Le service de streaming d'Amazon, "Kindle Unlimited", reprend le nom de la liseuse électronique du même fabriquant, le Kindle. Photo : Wiki Commons.
Dans une interview parue jeudi dans le Figaro, Fleur Pellerin, ministre de la Culture, pointe du doigt le service de lecture en streaming d'Amazon. Elle l'accuse de ne pas être conforme à la loi française.
" Amazon va devoir se mettre en conformité avec la loi ", a déclaré la ministre de la Culture, à l'occasion de la sortie d'un rapport sur le streaming littéraire. Le 11 décembre dernier, le géant américain de la vente en ligne lançait Kindle Unlimited. Un service de lecture en ligne qui propose à ses utilisateurs un catalogue en accès illimité pour 9,99 euros par mois. Cette nouvelle offre avait suscité de très vives craintes parmi les acteurs français du monde du livre, craignant pour leurs marges de bénéfice. Le ministère de la Culture avait alors chargé la médiatrice du livre de se pencher sur les offres de streaming littéraire.
Seulement 20.000 ouvrages en français
Bien que d'autres entreprises proposent des services similaires, à l'instar des français YouBoox et YouScribe, Amazon est tout particulièrement visé par le rapport, en raison de sa puissance de frappe sans équivalant à l'heure actuelle.
Un pouvoir dont même le groupe Hachette a fait les frais en 2014. L'année dernière, Amazon avait ainsi fait pression sur Hachette, qui refusait de baisser ses prix, en ralentissant volontairement la rapidité de livraisons des livres publiés par l'éditeur.
Malgré un catalogue limité à 700 000 titres, dont seulement 20 000 en français, Kindle Unlimited suscite une forte méfiance chez les éditeurs d'auteurs français, très réticents à l'idée de laisser Amazon vendre leurs livres en accès illimité." L'offre est faible, c'est bien la preuve de la défiance des éditeurs français vis-à-vis d'Amazon, qui est très agressif sur la chaîne du livre ", estime Vincent Monadé, président du Centre national du livre, cité par Les Echos.
Des services de streaming développés par les éditeurs
Consciente que le monde de l'édition ne peut faire l'impasse sur le numérique, Fleur Pellerin avance plusieurs solutions. Parmi elles, l'idée que les éditeurs pourraient développer leurs propres services de streaming : ils continueraient ainsi à fixer le prix de leurs livres, sans subir aucune pression extérieure. Cette idée permettrait en outre de s'assurer qu'aucune grande entreprise n'établisse de monopole.
La généralisation du format électronique ePub, un format qui n'est inféodé à aucun service de lecture en ligne ou fabriquant de liseuse électronique, pourrait également être adoptée. Elle permettrait notamment de freiner le développement de la liseuse amazon Kindle. Ouverte au dialogue, le ministère de la Culture a fait savoir aux entreprises de streaming littéraire qu'elles auraient trois mois pour s'adapter.
En attendant, le secteur du livre numérique reste balbutiant : en France, le marché du livre numérique, streaming compris, ne représente en 2014 que 1,6 % du chiffre d'affaires et 2,4 % du volume des ventes totales.
Arnaud Salvat