L'ouverture des débats aujourd'hui au Congrès américain (composé du Sénat et de la chambre des Représentants) devrait marquer un tournant dans la gestion du conflit en Syrie. Les parlementaires, tout juste revenus de vacances, doivent discuter d'une éventuelle résolution autorisant une intervention militaire dans le pays de Bachar Al-Assad.
Le recours à la force est une demande du président Barack Obama, en réponse à l'attaque chimique du 21 août qui a visé la banlieue de Damas, la capitale syrienne. Son objectif est de convaincre républicains et démocrates de voter en faveur de cette intervention, alors qu'une enquête CNN/ORC International révèle que 59 % des Américains n'y sont pas favorables.
Pour persuader ses compatriotes, le président américain doit enregistrer aujourd'hui une série de six interviews, qui seront diffusées ce soir heures locales par les grandes chaines de télévisions nationales. Pendant ce temps, les hauts responsables de son administration se rendent au Capitole, dans le but de rallier un maximum d'élus des deux camps à leur cause. Pour les convaincre, Barack Obama promet qu'une éventuelle intervention américaine ne marquera pas le début d'une guerre longue et coûteuse, comme en Irak ou en Afghanistan.
Demain, il prononcera à un discours depuis le bureau ovale à la Maison Blanche, alors que le débat se lancera de manière formelle au Sénat. Dans le même temps, les ministres des affaires étrangères du CCG (Conseil de Coopération du Golfe) se réunissent à Jeddah, en Arabie Saoudite. Ce groupement de six monarchies du Golfe (Arabie Saoudite, Koweït, Emirats Arabes Unis, Qatar, Bahreïn et Oman) appuie une intervention internationale en Syrie. Une source diplomatique du Golfe l'a réaffirmé à l'AFP, en expliquant que « les six pays du CCG soutiennent les mesures internationales prises pour empêcher le régime de commettre de nouvelles pratiques inhumaines. »
Un premier vote du Sénat pourrait intervenir mercredi, alors que pour la chambre des Représentants, les dirigeants républicains prévoient un vote dans les deux semaines à venir.
En France, le président François Hollande a choisi de ne s'exprimer qu'après le vote du Congrès et la publication du rapport des enquêteurs de l'ONU sur l'attaque chimique du 21 août, qu'il attend pour la fin de semaine. Alain Juppé, ancien ministre des affaires étrangères, estime qu'Hollande doit parler aux Français sur ce sujet au plus vite, alors que 56 % d'entre eux estiment qu'une intervention franco-américaine en Syrie ne serait pas justifiée, selon un sondage de LH2 pour Le Nouvel Observateur.
La réponse de Bachar Al-Assad à la demande du président américain, diffusée aujourd'hui la chaine de télévision CBS, est sans appel : Washington doit « s'attendre à tout » en cas de frappe contre le régime syrien. S'il nie avoir ordonné l'emploi d'armes chimiques contre son peuple lors de l'attaque du 21 août, il n'exclue pas d'en utiliser si « les rebelles, des terroristes ou tout autre groupe en possèdent. »
Estelle Choteau