Emilie Martin est employée par l'ONG Care, qui vient en aide aux pays en développement et agit dans les cas d'urgence. 350 membres de l'association sont présents à Haïti, un peu moins à Cuba. Sur place, ils doivent gérer une situation de crise, dans deux Etats aux structures différentes.
Haïti a les pieds sous l'eau depuis cette nuit. Crédits photo : Hector Retamal / AFP
Comment une ONG comme Care se prépare-t-elle à l'arrivée des ouragans comme Irma dans les Caraïbes ?
J'ai eu l'alerte il y a dix jours. Toutes les équipes basées sur place sont alertées. À Haïti, elles sont 350, un peu moins à Cuba. Selon le niveau des urgences, on envoie du personnel sur place. Au fur et à mesure, les préparatifs se sont accélérés, et 4 – 5 jours avant, on est dans la mobilisation des ressources. On a commencé le travail de préparation en vue d'une réponse d'urgence pour Haïti. On prédispose du matériel comme des jerricanes, des bâches, des tablettes de purification d'eau pour éviter les épidémies. Quand on connaît vraiment les risques, on redéploie alors aussi des équipes sur place pour y répondre au mieux.
#Haiti has already been devastated by natural disasters. Now it's bracing for #Irma. https://t.co/hICZ0Tou2J #IrmaHurricane2017
— CARE (care.org) (@CARE) 8 septembre 2017
Irma est l'ouragan catégorie 5 qui a duré le plus longtemps. Ses effets sont devastateurs. Comment se passe l'après-catastrophe à Haïti, pour vos équipes ?
Pour l'instant, la communication internet passe avec Port-au-Prince [la capitale]. C'est très compliqué avec la base du nord de Haïti. Notre équipe était confinée, elle vient de sortir. Nous en sommes au stade premier de l'évaluation. Les dégâts sont surtout liés aux inondations, il n'y a presque pas de toits et de bâtiments complètement envolés. Les conséquences sont moins fortes que ce qu'on craignait et les dommages moins importants qu'à Saint-Martin : l'œil du cyclone n'a pas touché directement Haïti. Les retombées de fortes pluies ont provoqué des inondations, pour l'instant encore contenues, mais le niveau des eaux peut encore encore monter. Après le passage d'un ouragan, ce sont les pluies continues qui compliquent fortement la réponse des secours. L'épidémie de choléra est un autre risque sanitaire pris en compte par les ONG et par l’État. C'est une épidémie endémique depuis 2010, et le mélange des eaux usées et des eaux sales pourrait fait courir un nouveau risque.
Cuba est sur la trajectoire d'Irma. Vos équipes sont prêtes, sur place ?
Notre inquiétude se porte maintenant sur les États du nord de Cuba, où il risque d'y avoir plus de dégâts. Alors qu'à Haïti, l'ouragan est passé au large, il devrait passer en plein sur l'île de Cuba avant de rejoindre la Floride. Mais l’État est plus structuré et préparé pour organiser les réponses et préparer les secours. On a évacué toutes les zones côtières, par exemple. La marche à suivre est assez respectée à Cuba, les gens ont conscience des risques : quand il y a une alerte, la population est formée. À Haïti, c'est plus compliqué. Il existe des zones isolées. Il est plus difficile pour visiter les ménages et donner des conseils, de préparer une réponse. Quand l'ouragan Matthew est passé l'année dernière, il y a eu 546 morts à Haïti, pas un seul à Cuba...
Baptiste Decharme