Athènes a refusé les exigence des ministres des Finances de la zone euro. Les membres de l'Eurogroupe demandaient un prolongement de son plan de redressement en échange d'une aide économique.
Des manifestants grecs à Bruxelles le 16 février 2015 devant le parlement européen pendant une manifestation anti-austérité. (LOUISA GOULIAMAKI/AFP)
Les négociations sur la suite à donner au programme d'aide à la Grèce ont tourné court lundi. La réunion des ministres des Finances de la zone euro s'est terminée en début de soirée après une fin de non-recevoir du gouvernement grec. Athènes a refusé de poursuivre son plan de redressement, jugeant « absurde » et « inacceptable » cette exigence formulée par les gouvernements de la zone euro.
Avant même le début des discussions dans l'après-midi, les acteurs de la négociation s'étaient montrés peu optimistes. "Je suis très sceptique", sur les chances d'un accord lundi, a déclaré le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble. "Il n'est pas certain qu'il y ait un accord lundi", avait prévenu de son côté le gouvernement grec.
Le financement à court terme de la Grèce en danger
L'enjeu était de taille. Le programme d'aide à la Grèce de 130 milliards d'euros, décidé en 2012 et mené sous tutelle de la troïka (BCE, FMI, Commission européenne), doit prendre fin le 28 février. Une dernière tranche de 3,6 milliards d'euros reste à verser, contre l'application de réformes structurelles exigées par la troïka. En l'absence d'accord avant la date butoir, l’État grec peinera à se financer et devra peut-être compter sur la création monétaire. Et, pour ce faire, une seule solution : la sortie de la zone euro et le retour à la drachme.
Les Européens entendent prolonger l'accord actuel, le fameux "mémorandum", jusqu'à juin. Et avec lui "les institutions", nouveau nom de la troïka, et les réformes structurelles, honnies par le nouveau gouvernement grec sorti des urnes fin janvier. Le Premier ministre Alexis Tsipras et son ministre des Finances Yannis Varoufakis souhaitent eux un nouveau programme d'aide. Un plan relais qui permettrait de stopper la politique d'austérité et de négocier dans le calme "un nouveau contrat" selon les mots d'Alexis Tsipras. Son gouvernement s'est déclaré prêt à maintenir certaines réformes de structure, comme la lutte contre la fraude fiscale. Mais refusent de revenir sur leurs promesses de campagne : fin de la tutelle de l'ex-troïka, hausse du salaire minimum ou encore nouvelles embauches de fonctionnaires.
Echec d'une première réunion
Cette perspective est jugée inacceptable par les créanciers de la Grèce. "Les Grecs ont de très grandes ambitions, mais les possibilités, étant donné l'état de l'économie grecque, sont limitées", a ainsi déclaré vendredi le président de l'eurogroupe Jeroen Djisselbloem.
Jeudi, une première réunion de l'eurogroupe avait échoué. Les ministres des Finances de la zone euro n'étaient même pas parvenus à se mettre d'accord sur un communiqué commun. Ce week-end, des réunions techniques ont tenté de rapprocher les positions des deux parties.
Ces négociations sur le plan d'aide ne sont que la première étape du bras de fer entre le gouvernement Tsipras et l'Union européenne. A moyen terme, le gouvernement de gauche radicale entend poser la question de sa dette, qui atteint 175 % de son PIB. Après avoir parlé d'effacement, il serait prêt aujourd'hui à un étalement dans le temps de son remboursement, solution toujours jugée inacceptable par les autres Etats de la zone euro.
Alexis Boyer et Jonathan Klur