Les scientifiques ont constaté au début de l’année 2019 que le pôle Nord magnétique avait entamé une dérive relativement plus rapide que celle qui avait été anticipée : elle a atteint 55 kilomètres en 2018.
Faut-il s’en inquiéter ? En janvier 2019, les scientifiques ont découvert que le pôle Nord magnétique se déplaçait plus vite que prévu. Un déplacement normal : autrefois situé dans le Grand Nord canadien, il se trouve maintenant au cœur de l’océan Glacial Arctique. Et continue de dériver vers la Sibérie. Mais sa vitesse est moins normale : les scientifiques ont constaté qu’il se déplaçait plus rapidement que prévu, à près de 55 kilomètres par an au lieu de 15 auparavant.
Le pôle Nord magnétique est le point du champ magnétique terrestre qui attire les aiguilles des boussoles, et ne se trouve donc pas au même endroit que le pôle Nord géographique (qu’on appelle pôle Nord tout-court).
Ce Nord magnétique est capital pour notre cartographie moderne, des boussoles au GPS. Il est toujours une référence et les relevés de sa position servent de base pour les cartes. La moindre variation peut donc devenir problématique.
«Les marins utilisent toujours la boussole. Et ils ont constaté qu’il y a un décalage entre leurs observations et les modèles fournis par les scientifiques. Ces modèles sont devenus erronés plus rapidement que prévu», souligne le professeur Marc Munschy, de l’École et observatoire des sciences de la Terre à Strasbourg.
"Le pôle nord magnétique perd la boussole", il se déplace vers la Russie plus rapidement que prévu. Conséquences ? Les scientifiques devront renouveler le modèle magnétique mondial plus tôt. https://t.co/A3y6IJkaa5 #géolocalisation #OnPerdLeNord ! pic.twitter.com/KUJkVV3oyw
— FullMaps (@FullMaps_byOpen) 30 janvier 2019
Qu’à cela ne tienne : il aurait suffit d’attendre l’actualisation des modèles scientifiques prévue en 2020 : elle a lieu tous les cinq ans. Mais ces modèles sont précieux pour la navigation maritime et aérienne en Arctique, rappelle la revue spécialisée Actu Nautique. Et il était hors de question pour l’armée américaine d’attendre : un décalage d’un seul degré poserait problème. L’actualisation a finalement eu lieu fin janvier 2019.
Cette dérive pourrait continuer. Et un jour, provoquer une inversion des pôles magnétiques. Le Nord magnétique se retrouverait alors dans l’hémisphère sud. «Mais ce n’est pas pour tout de suite», rassure le professeur Munschy.
On est donc (un peu) loin du film 2012 où notre planète est dévastée à la suite d’un emballement de l’activité du champ magnétique terrestre…
Vincent Ballester