants peuvent plonger la personne en fin de vie en sédation profonde, et cela jusqu'à sa mort.
De quoi parle-t-on en matière de fin de vie ?
Plus ou moins de tolérance selon les pays
On retrouve ces différents cas dans les législations des pays occidentaux. En Europe, les situations sont diverses, et seuls les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg ont légalisé l'euthanasie active. Beaucoup de pays permettent aux patients de refuser les soins.
Dans de nombreux cas, la loi reste floue et c'est à la justice de trancher et de déterminer le moment où l'euthanasie devient punissable. Ainsi, au Royaume-Uni, la justice est amenée à se prononcer sur le consentement de malades désirant l'arrêt de soins, ce qui produit des décisions parfois contrastées.
Seuls quelques pays européens continuent d'interdire toute forme d'euthanasie, surtout en Europe de l'est (Pologne, Roumanie), ainsi qu'en Irlande ou en Islande.
Les États-Unis n'ont pas légalisé l'euthanasie au niveau fédéral, mais la Cour Suprême a autorisé les États à se pencher sur la question. Ainsi, certains ont autorisé le suicide assisté, comme la Californie et l'Oregon. L'Australie a interdit l'euthanasie en 1997, mais certains de ses États ont décidé de légiférer individuellement.
Baptiste Decharme