Mais où vont les Allemands ? Le 6 septembre, lors du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, la Chancelière allemande Angela Merkel avait refusé de signer l'appel à une « réponse internationale forte » en Syrie suite aux attaques chimiques. Le jour suivant, à Vilnius en Lituanie, l'Allemagne s'est finalement décidée de signer une déclaration des 28 pays membres de l'Union européenne. Un pas en avant, un pas en arrière ? Certes, mais cet appel ne mentionne pas une action militaire. Berlin ne veut pas s'allier aux Etats-Unis et la France qui s'engagent contre les positions syriennes.
A l'approche des élections législatives, il semble que le géant européen n'est pas encore prêt à assumer ses responsabilités sur la scène internationale. « L'Allemagne fait le choix de rester dans le vague au sujet d'une possible intervention militaire en Syrie », confirme Michael Lüders, expert du Proche-Orient et politologue allemand. D'un côté, Angela Merkel évite irriter les Etats-Unis, de l'autre côté elle ne veut pas s'engager dans une guerre syrienne. Cette position hésitante d' « everybody's darling » (ami avec tout le monde), comme le décrit Lüders, s'explique par l'approche des élections législatives.
Certes, le refus allemand de prendre une décision rapide et précise concernant des interventions militaires se fonde aussi sur des raisons historiques, et leçons de la Seconde guerre mondiale. Mais la Chancelière se comporte d'une façon d'autant plus prudente que le scrutin aura lieu le 22 septembre. Afin d'accéder encore une fois au pouvoir dans 15 jours, elle essaie éviter des sujets délicats pour ne pas effrayer ses électeurs.
Les élections passées, les cartes pourraient être de nouveau rebattues. Et il n'est pas impossible que la position allemande change à nouveau concernant la Syrie, en fonction de la coalition qui gouvernera le pays. Contrairement à la France où les citoyens votent soit pour un candidat de gauche soit pour un candidat de droite, soutenu par son parti, la formation du gouvernement allemand est plus complexe. Tout d'abord, les Allemands ne votent pas pour une personne mais pour un parti. Ensuite lorsqu'un parti ne gagne pas la majorité des voix lors des élections, il doit former une coalition.
Après le 22 septembre, si la coalition conservateurs-libéraux démocrates entre la CDU, le parti d'Angela Merkel, et le FDP de Philipp Rösler, était confirmée, il est possible que l'Allemagne s'engage dans un soutien à une intervention militaire en Syrie. « Je ne sais pas ce qui se passerait dans ce cas », dit le politologue Lüders.
Quelle serait l'attitude d'une coalition « rouge-verte », du parti social-démocrate SPD et du parti écologistes Die Grünen, emmené le candidat Peer Steinbrück ? Selon le journal télévisé Tagesschau, non seulement le SPD mais aussi les Verts n'excluent pas tout à fait une opération militaire mais seulement après un examen approfondi des attaques chimiques du 21 août et à condition que l'Organisation des Nations-Unies donne son accord. Impossible, selon Michael Lüders : « l'Allemagne ne participera certainement pas à une guerre en Syrie .»
Seule certitude, une improbable coalition des trois partis du spectre gauche, de la SPD, des Vertes et de Die Linke, le parti du gauche, renforcerait encore la position hostile à une action militaire. Die Linke, sous la conduite de son président Bernd Riexinger, se positionne catégoriquement contre toute intervention militaire dans la politique étrangère allemande. Mais peut-être que la proposition russe de placer l'arsenal chimique du régime syrien sous contrôle international permettra encore une fois à l'Allemagne de se sortir de ce problème.
Marina Strauss