Les images d'une chaîne britannique sur le parti Aube Dorée créent la polémique en Grèce.
Vidéo Channel Four
Ces images sont inquiétantes. Choquantes. La vidéo diffusée mardi par la chaîne de télévision britannique Channel Four suit des membres du parti néonazi grec Aube dorée, avant les élections de juin 2012 : insultes, menaces envers les immigrés... « Ils sont primitifs, des miasmes, des sous-hommes », affirme le candidat Alexandros Plomaritis pendant l'interview. Par ces paroles, c'est la Grèce dans son ensemble qui est de nouveau confrontée aux discours et actes haineux du parti néo-nazi.
« Nous ferons des abats-jours de leurs peaux »
La scène se passe sous un soleil de plomb, dans le quartier athénien d'Aghio Panteléimon, l'un des bastions d'Aube dorée. La caméra suit le candidat à travers les rues athéniennes. Il distribue en toute légalité des tracts sur un marché de plein air mais insulte avec virulence des commerçants qui refusent ses affiches. On le voit ensuite assis à la terrasse d'un café avec ses amis.
Ils bavardent gaiement, évoquant avec un enthousiasme dérangeant le sort à réserver aux immigrés et sympathisants de gauche. « Nous sommes prêts à ouvrir les fours (…) nous en ferons des savons pour laver nos voitures et nos trottoirs (…) nous ferons des abats-jours de leurs peaux (…) nous ferons des perles de leurs dents... » Les interviewés rient aux éclats.
« Ces parasites boivent notre eau, mangent notre nourriture et respirent notre air grec... et ils nous tuent ! », se défend Alexandro Plomaritis.
« Il n'y avait pas de chambres à gaz »
En Grèce, la montée du populisme ne diminue pas. Depuis les élections en mai, la situation des immigrés s'est considérablement dégradée. Le 17 juin 2012, Aube Dorée a obtenu 6,9 % des voix et 18 sièges au Parlement. Contrairement à d'autres partis d'extrême droite, le parti grec affiche clairement ses symboles : croix gammée, tuniques de la Waffen SS, salut nazi.
Le leader d'Aube Dorée, Nikolaos Michaloliakios, a pourtant toujours démenti l'appellation « néo-nazie » de son parti. Il a récemment expliqué que le recours au salut était une référence à l'Organisation nationale de la jeunesse, une organisation fasciste grecque des années 30. La croix gammée serait quant à elle un simple symbole grec traditionnel, appelé le méandre. Le 13 mai, il a publiquement nié l'extermination des juifs par les nazis : « il n'y avait pas de fours, c'était un mensonge (…) il n'y avait pas de chambres à gaz non plus ».
Mathilde Dondeyne