Le seul fou de Bassan de l'île de Mana, Nigel, vient de mourir, sans avoir trouvé l'amour. Dans une profonde solitude, l'oiseau vivait entouré de congénères en béton.
L'île de Mana au bord de la Nouvelle Zélande, un cadre sauvage et inhabité. Dans cette réserve scientifique, 80 répliques immobiles de fous de Bassan, en béton, avaient été installés dès 1976. Des haut-parleurs solaires diffusent même des cris de l'oiseau. Le but : attirer une colonie sur l'île.
Nigel s'est installé à Mana en 2013, entouré de ces ersatz avec des becs jaunes peints et des ailes noires. Le premier fou de Bassan à s'installer sur l'île en 40 ans, selon les médias britanniques et néo-zélandais qui ont relayé l'histoire.
Il y a quelques semaines, il a été rejoint par trois membres de son espèce en chair et en plumes. Mais Nigel n'est pas parvenu à se lier d'amitié avec eux.
Séduction en béton
« Nous avons tous beaucoup d'empathie pour lui en raison de sa situation assez désespérée », rappelle Chris Bell, le garde du Département de conservation de l'île. Il y a cinq ans, le fou de Bassan a commencé à faire la cour à l'un des leurres en béton, prenant soin de lui et lui faisant la conversation, seul évidemment. L'amour est aveugle. Nigel avait même construit un nid, fait d'algues et de bouts de bois, pour sa partenaire. Avant d'y mourir la semaine dernière, près d'elle.
« Cela ressemble à une mauvaise fin de l'histoire », assure Chris Bell. Et d'ajouter : « Mais ce n'était pas pour rien. Les fous de Bassan aiment nicher là où un fou de Bassan a déjà niché », fait-il valoir. Il espère que les trois fous de Bassan qui avaient rejoint Nigel restent et se reproduisent sur l'île.
David HENRY
Photo : Mischroeder (Pixabay)