Manifestation de partisans de l'ancien président Mohamed Nasheed, mercredi à Malé. Crédit : Euronews.
Après une nuit de violences, les heurts qui touchent les Maldives se sont propagés à plusieurs atolls et à la deuxième ville de l'archipel. Un mandat d'arrêt a été émis contre Mohamed Nasheed, l'ancien président.
Les Maldives s'enfoncent dans une crise politique. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des affrontements entre la police et des manifestants, partisans du président déchu Mohamed Nasheed, ont embrasé les deux principales îles de cet archipel de l'océan indien. Mardi, le premier Président démocratiquement élu, a démissionné après une mutinerie de policiers et sous la pression des manifestations d'opposants, pro-Mohamed Waheed, le nouveau Président.
Un mandat d'arrêt a été émis par un tribunal pénal des Maldives contre Mohamed Nasheed jeudi. L'ancien Président a accusé son successeur, Mohamed Waheed, de l'avoir évincé du pouvoir par un coup d'Etat. Il indique avoir été forcé à la démission et a déclaré qu'un tribunal avait donné l'ordre de l'arrêter : " Ils ont ordonné de m'arrêter maintenant et ont dit que je serai le premier ancien président à passer le reste de ma vie en prison ", depuis sa résidence familiale de Malé. Mohamed Waheed, a, lui, assuré devoir sa place à un processus constitutionnel légal.
Les violences se propagent hors de la capitale
Pour la première fois depuis le début des heurts, les violences se sont propagées à plusieurs atolls. Après une nuit de violences mercredi, la seconde plus grande ville des Maldives, Addu, est plongée dans le chaos après une intervention militaire. Selon un commissaire de police interrogé par l'AFP, 18 postes de police ont été attaqués sur au moins huit îles et des bâtiments gouvernementaux incendiés par les pro-Nasheed.
" Il n'y a plus ni loi ni ordre. C'est un total effondrement ", a indiqué Abdulla Sodig. Selon le maire de cette ville de 32 000 habitants, la police a l'intention de mener "une opération conjointe avec les forces armées pour contrôler la situation". Il a reproché à la police d'être inexistante alors que les troupes militaires protègent l'aéroport situé sur l'île de Gan, où les touristes étrangers atterrissent. Dans le centre ville de Malé, policiers et pro-Nasheed se sont affrontés mercredi.
Des vidéos amateures postées sur You Tube font état de ces violences. Cette vidéo montre un mouvement de foule dans les rues de Malé mercredi.
Selon certaines informations, non confirmées, il y aurait eu trois morts dans ces affrontements. Reeko Moosa Manik, avocat et président du Maldivian Democratic Party (MDP), parti de l'ancien président, aurait été blessé dans des heurts. Mercredi, un amateur l'a filmé à l'hôpital.
Depuis trois semaines, des manifestations ont lieu dans les rues de Malé, la capitale des Maldives. L'archipel musulman de 330 000 habitants est confronté à une violente crise politique depuis la mi-janvier, date à laquelle le président de le Cour criminelle, Abdullah Mohamed, accusé de corruption, a été arrêté.
Vers un nouveau gouvernement d' "unité nationale"
Mohamed Waheed, ancien chef de l'opposition et nouveau président des Maldives, a indiqué jeudi vouloir lutter contre l' « anarchie » en créant un gouvernement d' « unité nationale ». Il a déjà attribué deux portefeuilles ministériels, ceux de la Défense et de l'Intérieur.
Dans cette vidéo amateure postée mercredi, l'ancien président Mohamed Nasheed est emmené par des policier dans une épicerie de Malé. Une information confirmée par la BBC.
Mohamed Nasheed a été blessé et brièvement hospitalisé après avoir été frappé par la police à indiqué à l'AFP sa cousine.
Sa famille s'est réfugiée au Sri Lanka : « Sa femme et ses deux enfants sont arrivés à Colombo et ont parlé au président (sri lankais) par téléphone », a déclaré Bandula Jayasekera, un porte-parole du chef de l'Etat sri lankais, Mahinda Rajapakse.
Les Etats-Unis interviennent dans la crise politique
Les Etats-Unis ont appelé « au calme ». Ils ont annoncé qu'un responsable de la diplomatie américaine, Robert Blake, devait se rendre samedi aux Maldives pour « s'entretenir » avec toutes les parties.
Anna Benjamin avec AFP.