Le dispositif DACA, mis en place par l'administration Obama en 2012, permettait à de jeunes immigrés illégaux d'avoir accès à l'éducation et à l'emploi aux États-Unis. Donald Trump et son gouvernement ont décidé de le supprimer.
La mobilisation devrait être forte ce mardi pour défendre le DACA. Photo: Steve Rhodes
Le procureur général des Etats-Unis Jeff Sessions a annoncé mardi la décision sur le sort de près de 800 000 "dreamers". Cette appellation désigne les jeunes immigrés illégaux arrivés avant l'âge de 16 ans aux Etats-Unis et qui ne possèdent pas de casier judiciaire. En 2012, Barack Obama avait signé le décret DACA (Deferred Action for Childhood Arrivals) pour pallier le vide juridique de leur situation. Ce programme leur permettait un accès à l’éducation et au marché du travail via un permis renouvelable tous les deux ans sans risquer l’expulsion. Selon une étude de l'université de San Diego, 95% des "dreamers" ont intégré l'université ou sont employés. Mais l’administration Trump a malgré tout décidé de mettre un terme au DACA de manière unilatérale. Lors de son annonce Jeff Sessions a qualifié le DACA de programme « anticonstitutionnel », « qui a privé d’emplois des milliers d’américains » et qui constitue un abus de pouvoir de la branche exécutive.
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— #DefendDACA (@joseiswriting) 2 septembre 2017
Le département de la sécurité intérieure a donc confirmé que le programme DACA était abandonné dès aujourd’hui et qu’aucune nouvelle demande ne sera traitée. Cependant, dans son allocution, Jeff Sessions a également donné six mois au Congrès pour « agir, s’il le veut bien » pour trouver une alternative au DACA. Six mois pendant lesquels le département de la sécurité intérieure a assuré que la situation des "dreamers" serait régularisée si leur permis de travail venait à expirer pendant cette période.
Congress, get ready to do your job - DACA!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 5 septembre 2017
Le Parti républicain divisé entre idéologie et principe de réalité
La révocation du DACA était l'une des promesses de campagne de Donald Trump, mais la question divise au sein même de son camp. D'un côté la branche ultra-conservatrice de son parti, incarné par le procureur général Jeff Sessions, qui plaidait pour un abandon pur et simple de ce programme. Dans les faits cela rendrait les "dreamers" susceptibles d'expulsion immédiate. Pour les républicains plus modérés cette perspective n'est pas envisageable. Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, a même assuré qu'il ressentait de « la compassion pour cette situation. Ces jeunes gens ont été amenés ici à un âge tendre et ont grandi ici.» Même tonalité chez son homologue de la chambre des représentants, Paul Ryan, qui évoque « des enfants qui ne connaissent pas d'autre pays, pas d'autre maison » que les Etats-Unis. Le monde des entreprises, notamment Apple et Facebook, ont fait savoir que la fin du DACA serait catastrophique, les "dreamers" ayant largement intégré les rangs des grandes firmes américaines.
Les réactions traduisent bien cette division au sein de la majorité. Le sénateur républicain John McCain a déclaré que « révoquer le DACA maintenant est un revirement inacceptable des promesses et des opportunités accordées à ces personnes ». Le républicain Don Bacon, élu à la Chambre des Représentants, s’est même dit « engagé à garder les bénéficiaires du DACA qui respectent la loi aux Etats-Unis ». La chef de l’opposition Nancy Pelosy a évoqué « la couardise et la cruauté de Trump », faisant référence à l’annonce faite par Jeff Sessions et non pas Donald Trump lui-même. Lui qui était pourtant soucieux de se mettre en avant lorsqu'il a voulu abroger Obamacare en juillet, avant de subir un revers au Sénat.
Paul Salin